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 Lista de espera (La liste d’attente)
Commmentaire en espagnol
Indice de materias

 

Réalisation : Juan Carlos Tabío
Cuba, 2000
Durée : 1 h. 42
 
  • Emilio, un jeune ingénieur, rejoint la gare routière d’un petit village cubain. Tout le monde est tendu. Le premier car depuis deux jours ne peut prendre qu’une seule personne. Mais qui doit partir en priorité ?
  • Ancien documentariste, Juan Carlos Tabío a écrit quelques belles pages du cinéma cubain avec Tomás Gutiérrez Alea, avec qui il co-réalisa les deux superbes Fresa y chocolate et Guantanamera. Avec Lista de espera, il porte un regard moqueur mais bienveillant sur les dysfonctionnements de la société cubaine. Une comédie attachante, pleine de fantaisie et de chaleur humaine.
(17èmes Reflets du cinéma ibérique et latino-américain à Villeurbanne)

 
Lista de espera, fable cubaine

Une salle d’attente d’une gare routière où des gens attendent un bus qui ne partira jamais… ou presque. Celui qui a déjà voyagé à Cuba et a eu l’occasion d’utiliser les transports en commun ne sera pas étonné que cela puisse faire l’objet d’un scénario de film. C’est ce qu’a fait Juan Carlos Tabío dans sa dernière réalisation Lista de espera. Ce scénario est écrit à partir d’une nouvelle  d’Arturo Arango et, au final, cette fable cubaine fonctionne assez bien. Le huis-clos dans lequel se retrouve tout un panel de personnages à la fois sérieux, drôles, mesquins, débrouillards, collectifs, craintifs, rebelles, individualistes, etc… va permettre à Juan Carlos Tabío de faire naître dans ce groupe une sorte d’utopie créatrice. La solidarité s’instaurera finalement tant bien que mal et on repeindra la gare, on y aménagera même une bibliothèque.
Les acteurs Wladimir Cruz et Jorge Perugorría ne sont pas des inconnus. Ils nous ont émerveillés dans Fresa y chocolate que Juan Carlos Tabío a co-réalisé avec Tomás Gutiérrez Alea en 1993 (il a également co-réalisé en 1995 avec « Titón », Guantanamera).
Certes la fronde est bien moins forte que dans Fresa y chocolate sur l’homosexualité et, même si le film porte un regard moqueur sur la bureaucratie à la cubaine, la fin nous laisse un petit regret. Cette fable aurait pu mérité un autre dénouement. Ce bus qui finalement s’en va sans personne est aussi révélateur d’un dilemme très cubain : avoir envie de partir tout en voulant rester. Cette gare dans laquelle sont bloqués ces voyageurs deviendra même, une fois repeinte, un lieu de convivialité, une sorte de « Ville qui n’existait pas ». L’amour pourra s’y exprimer plus librement, mais peut-être n’est-ce qu’un rêve ! Bref, Lista de espera est un bon moment de détente en nous permettant de nous évader dans un Cuba où décidément l’ironie côtoiera toujours l’utopie et l’espoir.

Michel Dulac

Le cinéma cubain