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Le cinéma cubain et le "periodo especial".
Alicia en el pueblo de maravillas
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    Les soixante-deux salles de cinéma qui survivent à La Havane (une ville de plus de deux millions d'habitants) souffrent aujourd'hui de la même décadence physique que la plupart des immeubles de la ville: elles sont, elles aussi, les victimes de la crise économique qui frappe le pays depuis dix ans. Ces salles sont en très mauvais état, dans de vieux édifices sans éclairage extérieur, tandis qu'à l'intérieur la peinture des murs tombe, les sièges sont défoncés, et la projection souffre de la faiblesse de la lumière et de problèmes de son. De plus, le spectateur sait qu'il devra supporter pendant deux heures une chaleur intense si dans la salle la climatisation ne marche pas, en plus des coupures d'électricité qui sont quotidiennes. Sinon, cela peut être une pièce qui lâche et qui n'existe pas sur le marché national. En 1959, après la Révolution, tous les projecteurs nord-américains furent remplacés par d'autres fabriqués dans les "pays socialistes". Depuis la chute du "parrain" soviétique, il faut aller chercher les pièces de rechange en Hongrie, en Ouzbékistan, sans même être sûr de pouvoir les y trouver.
     Dans le reste du pays, la situation est encore plus dramatique car les salles sont dirigées par les municipalités, lesquelles accordent, évidemment, la priorité à l'entretien des hôpitaux et des écoles.

    Une autre particularité de Cuba est qu'on y trouve une offre de films réduite. Les films programmés sont des copies projetées au Festival de La Havane, des dons de différents pays ou la réalisation de la production nationale réduite. Les films de Hollywood ne sont pas programmés car l'embargo économique des USA à Cuba empêche tout échange commercial, même l'exportation de films produits aux USA. Nonobstant, certains réalisateurs nord-américains "amis" donnent des copies de leurs oeuvres. C'est par contre la télé ou le réseau vidéo qui prennent le relais pour programmer les derniers succès de Hollywood, grâce au piratage des canaux satellites nord-américains. Les vidéoclubs, officiels ou "particuliers" (des gens qui, chez eux, proposent tout un choix de vidéos piratées), proposent aussi une offre importante de cinéma "interdit".

    Malgré tous les obstacles, les bons films ont à Cuba des milliers de spectateurs patients qui font des queues immenses devant les cinémas, d'autant plus que le prix de la place est de un peso (trente centimes). Et même si les autorités culturelles admettent que la passion de la population pour le cinéma a un peu baissé depuis 1990 (à partir du "período especial"), les Cubains sont encore non seulement de grands cinéphiles, mais aussi des spectateurs bien informés avec un grand sens critique.

    En ce qui concerne la production cinématographique, elles s'est aussi affaiblie en quantité mais non en qualité, pendant les années 90. L'ICAIC (Institut Cinématographique Cubain) doit faire face au besoin d'autofinancement et rechercher des coproductions (elles ont augmenté considérablement). Par exemple, "La vida es silbar" est le seul film cent pour cent cubain fait en 1998, donc presque un miracle. "Je me sens très privilégié d'avoir pu tourner ce film", explique Fernando Pérez, "mais à mon avis il y a quelque chose de très encourageant : c'est le fait que malgré la crise et les problèmes que traverse le pays depuis 1990, l'industrie cinématographique a réussi à survivre". Effectivement, malgré les problèmes économiques, le cinéma cubain qui parvient à être produit se caractérise par une grande qualité. Ce n'est sûrement pas pour rien que dans l'île se trouve une des écoles de cinéma les plus réputées du monde entier.

Nuria Pastor Martínez

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