Cuba : violations des droits de l'homme Janvier 1998-Mars 1999 |
Ce rapport sur la violation des droits de l’Homme à Cuba a été rédigé par les membres de l’Association Européenne Cuba Libre dont les objectifs sont la défense des Droits de l’Homme et la transition pacifique à la Démocratie du dernier pays occidental soumis à un régime totalitaire. Ce rapport a été élaboré grâce à trois types de sources : les contacts avec les dissidents cubains, la lecture de la presse officielle et indépendante, et différents ouvrages publiés sur Cuba. Le dossier est divisé en deux parties : - La première partie, "la répression directe" analyse les actes répressifs commis par le régime cubain entre le voyage du Pape Jean Paul II à Cuba fin Janvier 1998 et le jugement rendu contre les 4 dissidents connus sous le nom du "Groupe de Travail de la Dissidence Interne" et l’adoption de nouvelles mesures répressives par le régime cubain à mi mars 1999. - La seconde partie analyse les éléments les plus répressifs du système et est intitulée "la répression indirecte". Elle illustre trois moyens de contrôle de la population : l’éducation, la religion et l’économie. Elle se termine par une section sur les droits des travailleurs et la répression des syndicats indépendants.
INTRODUCTION Cuba est depuis l’arrivée de Fidel Castro au pouvoir en 1959 un pays totalitaire. Tous les aspects de la vie du citoyen sont contrôlés de sa naissance à sa mort par l’Etat. Fidel Castro est à la fois chef de l’Etat, chef du gouvernement, Premier Secrétaire du Parti Communiste et Commandant en Chef des Forces Armées. A travers du Parti Communiste "Force supérieure dirigeant la société et l’Etat", il contrôle les "organisations de masse" qui "encadrent" la population, l’économie, le syndicat unique, la presse et toutes les organisations qui constituent habituellement la société civile. Le pouvoir législatif est incarné par l’Assemblée Nationale du Pouvoir Populaire. Il est réduit au rôle d’une simple chambre d’enregistrement. Les députés, élus pour 5 ans ne se réunissent que deux fois par an. Ils sont élus au scrutin secret, mais en pratique, seuls les candidats choisis par les commissions électorales (constituées de membres du Parti et des organisations de masse) peuvent se présenter. Les opposants n’ont aucun droit. Les taux d’élection avoisinent toujours les 95-98%. Le pouvoir judiciaire est lui aussi placé totalement sous le contrôle du Parti Communiste. Le Ministère de l’Intérieur est à travers du Département de la Sécurité de l’Etat, le principal organe de contrôle et de répression. Il est dirigé par le frère cadet de Fidel Castro, Raúl Castro qui est aussi le deuxième Secrétaire Général du Parti Communiste et le Ministre des Forces Armées. A travers du Ministère de l’Intérieur sont dirigés la Police Nationale Révolutionnaire, les gardes frontières et la police politique dont le quartier général est le tristement célèbre "Villa Marista" ou "loubianka cubaine" par référence à l’organisation inspirée des méthodes du KGB. Le territoire cubain est ainsi quadrillé au niveau du pâté de maison par les Comités de Défense de la Révolution lui même sous le contrôle d’agents du Ministère de l’Intérieur. Parallèlement les "Brigades de Réponse Rapide", le "Système Unique de Vigilance", et la milice sont des organisations civico-militaires dont les membres sont répartis entre les centres de travail, les écoles et les lieux de résidence afin de réagir rapidement en cas de réunion défavorable au régime. 2) 1998 OU L’ANNEE DU "LEURRE DE L’OUVERTURE" L’année 1998 aura commencé avec une vague d’espoir quant à la libéralisation du régime. Fin janvier, la visite du Pape aura permis un développement d’activités indépendantes du régime et du cadre stricte du Parti Communiste comme jamais depuis 1959. Un an plus tard, au début du mois de février 1999, alors que se tient à la Havane une réunion des évêques latino-américains, Fidel Castro fait adopter par son parlement une série de lois renforçant son code pénal. Parmi les mesures, des lois prévoient désormais jusqu’à 20 ans de prison pour les dissidents et l’élargissement de la peine de mort pour les trafiquants de drogue. Pendant l’année 98, malgré les déclarations optimistes d’une certaine partie de la presse européenne, et les nombreuses victoires diplomatiques du régime castriste dues à une propagande savamment menée et à des promesses, jamais la pression n’aura été levée. Tout au long de l’année, de nombreux ouvrages religieux seront confisqués dès leur arrivée sur le sol cubain. Début janvier 99 ils seront brûlés. Les antennes de télévision, pourtant vendues en Dollar, dans les "Tiendas de Recuperación de Divisas", les boutiques de récupération de devises, seront interdites sous peine de lourdes amendes (1500 Pesos pour un salaire moyen d’environ 200 Pesos, ou 60 Francs). Ainsi, comme l’établit notre "Liste non exhaustive des actes répressifs", jamais il n’aura été question pendant l’année 98 de la part des autorités cubaines de libéraliser le régime et de permettre à Cuba de s’ouvrir au monde. La "chape de plomb" n’aura jamais cessé de peser sur tous ceux qui se permettent d’exprimer ouvertement leur mécontentement quant à une crise économique et sociale profonde et durable. A la veille de l’arrivée de Jean Paul II, la venue de milliers de journalistes aura été attendue comme une opportunité de témoigner au monde de ce qu’est la réalité cubaine. Les caméras du monde entier auront pu filmer une certaine réalité cubaine. Dès le début du mois de décembre 1997, les autorités vont développer une stratégie répressive mêlant l’incarcération, la menace de longues peines de prison et la confiscation des papiers d’identité, empêchant ainsi de nombreux dissidents de sortir de chez eux. Pendant la visite, la police politique va employer la force avec subtilité, déguisant ses agents en croyants et les envoyant surveiller les messes. Le Nuevo Herald et El Diario Las Americas de Miami publieront des photos de l’arrestation de manifestants par des policiers déguisés en infirmiers de la Croix Rouge, embarquant leurs victimes dans des ambulances… Les paroles prononcées par Jean Paul II en faveur du respect des libertés ne seront pas retransmises hors du directe. La presse officielle ne fera que diffuser les paroles que le Pape prononcera contre l’embargo et contre le capitalisme aveugle. Pendant l’année 1998, la répression va provisoirement changer de stratégie. Le nombre des incarcérations va être sensiblement diminué jusqu’au mois de septembre. A partir de cette date, une offensive va être lancée et la répression va se renforcer. Une multiplication des détentions peut être actuellement observée. Fin février, quelques 90 prisonniers de conscience, souvent en fin de peine, vont bénéficier d’une mesure de libération anticipée. Certains devront quitter la prison pour partir directement en exil (dont un groupe de 17 détenus au Canada); les autres devront s’engager à ne commettre aucun acte, à n’effectuer aucune activité hostile ou critique au système . En mars 1999, certains sont partis en exil, d’autres sont retournés en prison. Mais au moment même de la libération, en mars 1998, une soixantaine de personnes étaient sous les verrous, en attente d’un jugement motivé par des raisons politiques. Dès la libération des premiers prisonniers de conscience, le 16 février 1998, le Ministre des Affaires Etrangères, Roberto Robaina fixera très clairement les "limites de l’ouverture". Il précise que les prisonniers politiques libérés suite à la demande du Pape "ont un espace que nous devons tous avoir pour construire un pays, participer à sa vie mais qu’il n’y aura pas d’espace pour s’unir à ceux qui, de l’extérieur, veulent détruire Cuba". Robaina explique que "cette mesure de grâce n’a pas été prise pour stimuler la dissidence interne". Pour le régime, l’ouverture ne peut être qu’économique et limitée aux entreprises étrangères. Il n’est pas question de démocratisation. Le 11 novembre 1998, Fidel Castro déclare : " nous n’avons pas de prisonniers politiques, nous avons des prisonniers contre-révolutionnaires". "Les prisonniers politiques sont ceux qui ont été sanctionnés pour avoir mené des activités en faveur du progrès de l’humanité et en faveur de la Révolution". "Ceux qui luttent contre le progrès de l’humanité ne méritent pas ce qualificatif. Et pour moi, ceux qui luttent pour l’empire (nord-américain) et pour ses idées ne sont pas des prisonniers politiques". La politique répressive du régime va continuer à s’inscrire dans le même cadre juridique. L’orientation choisie depuis la fin des année 80 est entièrement maintenue. Le dénigrement, la menace, la fouille, la détention pour de courts séjours, mais dans des conditions particulièrement difficiles, remplacent de plus en plus les condamnations à de longues peines. L’exil, se maintient toujours aussi utilisé en tant que sanction. La continuité de l’effondrement économique et de la dégradation du niveau de vie de la population d’un côté, la pression, bien qu’encore insuffisante de l’opinion publique et de la presse internationale mettent le gouvernement cubain dans une situation de plus en plus difficile. Selon les rapports de la presse indépendante, le nombre de pancartes et d’inscriptions apparaissant sur les murs de tout le pays semble en nette augmentation. La population commence à réagir ouvertement à certaines interventions policières. Comme vous pourrez le lire dans la "Liste non exhaustive des violations des Droits de l’Homme à Cuba", l’année 1998, aura été marquée par la détention de dizaines de personnes. Elles auront toutes fait l’objet de menaces de poursuites judiciaires, de pressions pour cesser leur action en faveur du changement vers la Démocratie, ou de quitter le pays pour l’exil. A quelques rares exceptions, même pendant des détentions de courte durée dans des unités de police, tous les dissidents arrêtés sont insultés et souvent frappés. Au mois de juillet, un citoyen suspecté de sacrifice illégal de bovin, Reinery Marrero Toledo, est mort après avoir été passé à tabac dans une unité de police. Les agents ont maquillé l’assassinat en suicide. Jusqu’à ce jour, les menaces d’internement et d’exécution se sont proportionnellement peu matérialisées. Les nouvelles lois durcissant le code pénal risquent de provoquer une avalanche de condamnations. Néanmoins, quelques détracteurs du gouvernement ont été emprisonnés et quelques centaines restent enfermés pour des raisons politiques. Leur situation est extrêmement préoccupante. Aucune organisation internationale pour les Droits de l’Homme n’a été admise à Cuba, et encore moins dans les prisons. Sous prétexte qu’il se réclame du socialisme et qu’il tient un discours humaniste, le gouvernement cubain, et Fidel Castro en particulier, continuent à bénéficier d’une tolérance inquiétante, et ce en dépit d’un bilan catastrophique et inacceptable. La plupart des prisonniers politiques ont été condamnés pour des délits d’opinion comme les "atteintes à la sûreté de l’Etat", la "propagande ennemie", "l’outrage", la "diffamation", la "désobéissance" ou la "rébellion". Dans certains cas, les preuves ont été fabriquées ou inventées par la Sécurité de l’Etat. Leurs procès n’ont évidemment pas respecté les normes du droit international. Le choix de l’avocat est limité. Celui-ci a en général accès très tard aux dossiers, souvent le délai, inférieur à 48 heures, ne lui permet pas de préparer convenablement sa plaidoirie. Pendant la détention préventive, le suspect n’a presque jamais la possibilité de consulter un avocat. Raúl Rivero, journaliste indépendant, Président de l’agence Cubapress, et représentant à Cuba de la Société Interaméricaine de Presse (SIP) résume clairement la situation, après que le gouvernement lui ait refusé l’autorisation de se rendre, pour une visite privée en Espagne : "Le gouvernement de Cuba vient de me refuser l’autorisation de voyager en Espagne pour une visite privée […]. Des dizaines de mes compatriotes s’entassent dans les prisons et les cellules de punition, et des milliers vivent un exil insolite […]. Six mois après le voyage de Sa Sainteté Jean-Paul II, on n’a pas ouvert de nouvelles procédures judiciaires contre les opposants politiques, ni contre les journalistes indépendants. La police, "chimiquement pure", est passée au sous-sol ou au dernier étage pour s’occuper de ceux qui résistent. Ces nouvelles étoiles de la colère, dans l’esprit d’un système qui aime la collectivisation, sont disséminées dans le Système Unique de Vigilance et de Protection, un mécanisme paramilitaire contrôlé et dirigé par le Ministère de l’Intérieur. Ici se réunissent les champions de l’indignation populaire, les avant-gardes de la réponse rapide, le plus sophistiqué et efficace de la classe ouvrière, pour persécuter celui qui tue un boeuf ou qui a une idée discordante. Oui, il y a des changements. Depuis quelques mois on n’arrête plus les opposants et les journalistes en pleine rue, pour leur confisquer une machine à écrire ou quelques papiers. On forme des cercles pour les isoler, on fait pression sur les voisins, on organise une sorte de Ministère Informel de la Peur pour que ces "trouble-fête", ces fous s’en aillent puisqu’ils ne veulent pas comprendre qu’après 40 ans de socialisme, Cuba est un " paradis terrestre ". Alors que la communauté internationale célèbre le cinquantième anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, le gouvernement cubain va entreprendre une offensive contre les opposants. Arrestations préventives, assignations à domicile, arrestations le jour même, passages à tabac et insultes seront au rendez-vous pour des dizaines de dissidents pacifiques. Seul reste, début janvier 1999 Lazaro Duran Constantin, 39 ans, qui a été durement passé à tabac devant les caméras de la presse internationale et qui sera condamné à 4 ans de détention pour "dangerosité". Une jeune femme aveugle a été frappée par des agents de police alors qu’elle était détenue à la station de police de La María Luisa, à San Miguel del Padrón, près de La Havane. "Elle porte une grande trace de coup à la pommette gauche et un oeil au beurre noir". Elle a été enfermée dans un hôpital psychiatrique et soumise à des tortures psychologiques. Dans toutes les grandes villes du pays, de nombreux opposants sont arrêtés, menacés, et relâchés. Pour clore l’année 1998, le gouvernement cubain procède, le 29 décembre, à l’arrestation du journaliste indépendant, Jésus Labrador Arias, 42 ans, correspondant de l’agence Cubapress à Manzanillo. Surveillé par la police politique, le journaliste avait été victime plusieurs fois de jets de pierres contre son domicile. Il sera libéré quelques jours plus tard. Les premiers mois de 1999 seront marqués par de nouvelles condamnations, dont celle des 4 membres du "Groupe de Travail de la Dissidence Interne". Le 14 Mars, Vladimiro Roca Antunez sera condamné à 5 ans de prison, Felix Bonné Carcassé et René Gomez Manzano à 4 ans de prison, et Marta Beatriz Roque Cabello à 3 ans et demi, et ce pour le simple fait d’avoir exprimé leur désaccord avec le gouvernement et la ligne du Parti unique. Plus grave, l’adoption sur initiative de Fidel Castro, par le parlement cubain de la "ley de Protección de la Independencia Nacional y la Economía de Cuba", la loi de protection de l’indépendance nationale et de l’économie de Cuba, augmente les peines prévues pour encore plus réprimer la dissidence et la presse indépendante. Publiée le 14 mars 1999, avec des mesures durcissant encore un des codes pénaux les plus strictes, elle va ouvrir la voie à de nombreux actes répressifs contre ceux qui ne font qu’exiger le respect de leurs libertés fondamentales à s’exprimer, se réunir et se déplacer. 3) LA RHETORIQUE TOTALITAIRE RESTE IMMUABLE En ce mois de mars 1999, l’analyse des principaux aspects de la rhétorique gouvernementale cubaine peut être résumée aux postulats suivants :
