Lista de espera, fable cubaine
Une salle d’attente d’une gare routière où des gens attendent
un bus qui ne partira jamais… ou presque. Celui qui a déjà
voyagé à Cuba et a eu l’occasion d’utiliser les transports
en commun ne sera pas étonné que cela puisse faire l’objet
d’un scénario de film. C’est ce qu’a fait Juan Carlos Tabío
dans sa dernière réalisation Lista de espera. Ce scénario
est écrit à partir d’une nouvelle d’Arturo Arango
et, au final, cette fable cubaine fonctionne assez bien. Le huis-clos dans
lequel se retrouve tout un panel de personnages à la fois sérieux,
drôles, mesquins, débrouillards, collectifs, craintifs, rebelles,
individualistes, etc… va permettre à Juan Carlos Tabío
de faire naître dans ce groupe une sorte d’utopie créatrice.
La solidarité s’instaurera finalement tant bien que mal et on repeindra
la gare, on y aménagera même une bibliothèque.
Les acteurs Wladimir Cruz et Jorge Perugorría
ne sont pas des inconnus. Ils nous ont émerveillés dans Fresa
y chocolate que Juan Carlos Tabío a co-réalisé
avec Tomás Gutiérrez Alea en 1993 (il a également
co-réalisé en 1995 avec « Titón », Guantanamera).
Certes la fronde est bien moins forte que dans Fresa y chocolate
sur l’homosexualité et, même si le film porte un regard moqueur
sur la bureaucratie à la cubaine, la fin nous laisse un petit regret.
Cette fable aurait pu mérité un autre dénouement.
Ce bus qui finalement s’en va sans personne est aussi révélateur
d’un dilemme très cubain : avoir envie de partir tout en voulant
rester. Cette gare dans laquelle sont bloqués ces voyageurs deviendra
même, une fois repeinte, un lieu de convivialité, une sorte
de « Ville qui n’existait pas ». L’amour pourra s’y exprimer
plus librement, mais peut-être n’est-ce qu’un rêve ! Bref,
Lista de espera est un bon moment de détente en nous permettant
de nous évader dans un Cuba où décidément l’ironie
côtoiera toujours l’utopie et l’espoir.
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