L'entrée du dollar et le développement
massif du tourisme ont provoqué l'apparition d'une société
à deux vitesses. Ceux qui n'ont pour vivre que leur salaire
en monnaie nationale doivent lutter chaque jour pour subsister
et déployer des trésors d'imagination pour arriver à
faire face aux petites dépenses quotidiennes de la famille. Ceux
qui ont la chance d'avoir de la famille à Miami
ou de travailler pour le touriste et gagner ainsi des dollars peuvent vivre
à leur aise dans la mesure où ils trouvent sur place ce dont
ils ont besoin. Et ce pays qui a fait le rêve d'une société
où chacun se distingue par ce qu'il est et non par ce qu'il a est
en train de creuser un fossé entre ceux
qui ont des dollars et ceux qui n'en ont pas.
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Cette distinction s'étend en premier lieu
au touriste. Il est interdit d'entrer dans un magasin avec un sac - sauf
si vous êtes étranger. Lorsqu'il faut faire la queue, il suffit
d'être étranger pour avoir la priorité. Et dans quel
autre pays interdit-on aux résidents de s'installer dans le hall
d'un hôtel pour attendre un ami étranger? Le Cubain s'est
résigné à cette situation et accepte d'être
privé de la considération qui est accordée à
l'étranger. Pour moi, cela restera toujours une source d'indignation.
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