Avec cette rhétorique, les quelques espaces de liberté qui s’étaient ouverts avec l’autorisation de professions indépendantes et de la possession de devises étrangères, ont déjà été fermés. Seule survit une économie informelle qui a pour conséquence le développement de la délinquance. Castro a en effet pu percevoir que cette "ouverture économique" entraînait une perte de contrôle dans certains milieux. Les artisans, les intermédiaires agricoles, les paysans, les revendeurs de produits alimentaires, de boissons, de souvenirs pour les touristes, les homosexuels ayant monté des bars, les restaurants chez l’habitant, les prostituées et les chauffeurs de taxi indépendants seront ainsi victimes de contrôles, d’incarcérations et d’amendes dissuasives afin qu’ils cessent d’exercer leurs activités en "indépendants". Au mois d’octobre 98, certaines discothèques sont fermées, d’autres voient leur accès totalement interdit aux Cubains. Dans la rhétorique gouvernementale l’autocritique est rare. Les échecs économiques sont expliqués par le "blocus" américain ou par les intempéries climatiques. Le simple fait que des milliers de Cubains tentent d’émigrer vers la Havane est critiqué, condamné et réprimé. Le régime se refuse à prendre en compte la réalité de conditions de vie extrêmement difficiles et la volonté naturelle de l’individu à vouloir améliorer ses moyens de subsistance. La seule émigration encouragée est celle des volontaires pour la construction ou la police. Tout ce qui est considéré par la communauté internationale comme une ouverture (tourisme, dollars de l’exil, travail à compte propre, libre possession de devises) est traité en tant que "vice". Les mesures d’ "ouverture" devront être éliminées lorsque la situation interne le permettra. Fidel Castro réaffirme le 11 décembre devant le congrès de l’Union des Jeunes Communistes (Ujotacé) que les "idées (communistes) sont des armes et des munitions, dont doivent être munis les cadres du Parti pour livrer bataille". Le premier secrétaire de la Ujotacé garanti "l’inconditionnalité" des jeunes, adolescents et enfants du pays. Il déclare ensuite que "le policier est un héros anonyme", ce à quoi les jeunes délégués de l’Ujotacé répondent qu’ils doivent tous être des policiers. Sur ce ils sortent de la salle de réunion pour aller casser la figure de dissidents rassemblés pour célébrer le cinquantième anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. En février et en mars 1999, une vaste campagne est lancée contre la dissidence. Le journal officiel Granma traite, entre autres noms, les dissidents de "faibles", de "traîtres", et de "mercenaires". "Ce sont les compatriotes, les plus faibles idéologiquement, et les moins capables de résister aux rigueurs d’une lutte aussi héroïques"… "4 apatrides pour leur action contre révolutionnaire chaque fois plus honteuse, en contacte étroit avec des fonctionnaires du gouvernement des Etats-Unis et la mafia contre-révolutionnaire de Miami."! Le 18 février 1999, Tubal Páez, Président de l’officielle Unión de Periodistas de Cuba (UPEC) - Union des Journalistes de Cuba - qualifie les journalistes indépendants d’ "agents annexionnistes, mercenaires qui offrent un service antipatriotique et qui, dans leur immense majorité, ne sont pas des journalistes." Lors d’une intervention à l’Assemblée Nationale du Pouvoir Populaire, il déclare que le journalisme indépendant est une attitude répugnante qui a créé un mode de vie basé sur les mensonges et les calomnies." "Ils ne sont pas indépendants, ce sont des mercenaires que l’on paie, à qui on conseille, on organise et on ordonne leurs actions contre le peuple et qui en plus agissent en marge des régulations qui existent dans le pays". Il ajoute que la loi (qui prévoit 20 ans de prison contre les indépendants) sera "utile et exemplaire"… En tant qu’observateurs engagés dans le combat pour le rétablissement des libertés fondamentales à Cuba, nous ne pouvons qu’appeler la communauté internationale à venir en aide à un peuple dont le gouvernement démontre chaque jour son désir unique de se maintenir au pouvoir, et ce , quelque soit le prix pour la population. A moins que la communauté internationale ne réagisse très fermement, Cuba risque de devenir le théâtre d’événements tragiques. PREMIERE PARTIE : LA REPRESSION DIRECTE A) SYSTEME JUDICIAIRE ET CONDAMNATIONS Bien que la Constitution prévoit des tribunaux indépendants, elle subordonne explicitement la justice à la volonté de l’Assemblée Nationale du Pouvoir Populaire et du Conseil d’Etat, deux corps dirigés par Fidel Castro. Les juges sont choisis sur des critères politiques et n’ont aucun moyen d’être indépendants. La subordination de la justice au Parti Communiste, qui est, selon la Constitution "la force supérieure dirigeante de la société et de l’Etat", renforce encore la dépendance du pouvoir judiciaire au pouvoir politique. La plupart des procès, surtout pour motif politique sont donc privés des critères d’impartialité. La procédure elle même donne lieu à des jugements bâclés, rapides et sans aucune garantie de sérieux. Les prévenus n’ont accès à leur avocat que très peu de temps avant leur procès et la procédure, même dans les cas les plus graves, dure souvent moins d’une journée. Le témoignage de membres du Comité de Défense de la Révolution, présents au niveau du pâté de maison, est souvent requis afin de déterminer "l’intégration révolutionnaire" de l’accusé. Ce critère est évidemment fondamental pour la durée de la peine. La loi cubaine reconnaît le droit à faire appel du jugement de première instance. Les critères pris en considération pour l’élaboration des preuves sont souvent basés sur les confessions du prévenu, confessions souvent obtenues par l’exercice de la torture psychologique. Tous les Cubains, et ils sont des dizaines de milliers, à être passés par le tristement célèbre centre de Villa Marista, surnommée "la Loubianka cubaine", dénoncent les mauvais traitements dont ils ont fait l’objet : privation de sommeil, utilisation de drogues, alternance du chaud et du froid, perte de la notion du temps etc… De nombreux dissidents ont raconté qu’ils n’avaient eu droit ni à l’assistance d’un avocat ni même la possibilité de s’exprimer face à leur juge. Le contrôle exercé par l’appareil d’Etat sur les avocats limite aussi leur capacité à défendre leur client. Les prisonniers libérés racontent souvent que leur avocat avait plaidé contre eux ! Tout au long de l’année, le système judiciaire cubain a condamné, souvent de façon arbitraire et en totale violation des articles 9, 12, 13, 19 et 20 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, des opposants pacifiques, partisans de l’évolution du régime vers l’institutionnalisation du respect des Droits de l’Homme. Le 13 février 1998, Cecilio Monteagudo Sanchez, délégué du Parti Solidarité Démocratique, est condamné à 4 ans de prison pour "propagande ennemie". La police l’avait arrêté le 15 septembre 1997 parce qu’il avait rédigé des pamphlets demandant l’abstention aux élections qui allaient avoir lieu en janvier. Le même tribunal condamne à un an de travail correctionnel sans internement le journaliste Juan Carlos Recio Martinez, de l’agence Cubapress pour ne pas avoir dénoncé Mr. Monteagudo Sanchez. Au mois de mars, une cour de Cienfuegos condamne 5 membres du Parti Pro Derechos Humanos en Cuba (le Parti pour les Droits de l’Homme) Israel Garcia Hidalgo, Benito Fojaca Iser, Angel Nicolas Gonzalo, Jose Ramon Lopez Filgueira, et Reynaldo Sardinas Delgado pour le délit "d’autres actes contre la Sécurité de l’Etat". Messieurs Garcia et Fojaca sont tous les deux condamnés à 2 ans de prison, Filgueira à 1 an, et Gonzalo et Sardinas à 1 année dans un "camp de travail". Le 24 avril, Julio César Coizeau Rico, membre de l’organisation Ex-Club (association d’anciens prisonniers) est condamné à 3 ans de prison pour "outrage". Il avait collé une vingtaine de pamphlets anti-gouvernementaux. Le 28 août, un tribunal condamne Reynaldo Alfaro Garcia Vice-Président de la "Asociacion para la Lucha Frente a la Injusticia Nacional", ALFIN, (Association Pour La Lutte Contre l’Injustice Nationale) et membre du Parti Solidarité Démocratique à 3 ans de prison. Le motif : "diffusion de fausses nouvelles". Il avait été arrêté le 8 mai 1997 après avoir demandé la libération des prisonniers politiques et l’arrêt des passages à tabac et autres mauvais traitements dans les prisons. Fin septembre, le procureur de la Havane accuse de "sédition" les 4 membres du "Groupe de Travail de la Dissidence Interne". Martha Beatriz Roque Cabello, Présidente de l’Association des Economiste Indépendants de Cuba, Vladimiro Roca Antunez, économiste, ancien pilote de chasse et Président du Parti Social Démocrate, le professeur Félix Antonio Bonné Carcassé et l’avocat René Gomez Manzano sont condamnés à des peines allant de 3 ans et demi à 5 ans. Fin décembre, Lazaro Constantin Duran est condamné à 4 ans pour s’être rendu au parc de Butari, distribué la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et crié "vive les Droits de l’Homme". Le 22 janvier 1999. à Pinar del Río, Junior Manuel Sayas Mena, 20 ans, membre de l’Alliance Sanjuanera, est condamné à 2 ans de prison pour des supposés délits de "attentat", "outrage" et "résistance". Mr. Sayas Mena, originaire de la municipalité de San Juan y Martínez, a été jugé dans la cause 153/1998 après avoir été détenu 5 jours dans les cachots de l’unité de police de cette ville. L’officier de police Alexis Fernández connu localement pour sa brutalité et ses abus de pouvoir, a arrêté le condamné en pleine rue parcequ’il "agressait les touristes". Le père de Junior, Manuel Sayas Galá, est un opposant connu et un collaborateur régulier de l’agence Cuba Press. Le 3 février 1999, le tribunal municipal du quartier El Cerro, à La Havane condamne le dissident Abel Sigfredo Martínez Armenteros, 30 ans, membre du Parti du 30 Novembre, à 6 mois de "travail correctionnel sans internement" pour un délit d’ "outrage". Mr. Martinez Armenteros avait été victime d’un accident causé par un membre du Parti Communiste puis passé à tabac. Pendant le procès il avait été clairement établi que le dissident était la victime! A Manzanillo, le 9 février 1999, Guillén Maceo, 34 ans, est arrêté pour "dangerosité" et "réunion avec des éléments antisociaux". Sa maison est fouillée par 7 membres de la Sécurité de l’Etat, qui ne possèdent aucun papier officiel. Il est aussitôt condamné à 4 ans de prison. Ces condamnations ne sont que les plus visibles. La frontière entre le droit commun et le délit politique est extrêmement mince. B) ATTEINTES AUX DROITS DE REUNION ET D’ASSOCIATION. Bien que la Constitution reconnaisse aux Cubains les droits de se réunir et de s’associer, ces droits sont soumis à la vaste contrainte que ces réunions ne soient pas exercées à l’encontre de l’existence et des objectifs de l’Etat Socialiste. La Loi cubaine punit les participants d’une réunion illicite, c’est-à-dire non expressément autorisée, et cela inclut les réunions religieuses, à 3 mois de prison et à une amende. En d’autres termes SI PLUS DE TROIS PERSONNES SE REUNISSENT SANS AUTORISATION EXPLICITE, LES PARTICIPANTS RISQUENT 3 MOIS DE PRISON ET UNE AMENDE. En pratique, la loi est appliquée d’une façon très irrégulière et est le plus souvent utilisée pour réprimer les activistes pour les Droits de l’Homme et surtout interdire toute manifestation. En mai 1998, la première réunion de membres de coopératives de paysans indépendants sera interdite bien que les dirigeants officiels y aient été invités. Des brigades de réponse rapide seront envoyées. Les participants se verront interdire l’accès au village de Loma del Gato près de Santiago de Cuba, dans l’Est de l’île. Le 8 février 1999, une dizaine de membres de la Ligue Civique Martienne (De José Marti, le héros de l’Indépendance) sera détenue pour avoir cherché à célébrer l’assassinat des 4 pilotes de l’organisation "Hermanos al Rescate", Frères du Secours, dont les avions avaient été abattus par des avions militaires cubains dans l’espace aérien international, le 24 février 1996. Le 27 novembre 1998, une centaine de membres des Brigades de Réponse Rapide et de la Police Nationale Révolutionnaire provoquent, tabassent et détiennent les activistes rassemblés face au tribunal provincial de La Havane pour aider le journaliste Mario Viera qui doit alors être jugé. Le 10 décembre 1998, une douzaine d’activistes sont détenus un peu partout dans le pays afin de prévenir toute célébration de l’anniversaire de la proclamation de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. De nombreux dissidents recoivent la visite de membres de la police politique et sont menacés. L’organisateur d’un acte prévoyant la lecture de la Déclaration, le docteur Oscar Elias Biscet, sera détenu plusieurs fois de manière préventive et menacé d’une longue peine. Le 10 décembre, des membres des jeunesses communistes sont acheminés sur la place où devait avoir lieu la lecture. Un activiste, Lazaro Constantin Duran sera tabassé face aux caméras étrangères puis arrêté et condamné à 4 ans de prison. Un journaliste étranger sera lui aussi maltraité. Aucun groupe de Défense des Droits de l’Homme, et encore moins les partis politiques s’opposant au régime ne sont reconnus officiellement. L’Eglise catholique et son organisation humanitaire, Caritas, certaines loges maçonniques, sont les seules organisations reconnues qui soient indépendantes du Parti Communiste. Comme dans le cas du droit de réunion, les activistes peuvent être sanctionnés pour "association illicite". C) HARCELEMENT, INTIMIDATION, ET TRAITEMENTS DEGRADANTS Les arrestations arbitraires sont innombrables. Le code de procédure pénale exige que la police établisse formellement des charges contre un suspect et le relâche sous 96 heures à moins qu’un juge d’instruction n’ait rédigé une demande de maintient en détention. Le code requiert aussi que le suspect ait accès à un avocat sous 7 jours. Néanmoins, la Constitution établit que toutes les libertés civiles peuvent être supprimées à ceux qui s’opposent "à la décision du peuple cubain de construire le socialisme". Les autorités se servent de cette provision pour mettre tout opposant à leur totale disposition, sans la moindre protection juridique. Afin d’éviter les confrontations et les emprisonnements, les Cubains se tournent vers la création d’organisations civiles non gouvernementales. Ces organisations peuvent être sportives, scientifiques, artistiques, religieuses ou humanitaires. Ces activistes connaissent exactement le même sort que les opposants les plus militants. Les méthodes sont devenues classiques : intervention des brigades d’intervention rapides, groupes de "bons citoyens en colère" qui sont en réalité des policiers habillés en civil, qui débarquent chez les dissidents afin de les passer à tabac, les accusant d’être des "contre-révolutionnaires", des "agents ennemis" et de la "vermine" travaillant pour la CIA. Leurs interventions se traduisent en général par la peinture d’insultes sur la devanture de la maison du "traître". A La Havane, des membres du Collège des Pédagogues de Cuba sont victimes de ce genre de réunion. Les responsables des organisations de masse vont jusqu’à mobiliser des enfants afin de faire traiter des dissidents de "gusanos", de "vermine". Des inconnus lancent des pierres sur la maison des dissidents. Ceux-ci sont suivis dans la rue et parfois insultés. Cela rappelle étrangement l’Allemagne des années trente. Ces interventions donnent lieu au dépôt d’une plainte à l’unité de police. La police n’intervient en général que pour emprisonner la victime accusée d’avoir troublé l’ordre publique. Elle arrête le dissident ou le renvoi à son domicile après l’avoir injurié. Parfois, la victime reçoit une amende pour "trouble de l’ordre publique". Un autre moyen de répression et d’intimidation est l’envoi de membres de ces brigades contre les dissidents. Leur intervention se traduit soit par des agressions dans la rue par des inconnus, soit par des vexations et des insultes infligées en publique. La victime n’a qu’à réagir afin de se faire embarquer pour avoir "troublé l’ordre publique". Les dissidents sont en général renvoyés de leur travail et voient leurs familles insultées et menacées. Les coups de fil anonymes sont fréquents quand le téléphone n’est pas coupé. Ces actes de répudiation (actos de repudio) sont la face la plus visible du système de répression et contribuent de façon très efficace à l’atmosphère de peur et d’intimidation. Quand un dissident commence à remuer un peu trop, tout est mis en oeuvre pour le pousser à quitter le pays. Logiquement, beaucoup passent de l’étonnement à l’hostilité, voire la haine. Les dissidents expulsés récemment sont particulièrement confiants dans un changement proche et manifestent leurs craintes d’une vague de violence. Voici quelques exemples d’actes de répression commis entre 1998 et 1999 et dénoncés par l’Association Européenne Cuba Libre : - A Caibarien, entre août et septembre 98, une douzaine de dissidents pacifiques ont été détenus interrogés et menacés. - A La Havane, un journaliste indépendant Efrén Martinez Pulgaron dont la maison s’est effondrée, est harcelé par la Sécurité de l’Etat (SE). A chaque fois qu’il est logé par des amis, des membres de la SE interviennent afin qu’il soit expulsé. - A Villa Clara, deux dirigeants de l’opposition pacifique, Lazaro Garcia Cernuda, 35 ans, Secrétaire Général du Parti Pour les Droits de l’Homme affiliée à la Fondation Andrei Sakharov et Julio Santos Gonzalez, 50 ans, représentant de ce parti dans la ville de Sagua la Grande (sur la côte Nord de l’île) ont été arrêtés pour "tentative de sortie illégale du pays". L’arrestation a eu lieu le samedi 3 octobre 1998 en début d’après midi. L’officier Yuri de la SE avait exprimé à l’épouse de Mr. Santos qu’il lui rendrait impossible son départ pour les Etats-Unis bien que le couple ait gagné par tirage au sort un visa de sortie. L’officier, selon Mme Santos, avait même menacé le couple de "leur inventer une cause non politique" afin de les jeter en prison. - La journaliste indépendante Maria de Los Angeles Gonzalez Amaros, convoquée par la Direction de l’Emigration, s’est vue notifier le désir des autorités à la voir s’exiler. Selon l’officier de la SE qui l’a reçue, "le Ministère de l’Intérieur veut éviter d’avoir à prendre des mesures sévères contre elle et sa famille"…Les journalistes Jorge Luis Arce Cabrera, Ana Luisa Lopez Baeza, Pascual Escalona, le premier prisonnier politique Cubain libéré après la visite du Pape, devront quitter le territoire définitivement. - Mr. Arce Cabrera et Mme Lopez Baeza auront chacun été détenus et interrogés une trentaine de fois en deux ans. Mr Escalona aura été obligé de s’exiler, après avoir subi de multiples actes de répudiation de la part de la SE, sans accès à aucune ressource, et menacé de perdre la garde de ses enfants, n’a trouvé d’autre solution que de s’exiler. Fin octobre, Mr. Arce Cabrera a dû quitter Cuba pour la France. - La Sécurité de l’Etat harcèle la citoyenne nicaraguayenne Jasmin Perez Porra, déléguée du Mouvement de Réconciliation dans la municipalité de Guane dans la province de Pinar Del Rio. Arrêtée, elle est enfermée dans un cachot sans lumière, puis, interrogée elle est menacée d’être déportée. Vivant