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 Chico O'Farrill
Un Cubain fou de musiques noires
 
 LE MONDE   04.07.01 | 15h19

L'arrangeur, compositeur et chef d'orchestre cubain, Arturo " Chico" O'Farrill, est mort mercredi 27 juin 2001 des suites d'une affection intestinale. Né à La Havane le 28 octobre 1921, il allait sur ses quatre-vingts ans.

Son fils Arturo Jr, compagnon de route de la bande de Carla Bley, est désormais le chef de l'orchestre Chico O'Farrill. Sa nomination sans prix aux premiers Grammys de la musique latine, pour Carambola (2000), récompensant très symboliquement aussi Heart of a Legend (1999) et Pure Emotion (Milestones/Warner), l'a comblé de joie. Il était de ces musiciens élégamment gominés à qui il suffisait d'être nominé. Son authentique modestie donne un sens plein à une carrière d'arrangeur, d'orchestrateur et de compositeur (y compris dans le registre classique) qui commence aux côtés de Benny Goodman (Undercurrent Blues), se poursuit par l'Afro Cuban Jazz Suite, réalisé à la commande de Norman Granz (1950, avec Charlie Parker en soliste), et va de Count Basie à Carl Tjader en passant par Clark Terry, Dizzy Gillespie (Manteca), Art Farmer (Aztec Suite), Mario Bauza ou Gato Barbieri.

Quincy Jones, comme font les grands (on ne prête qu'aux riches), aura signé pas mal de compositions écrites par Chico O'Farrill. Lequel n'y voyait pas malice, plus heureux à la tête de troupes torrides dans les palaces de Mexico où il séjourne deux ou trois ans. Dans les derniers temps, Wynton Marsalis le convoque comme il avait su recruter Joe Henderson (1995, Trumpet Fantasy). Il participe également à un album de David Bowie (Black Tie White Nose), mais ce n'est pour lui rien d'autre que le métier, qu'il accomplira avec le même cœur pour de petits " jingles"de télévision lucratifs sur la côte Ouest. Il n'était et le disait qu'un Cubain de la bourgeoisie blanche aux études classiques, assez fou des musiques noires pour opérer personnellement un rapprochement, sans atteindre à la gloire de Machito. Peut-être parce que de naître à La Havane de père irlandais et de mère cubaine aux ascendances allemandes crée en vous une étrange complexion qui résume en silence le siècle.

Francis Marmande

Le Monde daté du 5 juillet 2001


 
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