à Cuba depuis 20 ans elle est mariée avec un Cubain et travaille comme employée de bureau au centre touristique Bailén. - A Manzanillo, deux inconnus interceptent et menacent l’opposante Leticia Gomez Arias, qui est membre du Comité Pour les Droits de l’Homme. Ils lui interdisent de revenir dans le quartier sous peine d’être tabassée. Mme Arias habite à 150 mètres de l’endroit où elle a été interceptée. Sa résidence a déjà été l’objet de jets de pierres. Mme Arias déclare qu’elle est suivie dans la rue par l’officier de la Sécurité de l’Etat nommé Joel Maceo. - A Ciego de Avila, l’avocat Juan Carlos Gonzalez Leyva, journaliste indépendant, et le phytothérapeute Arquimedes Quintana Aguiar reportent les écoutes, les interruptions téléphoniques et les factures excessives dont ils sont victimes. Le phénomène est extrêmement courant. - Pendant le mois d’avril 98 la Sécurité de l’Etat a effectué diverses opérations contre les militants des organisations de Droits de l’Homme dans la province de Matanzas. Certains ont été convoqués dans les commissariats et menacés, d’autres ont été "visités" à leur domicile. Ils se sont tous vus notifier l’interdiction de voyager à La Havane. Entre eux, le docteur Jesus Martinez Gonzalez, Vice-Président du Mouvement du 24 Février et Rigoberto Gonzalez Aragon, directeur pour la province. - Le 22 janvier 1999, à Guantanamo, Arturo Feliciano Acosta Guillen, 54 ans, membre du Syndicat Indépendant "Conseil Unitaire des Travailleurs Cubains". Il avait reçu un ami suisse du nom de Giacomo. L’inspecteur Marilin Rodriguez lui a imposé l’amende en application du décret loi 171 de 1997. - Le 4 février 1999, José Ramírez Rodríguez, 26 ans, originaire de Jurial, Jibacoa, Cayo Espino, près de Manzanillo, est condamné à 2 ans de prison pour "dangerosité". Peu après avoir été arrêté Ramírez Rodríguez, et une fois dans les cachots de la première unité de police de Manzanillo, il est sorti de sa cellule et passé à tabac par l’officier José Saborit. Celui-ci avait réussi à faire renvoyer le dissident de son travail de postier. Il l’a fait enfermer pour ne pas avoir de travail. - Le 22 février 1999, le docteur Oscar Elias Biscet manifeste devant un hôpital de La Havane dont il a été renvoyé pour s’être exprimé contre la pratique abusive de l’avortement. Il se fait passer à tabac par une groupe d’action rapide auquel se sont joints 4 médecins de la maternité "Hijas de Galicia". Il est détenu. Ce médecin a été arrêté une douzaine de fois depuis qu’il a décidé de lutter contre la peine de mort sous toutes ses formes et pour la défense des Droits de l’Homme. Le 8 mars 1999, Félix Pereda Gonzalez, 53 ans, est menacé par un officier de la Sécurité de l’Etat d’être envoyé en prison si il ne quitte pas le pays. Dans les jours précédant le procès des 4 auteurs du texte "la Patrie appartient à tous", texte contestant au Parti Communiste Cubain le monopole de l’histoire de Cuba et critiquant l’absence de toute réforme économique dans un pays ruiné par 40 ans de collectivisme, les autorités cubaines ont arrêté ou assigné à résidence une centaine de dissidents et de journalistes indépendants. Parmi les dissidents arrêtés :
Les journalistes arrêtés sont cités dans la section sur la presse. NB : PRESQUE TOUS LES OPPOSANTS ONT ETE LIBERES. ILS ONT TOUS ETE MENACES D’ETRE EMPRISONNES A COURT TERME ET D’ETRE CONDAMNES A DES PEINES ALLANT JUSQU’A 30 ANS. Toutes ces informations ont été transmises par les principales agences de presse et publiées par les journaux Miami Herald, El Nuevo Herald, El Diario Las Americas et sur internet par les agences Cubapress et Cubanet. Ces actes d’intimidation, ces manifestations d’abus de pouvoir sont quotidiens et s’étendent à tout le pays. D) ATTEINTES A LA LIBERTE DE MOUVEMENT La liberté d’entrer et de sortir de son propre pays est un droit fondamental reconnu par la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme dans son article 13. Nombreux sont les dissidents qui, soit se verront poussés vers l’exil, soit se verront refuser le droit de sortir du pays pour se rendre temporairement à l’étranger. Dans le passé, le gouvernement cubain aura souvent interdit à ses opposants de revenir à Cuba. L’autorisation de sortie est soumise à l’émission d’une "carte blanche" de la part des services d’immigration. La confection du passeport et des divers actes (visite médicale, carte blanche, etc.), l’émission d’un billet d’avion sans possibilité de réduction, rendent pratiquement impossible la sortie du citoyen cubain qui ne part pas en "mission officielle". Lorsque l’on sait que le salaire moyen du citoyen cubain est de quelques 10 Dollars ou 55 Francs français par mois, on a du mal à comprendre que ces démarches administratives montent à quelques 500 Dollars dont 400 Dollars pour la visite médicale, soit quelques 5 années de salaire moyen, plus le billet d’avion qui doit être payé au comptant, le système des cartes de crédit étant pratiquement inexistant pour les Cubains. Les prisonniers et ex-prisonniers politiques, les dissidents sont les premières victimes de ces mesures. Le gouvernement des Etats-Unis cite le cas de 306 personnes à la fin de 1998 qui sont incapables d’émigrer à cause de ce manque de moyen. Il apparaît qu’une fois que leur papiers sont en règle, qu’ils possèdent un visa d’entrée et de résidence dans un pays étranger, les autorités cubaines laissent sortir leurs citoyens. Les refus d’autorisation ne concernent en général que les cadres qui ont tenté de partir illégalement et qui depuis ont perdu leur emploi. Leur sortie est alors interdite pour des raisons politiques ou à cause du danger que représente l’individu pour la Sécurité de l’Etat. Les autorités refusent aussi de façon routinière la sortie aux jeunes gens de moins de 27 ans qui n’ont pas accompli leur service militaire, et ce, même si le reste de leur famille a reçu l’autorisation de s’exiler, mais il y a là aussi des exceptions. Le gouvernement cubain refuse en général pendant de longues périodes toute autorisation de sortie à ceux dont un familier est parti illégalement (déserteurs de la marine marchande, sportifs et musiciens). Il est connu que les exilés seront soumis à une pression indirecte, leur famille restant otage du système. Le code pénal prévoit de 1 à 3 ans de prison et une amende de 15 à 50 Dollars (1,5 à 5 mois de salaire moyen) pour ceux qui tentent de quitter illégalement le pays. Si le départ s’est fait sur un bateau appartenant à l’Etat le crime de "piraterie" peut être sanctionné par une peine de 20 ans de prison. Le Haut Commissariat aux Réfugiés estime les peines supérieures à un an comme largement excessives. Depuis l’accord du 2 mai 1995 entre les Etats-Unis et Cuba, les Cubains rapatriés par les autorités des Etats-Unis ne sont pas, en théorie, punis pour avoir tenté d’émigrer illégalement. En réalité, de nombreux cas apparaissent de rapatriés qui ont été sanctionnés. La réaction des autorités tarde généralement quelques mois. A partir de 1994, le gouvernement cubain a encouragé les visites de "la communauté cubaine de l’extérieur", celle-ci devenant la première source de devises. Ces visites ont été conditionnées à l’obtention d’un "permis de séjour permanent à l’extérieur". Le gouvernement cubain a aussi abaissé l’autorisation de sortie temporaire de l’âge de 20 ans à 18 ans et la durée de 6 à 11 mois. Une autre atteinte légale de l’Etat cubain contre la liberté de mouvement de ses citoyens est l’obligation pour les exilés, ceux que Castro a longtemps considéré comme "los gusanos", les vers de terre, ou "la gusaneria", la vermine, de demander une autorisation pour rentrer dans leur pays. Les Cubains de l’extérieur, émigrés économiques, simples résidents, et réfugiés politiques, doivent, même après avoir perdu leur nationalité cubaine (L’Etat cubain ne reconnaît pas la double nationalité) demander une autorisation pour entrer à Cuba et un passeport cubain. Pour résider à l’extérieur, ils doivent payer 150 Dollars pour le "PRE", Permis de Résidence à l’Extérieur. Ceux qui sortent de Cuba avec un permis doivent payer 60 Dollars par mois pour le prolonger. Suivent quelques exemples de ces atteintes à la liberté de circuler. Pendant l’été 1998, Raúl Rivero Castañeda, se fait refuser le droit de se rendre quelques jours en Espagne afin d’effectuer une visite privée. Le dirigeant du Movimiento Christiano Liberacion (Mouvement Chrétien Libération) proche de la sociale démocratie, se voit refuser un visa de sortie pour aller assister à Prague à une rencontre sur les Droits de l’Homme organisée par le Président tchèque, Vaklav Havel. En Décembre 1998, les dissidents Nestor Rodriguez Lobaina et Gustavo Arcos Bergnes se voient refuser d’assister à Paris, à la célébration du 50ème anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Un seul dissident, Elizardo Sanchez Santa Cruz aura le droit de participer à la réunion. Plus grave encore est l’existence du Décret 217, qui interdit aux Cubains de venir s’installer à La Havane. Des dizaines de milliers de personnes auront été expulsés de la capitale vers leur province d’origine.
E) LES ATTAQUES CONTRE LA PRESSE OU LES ATTEINTES A LA LIBERTE D’EXPRESSION A Cuba, la presse officielle, la seule autorisée, se concentre sur les difficultés rencontrées par les pays de l’Est pour effrayer la population. Les exilés sont présentés comme de dangereux hystériques assoiffés de revanche, les dissidents comme des espions et les Etats-Unis comme l’enfer. Devant la pénurie de papier, il n’y a plus aujourd’hui qu’un seul quotidien national Granma, l’organe officiel du Parti Communiste, donc du gouvernement et une presse émanant des différents organes du PC et des organisations de masse comme les hebdomadaires "Juventud Rebelde" (Jeunesse Rebelle) de l’Ujocé (Organisation des Jeunesses Communistes) et "Trabajador" (Travailleurs), de la CTC, le seul syndicat officiel. On y retrouve la même objectivité et la même qualité d’information que dans la Pravda avant la chute du communisme. Depuis la chute de l’Union Soviétique, Granma insiste particulièrement sur le malheur que vivent les citoyens des anciens pays du bloc socialiste et effraie la population par l’image de ruine et d’injustice. Les antennes paraboliques construites artisanalement ou achetées dans les boutiques en devises sont confisquées sous peine d’amendes et de représailles. Les ondes des stations de radio et de télévision émettant depuis l’étranger sont brouillées. Sont particulièrement visées le Canal 23 de la chaîne mexicaine Telemundo et évidemment Télé Marti, la chaîne américaine qui émet en espagnol sur Cuba. Les postes de radio qui sont portés à un atelier de réparation voient leur pièces d’équipement pour la captation des ondes courtes supprimées ou abîmées. Officiellement, les autorités expliquent que les antennes ne peuvent servir à capter les "programmes anti-cubains". Une presse libre se forme depuis les années 80 sous l’impulsion de Nestor Baguer puis de Yndamiro Restano Diaz et de leur Association de Journalistes Indépendants de Cuba (APIC), qui est harcelée continuellement par la police politique. Des descentes sont régulièrement faites. Les journalistes sont maltraités, insultés et frappés. En général, ils voient leur matériel confisqué ou détruit sur place. Ainsi, fin février 99, le domicile du journaliste indépendant Ulises Cabrera , directeur de l’agence "Pueblo Libre" (Peuple libre) est fouillée. Il se fait confisquer son ordinateur, des livres, des revues et du matériel de bureau. Il est menacé d’être exposé à de sévères conséquences. Les convocations, les détentions pour de courtes durées sont innombrables. Les lignes téléphoniques sont régulièrement coupées et presque systématiquement écoutées. Les appels anonymes insultants sont fréquents. Beaucoup sont emprisonnés pour "subversion" ou "propagande ennemie". Parfois, et c’est le cas récent de Marvin Hernandez Monzon, sous directrice de l’Agence Cuba Press pour "enrichissement illicite", ils sont accusés de crimes de droit commun. Le 27 février 1999, son domicile de Palmira, près de Cienfuegos, est fouillé par trois agents de la police politique. Elle est arrêtée et conduite au siège de la Sécurité de l’Etat. Elle est évidemment sous la menace d’une condamnation. La loi "anti-Helms-Burton" ou "de réaffirmation de la dignité nationale" ou "Loi Titanic" (parce que prise alors que le bateau est en train de couler) menace désormais de 20 ans d’emprisonnement les journalistes et les dissidents pour fournir des informations à "des médias audiovisuels du gouvernement des Etats-Unis". Le seul fait d’être arrêtés en possession de revues étrangères peut les faire condamner pour "propagande ennemie". Les articles sont souvent dictés par téléphone et publiés à Miami, à Porto Rico ou à Madrid. Les revues reviennent clandestinement pour être distribuées à travers l’île. Les journalistes sont enfermés, exilés, intimidés par l’organisations d’actes de répudiation. Il est néanmoins intéressant de noter que les journalistes commencent à publier sous leur vrai nom leurs articles. La notoriété de leur action est une protection efficace. Ainsi Raúl Rivero Castañeda, le Président de l’agence Cuba Press et fondateur de l’APIC (Agence des Journalistes Indépendants de Cuba), a reçu le prix "Reporters sans Frontières - Fondation de France" pour une oeuvre à la fois courageuse et extrêmement difficile. Il n’a pas pu venir en France pour recevoir son prix car, si à l’époque les autorités cubaines le laissaient sortir, il avait peu de chances de pouvoir rentrer. En mars 1999, Raúl Rivero est arrêté deux fois et menacé d’être un des premiers journalistes à être condamné à 20 ans de prison. Quand elles ne les emprisonnent pas, les autorités Cubaines obligent les journalistes indépendants à s’exiler. Ce sera le cas de Yndamiro Restano. En 1997, 14 membres de ces agences de presse ont passé au moins deux jours en détention. 28 ont été interrogés, donc menacés par la Sécurité de l’Etat. A Cuba, les machines à écrire et les photocopieuses doivent être déclarées. Posséder un fax ou une photocopieuse sans autorisation peut conduire à la prison. Le Département d’Orientation Révolutionnaire (DOR) contrôle toutes les informations publiées dans les médias officiels. L’accès à internet est strictement réglementé. Les correspondants étrangers résidant à La Havane admettent passer sous silence les informations que le gouvernement considère comme étant "sensibles" de peur d’être expulsés. En privé, les journalistes de passage admettent avoir été obligé d’adoucir leurs reportages tout en sachant que Cuba a interdit l’entrée dans l’île à des douzaines de journalistes étrangers durant la dernière décennie. Une envoyée du journal argentin El Clarin avait ainsi été expulsée en octobre 1997 pour avoir mis en doute l’origine des restes supposés de Ernesto Che Guevara. Le refus de la part du gouvernement Cubain d’autoriser des visas pour au moins 60 journalistes étrangers au moment de la visite du Pape a pu attirer l’attention mondiale sur les vieilles méthodes d’intimidation exercées sur les correspondants étrangers qui travaillent à Cuba. Les reporters et photographes qui n’avaient pas reçu de visa appartenaient en majorité aux organes de presse de Miami et d’Argentine. On notait aussi quelques correspondants de presse britanniques, allemands, danois et français. Grâce à sa gestion des visas, La Havane a toujours pu gêner le travail des journalistes et des médias qu’ils considéraient excessivement critiques contre le régime. Fin janvier 1999, le journaliste Edwin Kopmann de Radio Nédederland est expulsé du pays en raison des activités qu’il menait dans l’île. Il était arrivé à La Havane le 12 janvier et était officiellement accrédité comme correspondant de "Radio Neederland". Koopmaan, spécialiste pour la radio hollandaise a été accusé d’avoir "été utilisé pour remettre des fonds à des opposants au gouvernement, fonds qui proviennent de groupes révolutionnaires". Le journaliste a déclaré qu’il avait des contacts avec des intellectuels dissidents et confirmé qu’il avait amené 250 Dollars à quelqu’un, membre de la "Confederación de Sindicatos Cristianos" avec l’intention d’aider comme il l’avait déjà fait plusieurs fois en emmenant des médicaments. "je crois que l’argent a été le prétexte pour m’expulser, mais cela ne peut pas être la cause." L’ami chez lequel il logeait s’est vu imposer une amende de 1000 Dollars pour la soi disante violation du décret loi 171 sur la location d’appartements Il suffit d’analyser le contenu des dépêches des représentants des grandes agences pour se rendre compte que leurs faits et gestes sont souvent épiés. Leurs collaborateurs sont évidemment membres de la Sécurité de l’Etat. Très peu de dépêches font état des infractions contre les Droits de l’Homme. Néanmoins, en ce début d’année 1999, le procès des 4 membres du Groupe de Travail de la Dissidence Interne et les arrestations massives de dissidents semblent donner aux correspondants étrangers la possibilité de s’exprimer plus librement contre la répression de leurs confrères indépendants. Les déclarations du Président de l’Assemblée Nationale du Pouvoir Populaire, Ricardo Alarcon, quant à l’application de la "Loi de protection de l’Indépendance Nationale et de l’Economie de Cuba" feront sursauter la presse internationale qui condamnera unanimement la mesure. Rapidement, le gouvernement fera marche arrière et le législateur précisera que la loi ne sera applicable qu’aux Cubains non autorisés qui utilisent les médias étrangers et non les correspondants étrangers. Néanmoins la presse officielle s’en prend à "une certaine presse étrangère qui joue la carte infamante de discréditer Cuba". Dans l’hebdomadaire "Trabajadores" travailleurs, organe du syndicat unique CTC du 9 février 1999, le député et journaliste Lázaro Barredo Medina, s’attaque aux agences étrangères et en particulier à l’AFP. Les agences étrangères "ont l’intention tendancieuse de présenter à travers de ses câbles une image manipulée sur ce qui se passe dans le pays". "La façon tronquée dont on perçoit Cuba à l’extérieur grâce à la distorsion de ces informations transmises par les journalistes étrangers est impressionnante". Une autre solution est depuis toujours l’exil. Il y a l’exil extérieur qui est très souvent offert grâce à l’apposition d’un visa de sortie "définitif" sur le passeport. Cette politique est le moyen par excellence de se débarrasser de toute opposition. Le mois d’octobre 98 aura vu le départ de 2 journalistes : Jorge Luis Arce Cabrera a dû se résoudre à partir pour la France, après 22 détentions en deux ans, des actes de répudiations et de nombreuses menaces à l’encontre de sa famille. Ana Luisa López Baeza, de l’agence Cuba Press a du partir à Miami "à cause des pressions exercées sur sa fille"…Le 5 février c’est le tour de Miriam Garcia Chavez, Présidente du Collège des Pédagogues de Cuba. Les agences de presse indépendantes ont connu lors des deux dernières années un développement important. Grâce à l’Internet, les articles sont publiés presque instantanément sur les sites de Cubanet et Cuba press. La communication se fait aussi à travers des radios de Miami et de Puerto Rico. Il y a aussi l’exil intérieur par lequel le journaliste ou le dissident est condamné à séjourner dans un village de province, dans un lieu sans téléphone et sans accès au courrier. Les pressions internationales entraînent le gouvernement à appliquer de plus en plus cette méthode. Le 18 mars 1998, la Société Interaméricaine de Presse condamne le régime de Fidel Castro pour l’approbation d’une loi qui punit sévèrement l’activité des journalistes indépendants à Cuba et qui établit des peines de prison pouvant aller jusqu’à 10 ans. La Loi de la Dignité et de la Souveraineté Nationale établit dans son article 8 que "le poids de la loi tombera sur toute personne qui de façon directe ou indirecte collabore avec les moyens d’information de l’ennemi". La SIP a demandé la libération des journalistes Bernardo Arévalo Padron, directeur de l’agence indépendante Linea Sur Press et de Juan Carlos Recio Martinez, correspondant de l’agence Cuba Press à Villa Clara. La SIP a aussi demandé que cessent les mesures de persécution et les menaces qui pèsent sur les journalistes indépendants et leur famille. La condamnation a été faite à l’occasion de la publication du rapport semestriel de la Commission sur la Liberté de la Presse et de l’Information sur Cuba qui dénonce les campagnes de dénigrement, de répression psychologique et physique. Le rapport met en évidence le refus de visa pour 80 journalistes étrangers qui désiraient se rendre à Cuba pendant la visite du Pape. Le document souligne aussi le refus systématique de visa aux journalistes du Miami Herald et du Nuevo Herald. Ainsi, en juin 1998 en "pleine période d’ouverture", on peut lire dans le document "Introduction à la Réunion des Cadres et Secrétaires Généraux des Organisations de Base du Parti dans la Capitale": "Les collaborateurs déclarés des plans macabres qui se tissent contre Cuba sont les groupuscules contre-révolutionnaires et annexionnistes dont l'activité s'inscrit dans l'arsenal des moyens utilisés par l'ennemi pour faire s'effondrer la révolution, ainsi que ceux qui se nomment eux-mêmes "journalistes indépendants", dont le but est de diffamer notre peuple à travers l'émission depuis Miami d'informations contre Cuba. […] Ces éléments, en plus de servir de porte-parole à l'impérialisme, essaient de se faire un curriculum vitae d'opposants leur permettant d'être admis avec facilité aux Etats-Unis. Ils touchent des rémunérations en devises financées par l'ennemi, et ont converti leur activité contre-révolutionnaire en une entreprise lucrative. […] En conséquence, il est nécessaire de générer dans chaque quartier et communauté, un climat de rejet social de ces éléments, de manière à ce qu'ils sentent que leurs calomnies sont répudiées et sanctionnées moralement par le peuple." En novembre 1998, un article publié par le journal officiel Granma sous le titre "Los Independientes" (les indépendants) évoque les groupuscules de spécimen, annexionnistes, menteurs et mercenaires de la plume." En février 1999 la réaction des organismes internationaux de protection de la presse sera tout aussi sévère. La Société Interaméricaine de Presse condamne la vague de détentions d’opposants et de journaliste. Elle la qualifie "d’atteinte sans précédent". Dans les 3 derniers jours de février, au moins 18 journalistes ont été détenus par la police politique :
Le Président de la SIP a qualifié les arrestation et la nouvelle loi comme "inacceptables". Jorge Fascetto, du journal El Día, de la ville de La Plata, en Argentine a rappelé que la communauté internationale acceptait de moins en moins les atteintes à la liberté de la presse. Il y a aujourd’hui 4 journalistes indépendants emprisonnés et condamnés.
Bernardo Arevalo Padron, directeur de l’agence Linea Sur Press a été condamné le 28 novembre 1997 à 6 ans de prison pour avoir traité Fidel Castro et Carlos Lage de "menteurs", pour ne pas avoir respecté leur engagement de restaurer la démocratie lors du sommet Ibéro-Américain de Viña del Mar au Chili et pour avoir dénoncé l’existence d’une ferme où il y a un abattoir d’où la viande est acheminée directement à Fidel Castro. Il avait aussi dénoncé Carlos Lage pour avoir déclaré qu’il n’y avait ni sans abri ni mendiants à Cuba. Depuis son incarcération, il a été de nombreuses fois passé à tabac. Il est devenu un membre actif de l’Association de prisonniers Pedro Luis Boitel et fait parvenir régulièrement à l’extérieur des nouvelles de la prison. Les mauvais traitements et les conditions exécrables de détention sont ainsi connues de tous. Il souffre de problèmes aux yeux et demande sans succès depuis plusieurs mois a voire un ophtalmologiste. Reinaldo Alfaro Garcia a été condamné le 28 août 1998 à 3 ans de prison pour "diffusion de fausses nouvelles" car il avait révélé une affaire concernant la mort d’un militaire en 1994 et le passage à tabac d’une femme par les autorités. Mr Alfaro Garcia avait déjà été détenu pendant 16 mois avant d’être jugé. La salle d’audience fut interdite aux amis du journaliste et remplie de supporters du régime. A la fin du procès une quarantaine d’opposants se mirent à chanter des chansons contre révolutionnaires. Le journaliste indépendant MarioViera aura échappé de peu à une condamnation. La manifestation organisée par ses amis et d’autres dissidents face au tribunal provincial de la Havane le 27 novembre aboutira à une intervention musclée des "brigades d’intervention rapide", le passage à tabac de certains opposants et leur détention. Mario Viera devait être jugé pour "injures" parce qu’il avait publié sur Internet (Cubanet) un article évoquant l’hypocrisie d’un fonctionnaire cubain ayant exigé l’été précédent l’Impartialité du Tribunal Pénal International alors que la justice cubaine est totalement politisée. Le procès sera finalement remis "sine die". Juan Carlos Recio Martinez, collaborateur de l’agence Cuba Press dans la province de Villa Clara, le 4 novembre 1997 pour avoir violé l’article 128 du code pénal qui réprime les actes contre la Sécurité de l’Etat a été condamné à un an et demi de "travail correctionnel" dans l’agriculture sans détention. A Holguin, le Jeudi 2 octobre 1998, le journaliste indépendant Manuel Antonio Gonzalez Castellanos, correspondant de l’agence Cuba Press est détenu par la police politique après que son domicile ait été fouillé. Il est inculpé "d’outrage au Commandant en chef " (Fidel Castro), pour lequel il risque une peine de 1 à 3 ans de prison (article 144.2 du code pénal Cubain). Sa mère déclare que la famille a été traitée "comme des chiens" au commissariat. En réaction, la famille recouvre son domicile d’inscriptions anticastristes (Abajo Fidel). Quelques heures plus tard elle est victime d’un acte de répudiation. Selon les témoignages, près de 2000 personnes sont acheminées devant la maison située au numéro 3009 de l’avenue 29 entre 29B et 30 dans la localité de San German. Les portes sont défoncées. Les deux neveux du journaliste arrêté sont tabassés et embarqués alors que la foule amenée par camion des écoles, universités et entreprises avoisinantes, crie les consignes de rigueur : "Gusanos"(vermine), "contrarevolucionarios" (contre-révolutionnaires) et "apatrides", ainsi que des menaces de mort. Un témoin déclare que tous les centres de travail ont été fermés afin que les travailleurs puissent participer à l’acte de répudiation. Leonardo, 23 ans, a une côte cassée et Yoani, 22 ans, se fait tirer par les cheveux. Alors qu’elle hurle pour que l’on lâche ses petits enfants, Mme Castellanos Doce est menacée de se faire "défoncer la gueule". Ses deux petits enfants sont embarqués à la prison du commissariat de Holguin. L’ex-prisonnier politique Roberto Rodriguez Rodriguez, qui était de visite à ce moment là, est lui aussi tabassé puis embarqué alors qu’il saigne abondamment d’un oeil qui sera soigné au commissariat. Toute la semaine, la maison est restée sous l’étroite vigilance de "troupes militaires et paramilitaires". Toute personne rendant visite à la famille Castellanos est fouillée et contrôlée, son identité est relevée. Les inscriptions "à bas Fidel" ont été presque immédiatement effacées. Mme Ana Virgen Gonzalez Castellanos, soeur du journaliste et mère de Leonardo et de Yoani a reçu la visite de deux officiers de la police politique connus sous les noms de Abel et Franck qui lui ont notifié que le sort de ses familiers dépendait de son comportement. Le lundi 13 octobre 1998, Manuel Antonio Gonzalez Castellanos et ses neveux sont toujours détenus. Le téléphone a été rétabli mais il est sur écoute. Le journaliste Manuel Antonio Gonzalez Castellanos est le petit fils de Lidia Doce, la "messagère de Che Guevara" qui avait été abattue par la police du dictateur Fulgencio Batista en septembre 1958. Lidia Doce est une "martyre de la révolution" de Fidel Castro. Les agents de la Sécurité de l’Etat ont déclaré que les 4 détenus seront jugés rapidement pour "outrage". Yoani pourrait être condamnée à une année de détention domiciliaire. A ce jour le procès est en phase d’instruction. Les prisonniers rapportent qu’en prison, ils souffrent de la conduite humiliante des gardes qui soudoient des détenus de droit commun afin de les espionner et de les intimider. Avec l’évolution de la situation internationale, le gouvernement essaie par tous les moyens de changer la physionomie de la répression. Les pressions de toutes sortes, les détentions arbitraires de courte durée sont de plus en plus nombreuses. A la Havane, entre le 5 et 8 septembre 98, à la veille de la procession de la Cardia, la Sécurité de l’Etat procède à l’arrestation d’une douzaine d’activistes et de journalistes indépendants. Parmi eux Luis Lopez Prendes, Oscar Morion Betancourt, José Fornaris, Lazaro Gonzalez et Leonel Morejon Almagro. Oscar Moreno Betancourt, époux de la journaliste Amarilis Cortina Rey, se voit signifier l’interdiction de permettre des réunions à son domicile de membres de l’agence Cuba Verdad. Deux mois et demi après la publication d’un article sur le site internet Cubanet d’un article, "Morale en caleçon", où il compare l’hostilité du gouvernement cubain à l’établissement d’un tribunal pénal international pour le risque de le voir soumis à la volonté des Etats-Unis et le contrôle total et absolu de la justice cubaine par le Parti Communiste, le journaliste indépendant Mario Viera González, directeur de l’agence de presse indépendante Cuba Verdad, est accusé par le chef du département juridique du Ministère des Affaires Etrangères d’avoir "attenté contre son honneur". La plainte a été déposée le 15 septembre 1998 par le Docteur Peraza Chapeau qui avait déclaré à Rome que la cour "devait être un organe indépendant, de compétence autonome et pour une impartialité caractéristique dont la fonction est de rendre la justice". Mario Viera Gonzalez qui a déjà subi deux peines de prison échappera à la prison (cause # 430/1998). Le journaliste indépendant Jesús Joel Díaz Hernández, 25 ans, membre de la coopérative Avileña (de Ciego de Avila) et Journalistes Indépendants a été arrêté le lundi 18 janvier 1999. Le lendemain, après un procès sommaire, il est condamné à 4 ans de prison pour "dangerosité". Il entame immédiatement une grève de la faim totale et est placé en cachot isolé à la prison de Canaleta, près de Ciego de Ávila. Sur pression de sa famille et de ses amis, il abandonne sa grève de la faim après 11 jours. Lorenzo Paez Nuñez a été condamné le 11 juillet 1997 à un an et demi de prison pour " outrage " à la Police Nationale et diffamation pour avoir donné de "fausses nouvelles" sur un affrontement entre la police et des jeunes à la fin d’une récolte de canne. Il n’avait pas eu droit à un avocat, ni à un appel. Détenu à la prison Kilo 5 y medio de la province de Pinar del Rio, il est libéré dans les premiers jours de janvier 1999. Un Cas de réfugié en France : Jorge Luis Arce Cabrera Jorge Luis Arce Cabrera est arrivé à Paris le samedi 24 octobre 1998 afin de trouver l’asile politique en France. Né le 12 novembre 1966 à Cienfuegos, Mr. Arce Cabrera est le fils d’un des dirigeants du Parti Communiste de Cuba, José Arce Masot. Il a reçu une éducation conforme à l’idéologie communiste : Pionnier, puis membre de l’Union des Jeunes communistes (UJC). En 1985, dans le cadre du Service Militaire Obligatoire, il est obligé de choisir entre partir se battre en Angola ou intégrer le Ministère de l’Intérieur (Minint). Il opte pour la seconde option et devient opérateur de saisie informatique. En 1986, il devient agent administratif de la Police Nationale Révolutionnaire. En 1991, il reçoit un cours de formation au renseignement puis intègre l’académie du Minint où il devient Officier investigateur opérationnel du Département Technique d’Investigation. En 1992, son frère, agent artistique, choisit l’exil lors d’une tournée au Mexique. Mr. Arce Cabrera est convoqué par la Sécurité de l’Etat et se voit interdire tout contact avec son frère par la police politique, conformément à la "directive #1 du Commandant en Chef Fidel Castro". En réaction, il demande à quitter le Minint. L’autorisation ne sera accordée qu’en Mars 1994 après de nombreuses pressions. Les autorités le licencient officiellement pour raison de santé. Depuis 1993, Mr. Arce Cabrera s’était inscrit secrètement au Comité Cubain Pour Les Droits de l’Homme pour lequel il effectuait des dénonciations des atteintes aux Droits de l’Homme et sur la situation des Prisonniers politiques. En 1996, il est investi par la direction du Parti Pour les Droits de l’Homme de Cuba pour la province de Cienfuegos du service d’aide aux prisonniers de conscience. En même temps il commence une activité de journaliste indépendant avec l’agence de presse indépendante BPIC (Bureau de Presse Indépendant de Cuba). Pour être un ex membre du Minint, la répression dont il est victime est particulièrement grave. Entre 1997 et 1998, Mr. Arce Cabrera est victime de 21 détentions, 2 actes de répudiation, 2 agressions physiques dans la rue. Il lui a été interdit de se rendre à la Havane et de sortir de la ville de Cienfuegos. Il a perdu son emploi de receveur du service des eaux. Il a été intimidé et menacé physiquement. Sa famille a fait l’objet de nombreuses pressions. La correspondance a été violée. Elle a reçu de nombreuses menaces téléphoniques à toute heure et surtout la nuit. Enfin, il a été menacé de subir le même sort que le journaliste Bernardo Arevalo Padron, condamné à 6 ans de prison dans des conditions horribles pour "insulte au Commandant en Chef". Mr. Arce Cabrera est inscrit sur les listes de détenus de conscience d’Amnesty Internationale, du Comité International de Protection des Journalistes et Reporters Sans Frontières. Il est aussi membre de l’Association Européenne Cuba Démocratique. Alors que Mr. Arce Cabrera devait intégrer l’agence de presse indépendante, Cubapress, dirigée par Raúl Rivero Castañeda, les pressions ont été telles qu’il a du se résoudre à quitter Cuba. Tous les opposants et journalistes indépendants avec qui il travaillait à Cienfuegos sont soit en exil, soit en prison. Nous ne pouvons résister à publier cet article : INFORMER, TELLE EST LA QUESTION par Miguel Fernandez Martinez, Habana Press Lorsque, au début de la révolution Cubaine, furent nationalisées les publications de l’île, dans le cadre du processus d’expropriation mené contre les propriétaires des organes de presse et avec l’apparition d’une presse "officialiste", totalement soumise au service de la classe gouvernante, personne n’imaginait qu’un jour, un Cubain, déambulant à travers des rues ensoleillées et tristes pourrait se faire appeler "journaliste indépendant". Sans aucun doute à cette époque, seulement l’imaginer aurait été de pure folie car il faut être fou pour contredire un régime totalitaire. Et c’était sans aucun doute le chemin déjà suivi par le gouvernement Cubain qui continue à réprimer la conscience des informateurs qui ignorent l’épée de Damoclès pesant sur eux et exercent actuellement une parole si longtemps bâillonnée. Exercer le journalisme à Cuba, plus qu’un métier, représente une attitude face à la vie et la société. Il existe deux lignes parfaitement tracées, entre ceux qui font de l’information un émerveillement triomphaliste, faisant rayonner un sensationnalisme superficiel mais décharné et ceux qui travaillent à fonds les problèmes, découvrant les racines des maux qui désespèrent des millions d’hommes et de femmes qui n’ont plus confiance en un avenir fait de violence imposée et de promesses non tenues. Vargas Llosa et d’autres intellectuels dans le monde publient des travaux dans la presse internationale et décrivent la situation actuelle de la presse indépendante de Cuba. Reporters sans Frontières n’arrête pas d’accomplir son travail de dénonciation partout dans le monde. Mais il ne peut y avoir personne mieux que nous pour décrire cette version humanisée du roman le plus connu de Georges Orwell. Personne ne peut imaginer, dans ces temps modernes, un acte de répudiation face à la porte de sa maison. Les cris sans retenue d’une foule manipulée sont aussi profondément blessants, lacérants qu’un passage à tabac ou un enfermement prolongé pour ces jeunes professionnels qui sont obligés d’abandonner leur foyer à cause d’un effroi causé par le pouvoir du garrot. C’est une situation presque dantesque qui a été décrite de nombreuses fois à un monde qui reste insensible et silencieux face à notre douleur. Shakespear a défini le but : " ETRE OU NE PAS ETRE, TELLE EST LA QUESTION ". Et nous n’avons pas d’autre alternative. Tant que le pouvoir s’obstinera à continuer de nous réprimer, nous n’aurons pas d’autre remède que de continuer à informer sur la vérité. Le système pénitentiaire à partir de janvier 1959 se caractérise par l’augmentation substantielle des centres de détention tout au long de l’île. Il existe quelques 500 prisons et centres de détention à Cuba, et entre 100 et 300 000 détenus pour 11 millions d’habitants. En comparaison, la France compte quelques 50 000 détenus pour 60 millions d’habitants. Quelques centaines sont reconnus comme politiques par Amnesty International. Aucune organisation ne peut publier un chiffre exacte. Nous publions une liste qui atteint près de 1000 noms. Les autorités qui dirigent ces centres dépendent du Ministère de l’Intérieur. Pendant toutes ces années elles n’ont cessé d’utiliser des méthodes de pression psychologique et physique contre les détenus. Toutes ces prisons obéissent aux mêmes règles. Un mot les qualifie : inhumanité. Tous les groupes de défense des Droits de l’Homme savent que Cuba a été signataire depuis le 10 décembre 1948 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Hélas, ces règles sont violées non seulement dans la vie quotidienne, "civile" du Cubain mais aussi dans les prisons. Depuis l’arrestation jusqu’à l’entrée dans le centre de détention, tous les droits du détenu sont systématiquement violés. La longueur de la détention avant l’entrevue préliminaire avec le juge d’instruction et l’inculpation commence par être systématiquement supérieures aux délais imposés par la loi. Il n’est évidemment pas question d’appeler soit un familier, soit un avocat. Mme Castellanos, la mère d’un journaliste indépendant, racontera l’angoisse qu’elle a souffert lorsqu’elle s’est retrouvée sans nouvelle de son fils pendant 24 heures. Après avoir appelé tous les amis et les commissariats de la ville, elle avait pu apprendre que son fils s’était fait provoqué et interpellé par des agents de la police politique qui étaient à sa poursuite (voire la section sur la presse). Les prisonniers politiques sont enfermés avec ceux de droit commun. Le régime cubain ne reconnaît pas la notion de prisonnier politique ou prisonnier de conscience. Il n’existe que des "contre-révolutionnaires". Pas d’habeas corpus. Les auteurs du texte "la Patrie appartient à tous", membres du Groupe de Travail de la Dissidence Interne ont été arrêtés le 16 Juillet 1997, emprisonnés et privés de tous leurs droits (jusqu’à l’assistance médicale) sans qu’aucune charge n’ait été formulée à leur encontre jusqu’à 19 mois après leur détention et ce, bien que le Pape, le Premier Ministre canadien, les gouvernements espagnol, italien, et américain aient demandé leur libération. Selon la propre jurisprudence cubaine, les autorités sont en contradiction avec leurs propres règlements car "le temps maximum de prison préventive ne doit pas dépasser le minimum de la sanction prévue pour le délit imputé" . Pire, est le cas de Ibrahím Varela Savón, qui attend un jugement pour "propagande ennemie" depuis 2 ans et 3 mois. Détenu depuis le 20 août 1996 à la prison "1580" à San Miguel del Padrón, près de La Havane. Antonio Morales, le Président du Comité de Pinar del Rio pour les Droits de l’Homme, déclare que le prisonnier a dû effectuer une grève de la faim afin que l’on fixe sa date de jugement. Apparemment, la police politique n’a toujours pas trouvé de témoins. "Les Tapiadas" Les motifs de sanction ne manquent pas. Le traditionnel "mitard" est devenu "la tapiada". La détention se déroule souvent dans des cachots individuels où le détenu est isolé. L’utilisation de cachots presque hermétiquement clos, les "tapiadas" rend les conditions particulièrement insupportables. L’utilisation de la lumière est un élément de torture psychologique particulièrement répandu. Le détenu est enfermé dans un cachot de taille réduite, totalement isolé, où les ouvertures sont bouchées par des planches d’acier. Pour ses besoins sanitaires, il a droit à un trou à même le sol. L’eau est rationnée. La chaleur ou le froid sont souvent insupportables. L’isolation en tapiada peut durer des mois, voire des années. Avec la "période spéciale" et la "lutte contre la délinquance", la situation empire. Les conditions de détention se détériorent dans tout le pays. Les privations de nourriture, les pressions psychologiques, les coups de la part des gardes et souvent de la part des détenus de droit commun sur les prisonniers politiques rendent la situation de plus en plus intenable. Selon Rafael Fonseca Ochoa, membre du Conseil Unitaire des Travailleurs Cubains (syndicat illégal) les prisonniers ne reçoivent plus que 70 grammes de nourriture par jour ! 200 détenus dorment à même le sol dans les salles 2B et A500 de la prison de Guantanamo. Les matelas sont des sacs remplis de feuilles de banane. Les privations de visite et les séjours en cellule d’isolement sont monnaie courante. Pedro Argüelles Morán, correspondant de l’agence Cuba Press à Ciego de Avila, décrit l’horreur des cellules de la prison de Canaleta : "ce sont des cachots d’un mètre et demi sur trois. Ils possèdent un trou dans le sol pour déféquer et uriner, au dessus du trou il y a un tuyau qui n’a presque jamais d’eau. Entre 6 heures du matin et 10 heures du soir ils retirent la paillasse et la table qui sert de sommier. Les effets personnels sont interdits. Le détenu n’a droit qu’à des produits d’hygiène et à une cuiller en plastique. Les températures sont extrêmes.
Insalubrité et épidémies Les conditions d’hygiène sont épouvantables. La totale insalubrité des lieux de détention entraîne l’explosion d’épidémies comme l’hépatite A et B, la syphilis, la tuberculose, les parasites, les gastro-entérites, le scorbut et le béri béri, polyneuritis optique et neuropathie, le SIDA, les maladies respiratoires graves, pédiculitis (dues aux nombreux parasites tels que poux, puces, morpions et la galle) et autres affections dermatologiques. Il y a aussi les crises psychiques (accès de folie, dépression). Pour avoir bu de l’eau contaminée, les prisonniers de la prison de " Guantànamo " souffrent de diarrhée et de déshydratation. Ceci est arrivé à cause de la citerne du pénitencier dont l’eau jaune et fétide a provoqué d’autres pathologies. En plus de cette situation effroyable, on distribue aux prisonniers 70 grammes de nourriture par jour et l’assistance médicale est inadéquate. L’humidité permanente dans les cellules a provoqué des grippes chez les détenus, alors que 200 d’entre eux dorment à même le sol. Du fait des protestations des prisonniers politiques la direction pénitentiaire encourage les prisonniers de droit commun à les frapper. Les détenus qui ont été maltraités par ce système sont, entre autres : le docteur Alberto Bravo Quintana, Juan Carlos Herrera Acosta, Juan Rodríguez Revilla, Ernesto Lucas Corral Cabrera, Néstor Rodríguez Lobaina, Jorge Luis García Pérez, Francisco Herodes Díaz Echemendia, Carlos Ruiz Díaz Fernàndez, Omar Betancour Dexidor, Andri Frómeta Cuenca, Carlos Prude Herrera et Rodolfo Baltelemi Cobas. En mars 1999, à la prison du Combinado del Este, près de la Havane, les prisonniers redoutent avec terreur l’explosion d’une nouvelle épidémie de névrite. Ils assistent impuissants à une augmentation dramatique de la tuberculose et ont encore en mémoire les ravages causés par l’épidémie d’hépatite de 1996. Nourriture infecte La situation de la santé des détenus est aussi affectée par l’épouvantable condition d’hygiène. Les repas sont composés le plus souvent à partir d’aliments en désagrégation avancée. Les organismes peuvent être endommagés à tout jamais. Les systèmes de canalisation ne sont pas entretenus et les matières fécales sont la cause de maladies. La nourriture est cuisinée avec de l’eau sale. Au mois d’août 98, des particules d’excréments sont trouvées lors d’une analyse faite des aliments servies au Combinado Del Este. L’infirmière Gladys Alpizar, qui a travaillé jusqu’à une date récente au service médical de la direction des prisons du Ministère de l’Intérieur. Elle déclare que depuis le mois de juin une fosse sceptique est bouchée à l’endroit même où se trouvent les cuisines. "Devant les plaintes des détenus et du personnel, on a envoyé au laboratoire des échantillons de mortadelle et de hachis qui sont élaborés dans la cuisine de la prison. L’analyse a démontré que les aliments étaient contaminés par les déchets de la fosse. "En conséquence, la direction a arrêté le fonctionnement du service de fabrication des aliments mais le service d’élaboration a continué à fonctionner, et en ce moment, aucune solution n’a été trouvée pour régler le problème". Pour cela, Gladys Alpizar a demandé sa mutation hors de la prison. Elle ajoute qu’il y a eu peu avant son départ une épidémie de leptospirosis qui est la conséquence de la présence au sein de la prison de nombreux rats qui circulent au milieu des aliments "urinant et mordant les aliments qui sont mal préservés". La semaine du 20 au 27 septembre, une épidémie de diarrhée a eu lieu à la prison de Ariza. L’infection a été causée par l’état de putréfaction de la nourriture. La direction de la prison le nie et argumente que le mal a été causé par l’utilisation de bananes en remplacement de la viande. Alimentation insuffisante Les rations d’aliments sont si insignifiantes qu’un nourrisson continuerait à avoir faim après son repas : Le menu du petit déjeuner est constitué d’un peu d’eau tiède légèrement sucrée, appelée infusion et exceptionnellement d’un quignon de mauvais pain. Le déjeuner est constitué d’un peu de bouillon de côtes de bœuf faisandé ou d’un bouillon de peau de banane et parfois de l’eau du riz. Le dîner est constitué d’un bouillon froid avec quelques petits pois, 4 petites cuillères de riz blanc pas assez cuit et sentant mauvais. Parfois la nourriture est accompagnée d’une banane bouillie ou d’un morceau de pomme de terre ou de manioc. L’eau utilisée pour cuire ces légumineuses est servie comme bouillon aux prisonniers. Les chimpanzés du zoo de la prison de Cienfuegos reçoivent une alimentation meilleure que les prisonniers. Pendant que ceci se passe dans le pénitencier, les officiers et "ré-éducateurs" ont une cantine où sont servis différents plats bien meilleurs que le reste de la population. En général, tous ceux qui tombent malades souffrent non seulement de la privation d’une assistance médicale mais aussi de l’accès aux médicaments qui pourraient permettre un rétablissement rapide. Le taux de mortalité doit être assez élevée mais le gouvernement cubain ne publie aucun chiffre officiel. Mme Jamiley Isaac Díaz, épouse du prisonnier de conscience Alberto Javier Grau Quintana, qui accomplit une peine de 5 ans de prison au Combinado de Guantanamo pour "tentative de sortie illégale" déclare que son mari se trouve dans un état de santé préoccupant. Il serait d’une maigreur effrayante. La sous alimentation et le manque d’assistance médicale sont les uniques causes de ses souffrances. A la prison de Gamajal, dans la province de Villa Clara, le prisonnier politique José Rodríguez Herrada, est dans un état de santé préoccupant. Son fils témoigne, au mois de janvier 99 de la perte de poids et de cheveux ainsi que du teint pale de son père. Celui ci souffrirait d’une maladie nerveuse. Il a été condamné par la cause 7/1991 du 24 février 1991 à 18 ans de prison pour "piraterie" et "évasion". Selon le Docteur Dessy Mendoza, condamné à 8 ans de prison pour avoir dénoncé une épidémie de Dengue hémorragique, et Jesus Chamber Ramirez, 65 et 75 % des détenus montrent d’importants signes de dénutrition. Les décès par arrêt cardiaque, les suicides sont extrêmement nombreux. Ces deux prisonniers politiques ont été libérés sur intervention du Ministre des affaires étrangères espagnol et exilés en Espagne en décembre 1998. Refus d’assistance médicale C’est là une des pratiques les plus scandaleuses et inacceptables du système carcéral cubain. Cette pratique est généralisée à tous les centres de détention du pays. C’est peut être un des éléments de terreur les plus forts que possède le régime. Tomber malade en prison vaut souvent soit la mort à petit feu, soit une invalidité permanente, mais avant tout des souffrances physiques et psychologiques sans remède. Un cas connu est celui de Sebastian Arcos Bergnes qui fut enfermé pendant de nombreuses années dans différentes prisons de Cuba jusqu’à sa sortie directe de la prison de Ariza, Cienfuegos, vers l’exil où il mourra peu de temps après, suite au développement d’une tumeur (néoplasique) qui aurait pu être soignée à temps. Il survivra 6 mois à sa libération. Les médicaments et les produits d’hygiène envoyés par sa famille et des groupes de défense des Droits de l’Homme à celui qui fut le leader de l’opposition pacifique ne lui parvinrent jamais pendant son séjour en prison. Son cas est loin d’être isolé. Les familiers des détenus ne sont pas informés de leur état de santé. Pire, lorsque ceux-ci cherchent à aider en envoyant des médicaments, ceux-ci peuvent ne jamais leur parvenir. Le responsable des gardiens a tout le pouvoir, sans avoir aucun titre médical, de remettre ou non les médicaments aux détenus. Les gardes font abstraction des doses et des horaires lorsqu’ils consentent à autoriser la distribution des traitements. Les informations qu’envoient les prisonniers de la prison de Ariza, près de Cienfuegos, font état d’épidémies de scorbut et de béri béri. Actuellement, les "jeûneurs de Villa Clara", José Antonio Albarado Leyba, Yvan Lemas Romero, Daula del Carmen Carpios Mata, Illeana Peñalver Duque et Lilian Meneses présentent tous des situation critiques. Après leur sortie forcée de l’hôpital de Santa Clara, ils ont été chargés dans des camions par des membres de la Sécurité de l’Etat. Ces malheureux avaient entamé une grève de la faim en protestation contre une décision judiciaire. Ils avaient été condamnés à des peines de prison ferme pour avoir protesté contre le régime à l’occasion de la cérémonie marquant le 30ème anniversaire de la mort de Che Guevara. Niant les faits, ils avaient entamé une grève de la faim qui durera 129 jours. Extrêmement affaiblis, ils cesseront leur action devant la promesse d’officiers de la Sécurité de l’Etat de lever les charges et de permettre à ceux qui le désiraient de partir en exil. Récupérant leurs forces à l’hôpital, la police revient sur ses engagements et les fait interner. Ils devraient tous être en liberté à la fin du mois d’avril 1999. Un autre cas est celui de Martha Beatriz Roque qui souffre de fortes douleurs aux seins. Avant d’avoir été jugée, l’économiste pacifique, Présidente de l’Association des Economistes Indépendants de Cuba, ne recevait pas l’attention médicale adéquate. Elle était harcelée par une prisonnière de droit commun avec l’encouragement des autorités. Bernardo Arevalo Padron, emprisonné depuis le 18 novembre 1997 dans une cellule de châtiment, souffre de rages de dent et de problèmes aux yeux sans qu’aucun soin ne lui soit apporté. Jorge Luis Garcia Perez, dit "Antunez", a été arrêté le 15 mars 1990 à Placetas et condamné à une première peine de 6 ans de prison pour avoir crié "Le communisme est une erreur et une utopie" et "nous avons besoin de réformes comme en Europe de l’Est". A partir de cette date, la vie de ce jeune afro cubain va être rythmée par les passages à tabac, les insultes racistes, les séjours prolongés au cachot, et les maladies. Pour refuser le "programme de rééducation", il connaîtra les prisons les plus dures du régime, comme celle de Kilo, connue sous le nom de "j’ai perdu la clé" ou celle de Las Grimas. Sa peine est aujourd’hui montée à 15 ans. Nous joignons à cette dénonciation la lettre dictée par la soeur du détenu, Madame Berta Antunez aux membres de l’association cubaine "Directorio Revolucionario Cubano". "A l'opinion publique nationale et internationale, les organisations de Droits de l'Homme, Présidents ministres de pays aimant la liberté et la démocratie, à toute personne aimant la justice et la vérité. Je désire lancer ce message, cet appel au secours. Mon frère, le prisonnier politique et de conscience Jorge Luis García Perrés "Antúnez", qui se trouve actuellement détenu à la prison de "Nieves Morejón" dans la province de Sancti Spiritus, se trouve en ce moment dans un état de santé lamentable aggravé par les mauvais traitements dont il a été victime pendant ces 9 années de prison qui sont injustifiées. Entre le 13 et le 21janvier (1999) il a souffert de fièvres élevées. Personne n'en connaît la cause. Il se plaint de fortes douleurs au buste et de crises de tachycardie, de coliques néphrétiques, de pertes momentanées de connaissance et de fortes douleurs à la cheville gauche, accompagnées d’inflammations et de l’affaiblissement causé par la dénutrition. Mon frère, qui a toujours bénéficié d’une constitution physique très forte, se trouve aujourd’hui avec un poids qui ne dépasse pas les 45 kilos. Dans une lettre que je viens de recevoir, il me dit que sa santé s’est considérablement détériorée et qu’il se sent très mal. De plus, le 4 janvier, alors qu’il était autorisé, pour la première fois depuis le 20 août, à recevoir la visite de sa famille, j’ai pu constater de visu que sa santé était très mauvaise bien qu’il essaya de me dissimuler ses souffrances afin de ne me pas m’inquiéter. Je me rendais pourtant compte de combien il se fatiguait lorsqu’il parlait. Je fais appel à la solidarité internationale afin que la situation de mon frère soit suivie de près. Je demande au gouvernement cubain de le remettre immédiatement en liberté, car sa santé se détériore de jour en jour. Le gouvernement cubain connaît parfaitement l’état de santé de mon frère. Il sait aussi que Jorge Luis est emprisonné de façon illégale, qu’il n’a pas accès à l’assistance médicale et que les autorités de la prison ne lui permettent pas de recevoir les médicaments qui lui sont envoyés de façon humaine et généreuse par des amis de l’exil. Afin d’améliorer sa santé." Berta Antúnez Pernet Prisonniers de droit commun et de conscience, ils sont des milliers dans le cas de Antunez. Le cas du prisonnier politique Marcelo Diosdado Amelo Rodríguez, 51 ans, est lui aussi critique et illustre particulièrement bien la mentalité des autorités. Détenu à la prison de Boniato, il souffre d’insuffisance circulatoire chronique et d’hypertension artérielle. Il a été soumis à deux opérations chirurgicales en octobre et en décembre 1998. En février, la cicatrice due à la dernière opération s’infecte. Les médecins de la prison ne lui portent aucun secours parce qu’ils ne possèdent pas d’antibiotiques. Les dirigeants de la prison quant à eux interdisent l’entrée de médicaments apportés par la famille. Marcelo Diosdado Amelo a demandé officiellement de bénéficier du plan accordé normalement aux détenus avec une visite tous les 45 jours, et l’accès à un pavillon indépendant pour la visite de son épouse. Le bénéfice du plan lui a été refusé. Depuis le début de l’année la direction a expressément autorisé les gardes à frapper les détenus. Des barreaux ont été ajoutés aux fenêtres des cellules. Les visites familiales et l’autorisation de recevoir un panier de nourriture et des médicaments ont été diminué à 3 par an. Amelo est détenu dans un cachot depuis 20 mois. Il avait été condamné à 20 ans de prison dans le procès 14/1993. En 1996 il avait été placé en liberté conditionnelle puis enfermé de nouveau sans aucune explication. Le plus affligeant est que les autorités de la prison ont déclaré à son épouse, Raysa Lora Gaquín, qu’il resterait enfermé jusqu’à ce qu’il se décide à partir pour l’exil. Marcelo Diosdado Amelo Rodríguez possède un visa officiel pour se rendre aux Etats-Unis mais il ne possède pas l’argent nécessaire pour payer les démarches administratives. A Ariza, Gerardo Sánchez Rodríguez, 28 ans, est décédé le 8 janvier 1999, après plus de 1 mois de grève de la faim. Sánchez Rodríguez avait été condamné à la peine maximale, 30 ans de prison pour assassinat bien qu’il ait été à l’époque, sous traitement psychiatrique. Selon ses déclarations, il avait assassiné un officier de la Sécurité de l’Etat avec lequel il entretenait des relations commerciales illégales. Il avait été arrêté par la police en 1996 après avoir été pris en train d’écrire des slogans anti gouvernementaux sur les murs de son quartier Le 6 décembre dernier, il entamait une grève de la faim afin de pouvoir suivre un traitement psychiatrique. Le 24 décembre, le détenu politique, Vladimiro Roca Antúnez, alerte le second chef de l’ordre intérieur de la prison, Osmany F. Cardoso sur la perte de poids du gréviste et sur sa condition de désiquilibré mental. Le militaire lui répond qu’il est sûre que le gréviste consomme des aliments en cachette car il ne lui semble pas en mauvais état. Le 27 décembre, Roca Antúnez s’adresse au capitaine du DTI et l’alerte sur un possible début d’hémoragie. Les 28 et 30 décembre il reçoit une attention médicale minime bien qu’il soit déjà en état de déshydratation. Il est transféré à l’infirmerie mais il est trop tard. Son état de santé s’aggrave. Le 8 janvier, sur intervention de l’officier Gloria Madelaine Hernández González, membre de la famille, il est transféré à l’Hopital "Gustavo Aldereguía". Peu après son arrivée il décède de déshydratation. Le 11 janvier 1999, Augustin Rosa Cordoba décède en prison préventive alors qu’il était détenu au kilomètre 5 ½ de la route de Luis Lazo dans la province de Pinar del Rio. Depuis 3 heures de l’après-midi le détenu avait demandé une assistance médicale. Un des gardien l’examina et déclara qu’il ne souffrait d’aucun mal. Quelques heures plus tard, au moment de l’appel des prisonniers, le corps de Rosa Cordoba était découvert sans vie. Travail forcé Le travail forcé, dans le cadre des "programmes de rééducation", est obligatoire. La "rééducation" a, en général, pour cadre des installations vétustes sans la moindre sécurité quant aux conditions de travail, au personnel d’encadrement et au matériel de protection. Les accidents sont nombreux. A la prison de haute sécurité Kilo 5 y medio, à Pinar del Rio, un reclus est pratiquement broyé par le moulin d’un appareil à tisser, dans le service de charpenterie, aucune protection n’est offerte pour ceux qui travaillent avec des ustensiles tranchants. Le résultat est la perte de bras, de jambes ou de doigts sans que des mesures soient prises pour éliminer ces dangers. La fonderie d’aluminium est le site où le plus d’accidents arrivent parce que les détenus ne travaillent pas avec les vêtements où les chaussures adéquats. Les vapeurs causent des pertes de vue et des brûlures. Les salaires sont évidemment misérables. Ils sont envoyés automatiquement aux familles des détenus. Certaines déclarent ne recevoir que 3 ou 4 Pesos (1 Franc). L’entreprise touristique Habanatour a ouvert dans la prison de " Kilo 7 de Camaguey " une teinturerie où les détenus doivent travailler de longues heures sans l’alimentation adéquate. Pour cette raison, les détenus ont effectué de nombreuses protestations. Les reclus doivent accomplir des travaux agricoles. Ils travaillent plus de 10 heures par jour dans des conditions inhumaines sans que l’on prenne en compte les conditions climatiques, le manque de vêtements et de chaussures pour ces travaux. Ces conditions déplorables créent à leur tour des problèmes de santé. Les détenus du centre correctionnel Inocencio de Quivican, près de La Havane sont soumis à la brutalité des gardes et doivent travailler près de 12 heures par jour sans être payés. Ils sont obligés de nettoyer les fosses communes de la prison avec les ustensiles réservés à leur hygiène personnel. Un plainte a été déposée par des familles de détenus auprès de La Coordination Nationale des Prisonniers Politiques. Les gardes dénoncés sont le sous officiers Alexis Padilla, chef de l’ordre, le Capitaine Monier, directeur de la prison dont ils citent l’extrême grossièreté. Mauvais traitements, passages à tabac et châtiments Les prisonniers politiques sont systématiquement victimes d’injustices et de violations flagrantes de leurs droits perpétrés par le Capitaine Miguel Matias Olivar, officier du contre-espionnage affecté à la prison provinciale de Guantanamo. Le détenu Joaquin Aguilera Guevara a été détenu en cellule d’isolement sans eau courante ni ventilation. Il vit nu et est obligé de rester à même le sol, au milieu d’excréments de rats, de cafards et autres insectes, nous précise Mr. Fonseca Ochoa. Fonseca signale que Guevara a commencé le 15 janvier 98 une grève de la faim parce qu’on lui a suspendu son droit de visite. Il a été transféré nu au commissariat de police de la municipalité de El Salvador à Guantanamo avant d’être incarcéré dans un autre cachot disciplinaire. Le 4 février Aguilera Guevara a été tabassé parce que, selon les déclarations du Capitaine Olivar, il n’avait pas voulu collaborer à une inspection de routine. Mr. Aguilea Guevara purge une peine de 10 ans de prison pour "attentat" et "outrage". Omar Bétancourt Texidor avait seulement demandé à être transféré de la prison de Guantanamo à une prison proche de Santiago de Cuba afin que sa famille puisse lui rendre visite sans avoir à effectuer un périple rendu difficile par l’état des transports en commun. La réponse a été particulièrement violente. Julio Leléndez, le deuxième chef de la prison, l’a tabassé jusqu’à ce qu’il s’écroule et a continué à lui asséner de coups de pieds. Betancourt Texidor, âgé de 26 ans a été condamné à 4 ans de réclusion pour sortie illégale du pays. Suite au passage à tabac, il est resté inconscient plusieurs heures. Dans la même prison un détenu de droit commun, Andy Frometa Cuenca a été tabassé et enfermé dans un cachot pour avoir demandé le suivi d’une diète recommandée par le médecin de la prison. Ernesto Lucas Carras Cabrera, 23 ans, qui souffre de bronchite chronique et d’oedèmes pour s’être fait tabassé, Juan Roviles Revilla, 37 ans, qui souffre d’hypertension, Juan Carlos Herrera Acosta, 31 ans, qui souffre d’hypertension artérielle chronique, Walter Estrada Arencibis, qui souffre des amygdales et Manuel Jardines Sobrino, tous condamnés pour tentative de sortie illégale se voient privés de toute assistance médicale, en dépit de leurs nombreuses demandes. Tous ont été condamnés pour ces délits à des peines oscillant entre 4 et 6 ans. Le cas de Jorge Luis Garcia Pérez (déjà cité), 34 ans, est particulièrement grave. Tabassé, insulté, victime de réflexions racistes, il a été mis au cachot pour avoir insisté afin de recevoir les médicaments que lui avait apporté sa famille à la fin du mois de décembre. Il a été condamné à 15 ans de réclusion pour propagande ennemie. Le 12 février 1998, le régime Cubain se défend devant les accusations formulées par différentes organisations internationales sur les mauvais traitements et la dénutrition dans les prisons communes. Dans un rapport élaboré pour les Nations-Unies, le gouvernement cubain soutient que dans ses prisons, une nourriture équilibrée et supervisée par des nutritionnistes, est offerte aux détenus. Cuba déclare que si la situation n’est pas excellente, "c’est de la faute du blocus américain". José Manuel Vivanco de Human Right Watch a répondu qu’absolument tous les rapports émanant de l’île dénoncent des conditions épouvantables de détention. Il a rajouté que si les conditions de détention étaient aussi excellentes, le gouvernement cubain devrait permettre aux organisations humanitaires de venir les visiter. La délégation cubaine a déposé un dossier sous la direction de Carlos Amat, ancien procureur accusé lui même d’avoir ordonné l’exécution d’au moins une centaine de personnes en l’absence de toute procédure juridique et sans reconnaître aucun droit à la défense. En 1980, sous ses ordres, trois frères d’une vingtaine d’années, Témoins de Jéhovah avaient été extirpés de force de la Nonciature de la Havane où ils avaient trouvé refuge pour être fusillé un mois plus tard sans aucun procès. Leur mère avait été condamnée à 10 ans de prison. Alors que certaines organisations dénoncent l’existence de 600 prisons sur l’île, la délégation Cubaine en reconnaît 250, dont 19 de régime fermé. Selon le Dr Ricardo Bofill, Président du Comité Cubain Pour les Droits de l’Homme, le rapport est basé sur une loi votée en 1997 mais qui reste totalement inappliquée. Selon plusieurs dépêches publiées par l’agence Proyecto Cuba Prensa Libre, les semaines précédant la venue du Pape ont été marquées dans la prison de Ariza et la prison de Cienfuegos, par un adoucissement de la tolérance religieuse et du traitement des prisonniers par les autorités pénitentiaires. Les 5 jours de la visite papale sont qualifiées de "grâce divine" dans les prisons. Une fois le Pape parti de Cuba, les conditions se sont de nouveau dégradées avec leur cortège de mauvais traitements, de privation d’assistance médicale et de répression antireligieuse. Marvin Hernandez Monzon, de Cuba Press cite le passage à tabac, le 1er février d’un détenu âgé de 20 ans, Lazaro Juley Fernandez Jimenez ainsi que de Antonio Molina Suñez âgé de 17 ans. Ayant quitté la prison pour l’exil au Canada, le docteur Del Pozo raconte comment après une demande d’asile politique infructueuse effectuée en 1982 en Inde, il a été remis de force aux autorités cubaines, puis transféré à Hanoï et à Moscou avant d’être rapatrié secrètement à Cuba par bateau pour y purger une première peine de 4 ans de prison pour "abandon de fonctions publiques à l’étranger". Libéré en 1985, il se joint au CCPDH (Comité Cubain pour les Droits de l’Homme) de Ricardo Bofill. En 1995 il est condamné à 15 ans de prison pour "révélation de secret d’Etat". "Désormais notre premier devoir est de lutter pour la libération de tous les prisonniers politiques et de dire au monde que leur vie est monstrueuse, terrible et répressive". Alonso Romero qui a passé 5 ans en prison déclare que son épouse n’a pas reçu une seule de ses lettres mais des imitations exprimant qu’il reconnaissait être un aventurier, qu’il l’avait abandonné et que chaque jour il devenait de plus en plus partisan des principes de la révolution". Les détenus de la prison de Guantanamo dénoncent les conditions de vie "atroces" dont ils souffrent. Javier Garcia Perez, Andrés Soler Valeriño, Francisco Guzman Pérez, Jorge Alvarez Sanchez, Juan Carlos Fonseca et Jorge Enriquez Prado Herrera ont tous été condamnés pour "tentative de sortie illégale" par la base de Guantanamo. Le règlement est particulièrement difficile. L’alimentation consiste en un peu de riz et de soupe 2 fois par jour ainsi qu’un peu de pain et de bouillie pour le petit déjeuner. Ils n’ont pas le droit au soleil. Certains d’entre eux souffrent de blessures graves conséquentes à l’explosion d’une mine. Les deux officiers accusés d’avoir tabassé le journaliste Bernardo Arevalo Padron à la prison de Ariza, près de Cienfuegos seront mis à la disposition de la justice. Le capitaine Hermès Hernández et le lieutenant René Orlando ont été inculpés par le procureur militaire. Le passage à tabac a eu lieu le 11 avril 1998, après que des officiers aient découvert des slogans contre le gouvernement. Ceux-ci accusèrent immédiatement Arevalo Padron et Augusto C. San Martín. Les mesures de rétorsion envers les deux officiers ont été prises une semaine plus tard lorsque le responsable a été découvert comme étant un autre détenu Félix Canosa. Le major Palma et l’officier en second de la prison, le lieutenant Raúl Rojas, se sont rendus au cachot où est enfermé Arevalo Padron pour lui signifier que les officiers avaient été inculpés. Celui-ci a réussi à faire sortir une note où il décrit son calvaire : " René a été le premier à me frapper et à me mettre les épaules contre le mur, il m’assena trois coups de poing dans l’abdomen, puis des claques… une fois à terre il m’a donné deux coups de pied, un dans le tibia droit et l’autre dans l’épaule gauche [. . .] Les coups qui m’ont fait le plus mal furent ceux du capitaine Hermès qui me frappait avec un bâton sur le crâne, le cou, le visage, l’abdomen, le rein droit… en même temps il criait " Gusano " (Vermine), fils de pute, je vais te sortir toutes tes dents ". Arévalo purge une peine de 6 ans de prison pour "outrage" à Fidel Castro et au Vice-Président Carlos Lage. Les deux gardiens sont évidemment en liberté. Bernardo Arevalo Padron sera resté lui, longtemps enfermé dans un cachot, "pour sa protection". Des détenus de la prison de Guajamal, dans la province de Las Villas, se plaignent du manque de nourriture qu’ils reçoivent. Même les 95 des 697 prisonniers qui devraient bénéficier d’une alimentation équilibrée en raison de leurs problèmes médicaux souffrent d’une dénutrition "alarmante". Un communiqué de la Coordination Nationale des Prisonniers Politiques fait apparaître un rapport effectué par le prisonnier José Rodríguez Hernández. Il cite le cas de Enrique Mesa, qui souffre de tuberculose et dont le poids est descendu à 47 kilos pour 1m72. Il indique que les mauvais traitements et les conditions de vie sont telles que beaucoup de prisonniers recourent à l’automutilation. Il cite aussi le cas de Juan Carlos Bermúdez, qui en décembre 1997 s’est coupé 5 tendons en essayant de retirer des menottes. Le prisonnier politique Ivan Lemas Romero, qui avait commencé une grève de la faim en octobre 1997 et l’avait arrêtée contre son gré le 24 février suivant, à cause d’une intervention violente des autorités, souffre de polyneuropathie et de diarrhée chronique. Les autorités de la prison El Pre, où il est enfermé, s’accordent à dire que son état de santé n’est pas compatible avec le régime pénitentiaire, mais le Département de Sécurité de l’Etat, seule autorité pouvant valider une liberté conditionnelle ne semble pas se soucier de la vie d’un être humain, surtout si c’est un opposant au régime.
Suicides et auto-aggressions de prisonniers Le désespoir est tellement terrible pour ces détenus, leurs conditions de détention sont tellement pénibles qu’un nombre assez élevé d’entre eux cherchent dans l’auto agression et le suicide une voie de sortie. Rappelons que Cuba détient le taux le plus élevé de suicide de tout le continent américain. Dans la prison El Pre de la province de Villa Clara, des détenus s’inoculent le SIDA, d’autres se coupent les veines, les tendons, les parties génitales où s’ouvrent le ventre, entre autres formes d’auto-aggression qu’adoptent les prisonniers communs pour essayer de s’échapper de la prison et des condamnations selon eux injustes et trop longues, qu’on leur a imposé. A la prison de Ariza, les détenus s’auto agressent quotidiennement. Certains essaient de se suicider dans leur cellule et ne reçoivent pas l’assistance médicale indispensable. C’est le cas du prisonnier Orelbis Chaviano Sánchez, qui demande constamment des soins mais sans succès. Autre exemple, le jeune détenu Adriano Medina qui a effectué une grève de la faim prolongée car on l’avait puni pour un délit qu’il n’avait pas commis a tenté plusieurs fois de se suicider. Le 9 janvier, Pedro Noa de Armas entamait une grève de la faim parce qu’il désirait que son avocat puisse définir sa situation légale. Comme en 1997, aucune organisation de Droits de l’Homme n’aura reçu l’autorisation de se rendre à Cuba. Aucune organisation officielle n’aura pu se rendre dans les prisons et s’entretenir avec les détenus. Le rapporteur spécial pour Cuba de la Commission des Droits de l’Homme de l’ONU déclare dans son rapport pour l’année 1997-98 que Cuba continue à violer les Droits de l’Homme, à persécuter les dissidents et à interdire la liberté d’expression malgré les espoirs de tolérance qu’a réveillés la visite de Jean Paul II. Le rapporteur suédois, Carl Johan Gros indique " qu’il n’y a pas eu de changement dans la situation des Droits de l’Homme par rapport à l’année précédente et depuis la visite du Pape ". " En dépit de quelques libérations, les mêmes délits continuent à être sanctionnés. Des dissidents, des journalistes et syndicalistes indépendants continuent à être envoyés en prison où les conditions de détention sont infernales ". Il cite le cas de la prison de " Combinado Sur ", dans la province de Matanzas, où les détenus doivent s’abriter avec des morceaux de plastique pour se protéger des infiltrations d’eau, "les traitements cruels et dégradants, sous la forme de châtiments cruels, d’insultes et d’obscénités, de cris et de passages à tabac". Il ajoute aussi que l’embargo économique des Etats-Unis contribue à la rigidité du système actuellement en vigueur. " L’embargo sert de prétexte pour maintenir la population sous un stricte contrôle et pour châtier ou réprimer ceux qui travaillent au changement politique ou à l’ouverture de l’espace social à l’individu." Il cite les conclusions de l’Association Nord-américaine de la Santé qui déclare que l’embargo a causé l’augmentation de la malnutrition, diminué l’accès à l’eau potable et réduit la quantité de médicaments disponibles". Malgré ce rapport, en 1998, Cuba ne sera pas condamné pour ses infractions par la Commission des Droits de l’Homme… Cette section ne peut conclure sans mentionner l’existence de nombreuses prisons militaires, où des traitements inhumains sont courants. Des milliers de jeunes reclus et de militaires de carrière y seraient enfermés souvent pour des raisons politiques. Une source non vérifiable nous donnait un chiffre de quelques dizaines de milliers de militaires privés de leur liberté. Dans ces prisons militaires, la nourriture serait aussi infecte et insuffisante, se réduisant à des rations de 50 grammes. La prison de la "Ganusa", dans la province de La Havane est connue pour ses mauvais traitements. Un journaliste cite de nombreux parents dénonçant les mauvais traitements infligés à leurs enfants souvent pour s’être absenté un peu trop de la caserne où ils accomplissent leur service militaire. Rappelons enfin que jamais le rapporteur de l’ONU n’aura pu se rendre personnellement à Cuba car il n’a pas reçu l’autorisation du gouvernement cubain. En 1998, la motion, proposée par les Etats-Unis sera rejetée d’une courte majorité. . Nous formulons le voeux qu’en 1999, un autre pays introduira la motion.
DEUXIEME PARTIE : LA REPRESSION INDIRECTE A CUBA LE CAS DE L’EDUCATION, DE LA RELIGION, ET DE L’ECONOMIE
Les rapports sur les violations des Droits de l’Homme à Cuba tendent à se limiter aux infractions de type directe : arrestations et condamnations à la réclusion, mauvais traitements en prison, faux accidents, tabassage, et tortures, sans mentionner les exécutions arbitraires et les plus récentes actions répressives contre les journalistes et les syndicalistes indépendants, ainsi que les dissidents pacifiques. Rien n’est jamais dit sur la répression indirecte qui affecte continuellement les droits fondamentaux des citoyens. Cette analyse donne une vue d’ensemble de la répression indirecte et est basée sur l’analyse du système en lui même et sur son évolution en 1998. Le droit de choisir librement un système éducatif a été supprimé en 1961, lorsque toutes les écoles privées sont confisquées par Castro. Depuis, tous les étudiants sont soumis à un endoctrinement constant et à un embrigadement qui les pousse à partir effectuer des travaux agricoles loin de leurs familles. L’instrument qui illustre le mieux la volonté de contrôle est le Dossier Cumulatif de l’Ecolier (DCE). Le DCE est beaucoup plus qu’un simple livret scolaire comme le montre l’illustration. Il comprend non seulement les informations académiques, socio-économiques et médicales sur l’étudiant mais aussi des appréciations sur son "intégration idéologique", en clair son degré de fiabilité politique. Sans cette intégration, le futur académique et professionnel est largement menacé. Les performances académiques pourront être excellentes, l’étudiant se verra interdire l’accès aux carrières prestigieuses. La confiance idéologique est analysée dans la Section V du document "Conditions socio-économiques" du DCE (Section 1). Le comportement "idéologico-comportemental" de l’élève y est mesuré par la mention de l’appartenance ou non à une organisation politique ou de masse (Section 1a). Cette évaluation est faite chaque année au moyen d’un code numérique. Parallèlement, ce rapport fait mention du degré de militantisme montré dans ces organisations. Un chiffre codé indique si la personne est simple membre ou cadre (Section 1b). Chaque année, cette évaluation est mentionnée dans le DCE par le professeur qui doit décrire le type "d’intégration". Le DCE indique aussi l’intégration des parents ou du tuteur (Section 2) et si "la famille pratique une religion ou appartient à une secte" (Section 3). La pratique d’une religion ayant toujours été associée à un manque d’intégration politique, la pratique est traitée comme un point négatif dans le dossier. Les professeurs le rappellent souvent aux étudiants. On doit évidemment reconnaître une augmentation du taux d’alphabétisation néanmoins proche de 80% pour les plus de 15 ans en 1959. A l’arrivée de Castro au pouvoir, les 20% d’analphabètes sont en général des paysans âgés. Des programmes très ambitieux d’alphabétisation feront s’approcher ce taux, officiellement, des 96%. Cuba est aujourd’hui le second pays d’Amérique latine, après l’Argentine, pour le taux d’alphabétisation. Mais d’autres pays du continent ont connu des augmentations comparables en pourcentage sans avoir à recourir à des méthodes aussi violentes que celles qu’applique la Cuba socialiste : Amérique Latine : Taux d’Alphabétisation (%)
Source: UN Statistical book 1957 pp 600-602 ; UN 1997 b pp 85-86
L’annuaire statistique de l’Unesco, édition de 1963, donne les chiffres suivants pour Cuba :
Population illettrée % de la population
- L’âge de l’instruction obligatoire était de 4 à 14 ans. L’instruction primaire et secondaire étaient gratuites (Constitution de 1940 : Titre V, Section 2, articles 48 à 55). L’article 49 institue à la charge de l’Etat l’enseignement gratuit pour les adultes afin d’éradiquer totalement l’analphabétisme dans les campagnes et d’offrir des cours de formation technique. - L’enseignement, de par l’article 55 de la Constitution, était laïc. - Le taux d’inscription scolaire pour les premiers et second degrés était de 50% en 1950, 52% en 1955, et 72% en 1960.
Conséquence de l’encadrement du système d’éducation primaire, le fameux droit à l’éducation supérieure est soumis à l’engagement politique et au "volontariat" pour les tâches collectives (construction, récolte de la canne à sucre, exercices militaires et tours de garde). Peut-on donc qualifier de gratuite une éducation pour laquelle on doit payer en allant passer ses moments "libres" en coupant de la canne à sucre, en surveillant ses voisins ou en participant à des séances d’endoctrinement ? L’éducation se paie en travaillant dès le lycée en partant pour de longues périodes "étudier à la campagne". Les séjours durent de 45 jours à 3 mois, sans compter les "travaux volontaires" effectués le week-end.
L’université, selon les paroles maintes fois répétées par Fidel Castro, est "un droit des révolutionnaires". Les étudiants ont tous les ans un mois de travail obligatoire aux champs pendant leurs vacances. Il existe aussi un plan d’étude et de travail appelé "plan d’insertion" auquel les étudiants en première année universitaire doivent se soumettre dans différents organismes professionnels (réparation des routes pour les ingénieurs, enquêtes, travail en usine). L’équivalent du stage ouvrier que connaissent nos pays est ainsi répété à la seule différence que le stage n’est jamais rémunéré. Les étudiants qui ratent une année universitaire doivent travailler pendant une ou deux années gratuitement dans un centre de travail qui émettra un rapport notant la conduite de l’élève. Les paramètres sont la ponctualité, l’efficacité mais aussi la conduite vis-à-vis de la révolution. Afin de pouvoir suivre des cours de langues étrangères, il est absolument nécessaire de payer au comptant 20 Pesos par mois et d’avoir une carte du centre du travail qui atteste de l’intérêt du gouvernement afin que la personne apprenne une langue. La carte témoigne aussi de "l’intégration politique du travailleur". Il n’est pas question d’enseigner les langues afin que l’élève sorte ensuite du pays. Les écoles du ministère du tourisme facturent les cours à leurs élèves entre 90 et 120 Pesos par mois. Les crèches ou "circulos infantiles" sont réservées à ceux qui ont une recommandation du Parti Communiste, du syndicat officiel ou des organisations de masse (CDR ou fédération des femmes). Ils doivent payer entre 40 et 60 Pesos par mois, par enfant, soit près de 30 % du salaire moyen. Les élèves, de la maternelle à l’université, doivent être affiliés à des organisations "politiques ou de masse" dirigées par le PC et l’Union des Jeunes Communistes. Ces organisations sont l’Union des Pionniers de Cuba, la Fédération des Etudiants de l’Enseignement Secondaire et la Fédération des Etudiants Universitaires dans lesquels ils doivent payer une cotisation annuelle de 2,5 pesos pour les pionniers (UPC). De plus, la supposée gratuité est annulée par la "loi du service social" qui permet d’envoyer l’étudiant à n’importe quel endroit du territoire pendant 3 ans. Pendant les 2 premières années, le diplômé gagne 198 Pesos ou 60 Francs par mois. Dans le cas des techniciens moyens le même système s’applique mais le salaire est de 148 Pesos ou 40 Francs par mois. Dès la maternelle, les élèves apprennent que les Américains incarnent le diable et qu’ils peuvent attaquer d’un moment à l’autre pour détruire Cuba. L’étudiant, quelque soit son cursus, doit suivre des cours de "matérialisme dialectique", "matérialisme historique", "économie politique du socialisme", "économie politique du capitalisme", et "communisme scientifique". Pendant toute la durée de ses études il doit aussi suivre des cours militaires et reçoit une préparation en stratégie afin de devenir officier. Tout diplômé de l’université passe à la réserve de l’armée cubaine avec le grade de Lieutenant ou de Premier Lieutenant. Les cadres intermédiaires (techniciens) reçoivent le grade de sous officier ou de sous lieutenant. Nous sommes en droit de nous demander à quoi sert une éducation s'il n’y a aucun choix de lecture. La presse étant totalement censurée, on peut remplacer facilement le mot éducation par l’expression plus appropriée de "conditionnement", l’information de "propagande et la politique culturelle de lavage de cerveau". "Hier Marti ("l’apôtre" de l’indépendance vis-à-vis de l’Espagne), aujourd’hui Fidel, nous suivrons tous le chemin du Che" est le leitmotiv. Peut-on appeler éducation cet endoctrinement qui vise à soumettre les jeunes générations au joug du pouvoir ? L’apparence physique des "pioneros", les pionniers, avec leur discipline militaire, leur salut, leurs chants et un encadrement qui vise à les orienter politiquement et à les éloigner de leurs parents provoque, chez ceux qui ne sont pas émerveillés par le folklore et l’innocence des enfants, un sentiment de malaise. Le fascisme est là dans toute son horreur. La culture a toujours été un des plus grands orgueils des pays communistes. On sait depuis des années que la censure a toujours dominé cette "culture". Castro lui même n’a cessé de répéter que le champs de la création artistique était limité "à l’intérieur de la révolution". Les intellectuels sont les premiers à être persécutés par la police politique, à être victimes des "actos de repudio", les actes de répudiation inspirés des mouvements de foule nazis, à être insultés en public et à être condamnés à l’incarcération.
En matière d’éducation, on peut reconnaître l’accroissement du nombre d’étudiants de l’éducation supérieure. L’effort est louable. Sur l’éducation et la santé, le régime cubain a fait rêvé des générations et aurait pu profiter de cette démarche unique ainsi que de tout l’enthousiasme qu’il avait soulevé à ses débuts, afin d’apporter la prospérité à son peuple. Il n’en n’est rien. Tout pays peut mener une politique ambitieuse pour l’enseignement et la culture sans avoir à mettre en place des structures totalitaires. Les étudiants sont soumis dès l’école maternelle à une ségrégation basée non seulement sur leur propre "intégration politique" mais aussi sur celle de leur famille. Tous les cadres et les scientifiques, tous les responsables auxquels ont affaire les étrangers sont donc beaucoup plus propices à soutenir le régime que le reste de la population, d’autant plus que la nature répressive du système les engage à l’autocensure. La critique la plus légère peut être sanctionnée par la perte des titres universitaires, des privilèges et la rétrogradation aux métiers les plus subalternes. Pour cela nous n’avons rien à constater de nouveau ou d’original par rapport au système soviétique. Par exemple, à l’Université du camp Maria Esobar Laredo, dans le village de Dolores, près de Caibarién, dans la province de Santa Clara, 430 élèves et 60 professeurs souffrent de sérieux problèmes d’intoxication alimentaire à cause du mauvais état des canalisations et de brèches dans les tuyauteries. Chaque jour près de 30 000 litres d’eaux usées se déversent dans la nappe phréatique, ce qui contamine l’eau potable. Les étudiants et les professeurs souffrent de problèmes intestinaux dus à la présence de nombreuses bactéries comme la salmonelle. La situation est connue des autorités depuis 4 ans. Le médecin de cette école, le Docteur Pedro Cuyo Pérez, a été sanctionné et expulsé pour avoir dénoncé le problème et exigé auprès du Parti et du Pouvoir Populaire la réparation. En réaction à la dégradation de l’enseignement, des professeurs ont créé, en juillet 1996, le Collège des Pédagogues de Cuba. Ce syndicat d’enseignants compte quelques 200 membres répartis entre des professeurs de l’enseignement secondaire et universitaire (130), des instituteurs (60) et des assistants pédagogiques (10). L’objectif principal de cette organisation passe par la dépolitisation de l’enseignement. Outre une meilleure rémunération et une remontée du prestige de la fonction enseignante, le Collège demande la liberté de choix des études pour les étudiants, la restitution pour les parents du droit de choisir librement l’éducation de leurs enfants, ainsi que l’arrêt de pratiques comme la séparation dès le plus jeune âge des enfants de leurs parents et la liberté religieuse. Le créateur et Vice-Président de l’association, Roberto de Miranda, a évidemment été renvoyé de son poste d’enseignant et travaille actuellement comme auxiliaire dans une maison de retraite. Il est victime de la persécution continue des autorités. Le système viole les articles 2, 12, 18, 26 et 27 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. La religion catholique à Cuba est, de par les origines espagnoles des Cubains, majoritaire. Son emprise depuis l’indépendance, n’a jamais eu aucune commune mesure avec celle des autres pays latino-américains. Les enquêtes faites sur la pratique religieuse dans les années 50 révèlent que seuls 20% des Cubains étaient pratiquants. 80% étaient baptisés. L’Eglise et l’Etat sont séparés depuis l’indépendance. Ce phénomène, unique en Amérique latine, s’explique par l’engagement de l’Eglise catholique cubaine aux côtés de l’Espagne pendant la guerre d’indépendance. Dès 1960 des prêtres sont expulsés, les écoles privées, en général catholiques (350), sont fermées ou confisquées et des campagnes très virulentes sont lancées contre les "superstitions bourgeoises". Des esclandres sont provoquées dans les églises et à la sortie des messes. Les prêtres et les bonnes soeurs étrangers qui sont considérés comme "suspects" sont poussés à quitter le pays et leurs visas d’entrée ne sont pas renouvelés. Fin 1961, Castro saluera avec satisfaction le départ d’une centaine de "curés phalangistes". L’entrée de prêtres a été très sévèrement limitée et le gouvernement a réussi à maintenir leur nombre au niveau de celui de 1961 (moins de 300 prêtres pour 6 millions d’habitants en 1961, 11 millions aujourd’hui). Toutes les religions auront été persécutées. La répression a souvent été menée de façon subtile et s’est manifestée sous la forme de discrimination à l’école et sur le lieu de travail. Etre religieux a impliqué et implique toujours une mention sur le DCE et sur le livret de travail. Cuba n’a pas connu de persécutions religieuses violentes. Castro a très bien su éviter la création de martyres. Les églises n’ont pas été brûlées ou fermées massivement mais toutes les écoles religieuses et les séminaires privés ont été confisqués. Beaucoup de prêtres ont étés discrédités, détenus et persécutés. L’actuel archevêque de La Havane, Mgr. Ortega, a même passé 2 années dans un camp de travail. Dans les années 60, les croyants ont été particulièrement harcelés. Beaucoup ont été envoyés dans les camps de l’UMAP (Unités Militaires d’Aide à la Production), incarcérés ou expulsés, mais d’autres motifs que la religion ont été utilisés pour les emprisonner et réprimer la religion en général. Des formulaires écrits de vérification sont toujours utilisés pour discriminer à l’école et au travail. Dès les premières années, les enfants se voient enseigner l’athéisme à l’école. Depuis 1970, la célébration de Noël a été éliminée, suivant celle de la semaine sainte et celle de l’Epiphanie ou des Rois Mages, qui était le jour où les enfants recevaient leurs cadeaux. Beaucoup de carrières et de promotions à des postes d’encadrement sont déniées aux croyants. Depuis 1959, la construction de nouvelles églises n’a pas été autorisée. Beaucoup d’églises, surtout dans les campagnes, tombent en ruine à cause du contrôle absolu qu’exerce l’Etat sur les matériaux de construction et les permis de réparation. On a pu constater qu’en dépit des persécutions, le nombre des croyants augmente. Avec le manque d’églises, des "maisons du culte" ont été érigées, souvent construites par des missions évangéliques. Récemment, beaucoup de ces maisons ont été fermées. L’une d’elles fut même détruite en 1996 dans la ville de Jiguani. L’interruption des services religieux est encore une chose courante, surtout en province. A cause de son efficacité pastorale, un pasteur de Camaguey, Orson Vila a été assigné à résidence. A la Havane, le pasteur Alejandro Nieto a été harcelé et menacé de mort. Malgré cette persécution, l’Eglise catholique aura été la seule institution religieuse relativement préservée (il y aurait aujourd’hui 1500 personnes de confession israélite sur toute l’île) contre plus de 15 000 en 1959. Elle arrive à servir d’échappatoire aux citoyens croyants ou non. A la veille de la venue du Pape, l’autorisation de célébrer Noël a été restaurée exceptionnellement. Il aura fallu attendre le début du mois de décembre 98 afin que la direction du pays décrète, par l’intermédiaire d’un éditorial de Granma, le quotidien du Parti Communiste, que Noël allait redevenir définitivement un jour férié. Depuis la chute du bloc soviétique, l’Eglise Catholique bénéficie d’une croissance comme elle n’en a jamais connue depuis 1959. Seule institution indépendante tolérée, elle va offrir un lieu de réunion idéal pour les opposants. Castro va essayer de récupérer le mouvement et permettre l’accès des croyants à des postes d’encadrement. Il va ensuite réussir à faire venir le Pape à Cuba et gagner ainsi une certaine légitimité et de "nouveaux amis", trop heureux de pouvoir faire des affaires sans trop culpabiliser en s’alliant à un régime totalitaire. Le voyage du Pape et ses conséquences L’organisation de ce voyage n’aura pas été de toute facilité. Jusqu’au dernier moment, les négociations seront serrées quant aux trajets, à la retransmission des messes à la télévision cubaine et quant aux concessions faites à l’Eglise sur une plus grande liberté. Dès son arrivée le 21 janvier 1998, le Saint Père demande "que le monde s’ouvre à Cuba et que Cuba s’ouvre au monde"….. Le 24 janvier 1998, l’Archevêque de Santiago De Cuba, Pedro Meurice, déclare lors de son discours d’accueil au Saint Père "Quelques Cubains ont confondu la patrie et un parti politique" "Sainteté, ceci est un peuple noble mais c’est aussi un peuple qui souffre" " la nation vit ici et dans la diaspora. Les Cubains souffrent, vivent, et espèrent ici et en dehors. Nous sommes un seul peuple. " L’Eglise catholique a beaucoup souffert de sa confrontation avec le Marxisme-Léninisme" "le peuple doit apprendre à démystifier les faux messianismes". Le Pape aura enchaîné pendant la messe en parlant de "la vrai liberté qui inclut la reconnaissance des Droits de l’Homme et de la justice sociale". " La souffrance n’est pas que physique…Il existe aussi une souffrance de l’âme que subissent ceux qui sont persécutés, ceux qui sont enfermés pour différents délits ou pour raison de conscience…" "la véritable liberté inclut la reconnaissance des Droits de l’Homme et de la justice sociale". Le Saint Père a demandé expressément la liberté d’expression et d’association "pour pouvoir collaborer de façon efficace dans la recherche du bien commun". Il a ensuite visité la léproserie du sanctuaire de San Lazaro, dans la province de La Havane où il a déclaré une seconde fois que "la souffrance n’est pas seulement physique. Il existe aussi la souffrance de l’âme comme celle dont souffrent les exclus, les persécutés, les prisonniers pour délits communs ou pour raison de conscience, pour des idées pacifiques mais discordantes…" " Je transmet à tous les prisonniers mes cordiales salutations et les exhorte à ne pas se laisser abattre par le pessimisme". Pendant la messe de La Havane, quelques arrestations sont effectuées par des agents de la sécurité de l’Etat habillés en infirmiers. Les prévenus sont embarqués dans des ambulances portant le logo de la Croix Rouge. Un couple qui s’apprête à lever une pancarte contenant le slogan "A Bas la dictature des frères Castro" est arrêté peu avant l’entrée du Pape sur la Place. Un jeune qui commençait à crier des slogans pour la liberté est peu après embarqué. Un homme de 40 ans interrogé par des journalistes de ABC est embarqué aussitôt après l’interview. Les témoins des incidents ont préféré ne pas réagir. Bien que de nombreux participants crient le mot "Libertad", liberté, ou "Le Pape libre nous veut libre", il n’y a pas d’événement majeur. De nombreux témoins affirment que la présence policière, et surtout d’agents de la Sécurité de l’Etat habillés en civil, était particulièrement visible. Ainsi les quelques opposants dont le slogan est " Juan Pablo amigo, llevatelo contigo" (Jean-Paul ami, emmène le - Fidel Castro - avec toi) n’ont pas été suivis. Le 23 février 1998, on apprendra par un article du Miami Herald qu’avant même le départ du Pape, des prêtres sont victimes de représailles. L’archevêque de Santiago De Cuba et le Père Picky se sont vu interdire d’assister au départ du Pape pour les propos qu’ils avaient tenus pendant sa présence dans l’île. Monseigneur Meurice sera convoqué quelques jours plus tard par les dirigeants du PC de Santiago. Ricardo Alarcon, le Président de l’Assemblée Nationale, déclarera que le discours lui a rappelé " une époque lamentable du début de la révolution, quand certains clercs avaient une attitude antipatriotique". L’organisation indépendante américaine "Center for a Free Cuba", dénonce l’interprétation des paroles du Saint Père lors de son voyage dans l’île. Ainsi l’organisation s’est appliquée à compter ses mots clef : Le Pape a prononcé les mots
Le pape n’aurait ainsi prononcé le mot embargo qu’une fois. "A observer la presse on dirait que le but du voyage n’était que la levée de l’embargo" a déclaré le Président de l’association, Franck Calzon. Jean Paul II a eu des discours beaucoup plus axés sur le spirituel et le religieux . Il a ainsi prononcé le mot
Il a aussi prononcé les mots "peur" et "réconciliation" 5 fois, et 3 fois le mot "prisonnier". Il s’est référé 4 fois aux exilés Cubains et a mentionné 6 fois le nom du cardinal de la Havane, Mgr Ortega et Fidel Castro 4 fois. Le Pape n’a pas prononcé une fois le mot "Etats-Unis". Plus d’un an après le voyage, le résultat de la venue du Pape est contrasté. Si il y a un début de tolérance religieuse, celle-ci reste extrêmement limitée. Une quarantaine de prêtres ont été autorisés à venir prêcher dans l’île. Quelques processions ont été autorisées, l’Archevêque de La Havane, Mgr. Ortega a pu s’adresser à la radio et le bulletin de l’Eglise "Palabra Nueva", la Nouvelle Parole, est autorisé. Le 1er décembre 1998, la date du 25 décembre, nous l’avons vu, a été rétablie en tant que jour férié. L’opposition, dans son immense majorité a considéré la nouvelle comme un acte de propagande hypocrite, un acte de publicité visant à donner aux "amis de Cuba" des arguments afin de démontrer qu’il y a une "ouverture". Mais la nature du régime reste profondément la même et les actes de répression envers les religions restent particulièrement nombreux. En mars 1998, le seul prêtre nord américain résidant à Cuba doit quitter l’île. Le capucin Patrick Sullivan quittera Cuba pour des raisons personnelles a d’abord déclaré l’Evêque de Santa Clara, Mgr Fernando Prego, niant les rumeurs d’expulsion. Dans une lettre distribuée à ses fidèles, le prêtre explique qu’étant muté de sa paroisse de Santa Clara à La Havane il se sentait obligé de quitter Cuba "pour ne pas exposer sa paroisse de Santa Clara" à des représailles. Le père Sullivan, âgé de 52 ans déclare "cela n’a pas été mon désir de partir de Santa Clara ou de Cuba mais je le fais à cause d’une action unilatérale du Parti Communiste Cubain. Il avait été critiqué par le régime pour un entretien offert au Boston Globe dans lequel il critiquait le manque de pluralisme politique à Cuba, puis pour la distribution de copies de la Déclaration des Droits de l’Homme puis de sa visite à 3 des jeûneurs de Santa Clara. Le porte parole du Ministère des Affaires Etrangères déclare que "l’expulsion de Sullivan est un problème interne à l’Eglise dans lequel le gouvernement ne peut intercéder". Au moins deux processions religieuses auront été interdites, la première le 17 juillet : les autorités interdisent la procession de Notre Dame Du Carmen à La Havane. La seconde, le 11 août : les croyants de Matanzas, n’ont pas reçu l’autorisation d’effectuer une procession religieuse avec l’image de la Caridad del Cobre, qui fait le tour du pays. Le 22 octobre, le gouvernement expulse une congrégation envoyée par la "Convention Baptiste" d’une maison transformée en lieu de prière dans la province de Villa Clara. La maison est transformée en lieu de réunion pour les jeunesses communistes. Les officiers de la Sécurité de l’Etat essaient de semer la discorde entre les prêtres, les pasteurs et les dissidents. Ceux-ci ont régulièrement été empêchés d’assister à des offices. Ainsi une opération massive a eu lieu à la veille du 13 juillet afin d’empêcher des messes d’êtres effectuées en commémoration de la mort des victimes du remorqueur "13 de Marzo". Le 13 juillet 1994, 41 personnes dont 21 enfants avaient été massacrées sur ordre de Fidel castro alors qu’ils tentaient de fuir Cuba à bord d’un remorqueur. A La havane, une dizaine d’activistes sont pourchassés, frappés et détenus. Les membres des familles des victimes reçoivent la visite de membres de la police politique . A la veille de la procession du 8 septembre en l’honneur de la Vierge de La Charité, 16 activistes sont détenus pendant 72 heures de façon préventive. Une vingtaine de dissidents sont retenus pendant 5 heures au domicile de l’activiste Isabel del Pino. En contrepartie de son unique allocution prononcée à la veille de Noël à la radio, Mgr. Ortega a déclaré qu’il priait pour les dirigeants du pays et continue à dénoncer fortement l’embargo. Il parle désormais de "normalisation des rapports de l’Eglise et de l’Etat". Sa position est très critiquée par une grande partie du clergé et des laïcs. Début février 1999, l’Evêque de Pinar del Rio, Mgr. José Ciro González, déclare: "Les activités sociales des laïcs de Pinar del Río et la revue Vitral continuent à être soumises à un contrôle quasi policier"…"il ne s’agit pas de cas isolés, je fais référence aux lignes de travail et aux orientations générales. L’Evêque cubain a précisé "on ne doit pas confondre la liberté du culte et la liberté religieuse. Celle-ci implique une reconnaissance de l’Eglise dans la société….,certains hauts fonctionnaires définissent Vitral comme une revue subversive"… "Vitral n’est pas et ne sera pas une revue avec ces caractéristiques. C’est une revue ecclésiastique et nous ne permettons et ne permettrons pas qu’elle soit manipulée par des intérêts non scrupuleux." "Parfois, je crois que les fonctionnaires cubains attendent d’un dialogue avec l’Eglise que nous changions, que nous cessions d’exprimer ce que la doctrine sociale de l’Eglise nous enseigne, que se dilue l’identité chrétienne et son compromis socio-économique et politique…Cela n’est pas un dialogue, c’est un monologue."
Il faut donc reconnaître que la discrimination religieuse est moins forte pour l’Eglise catholique. Celle-ci est néanmoins pesante. L’Université, "droit des révolutionnaires", ne permet toujours pas de réunions religieuses. Dans les chambres, les étudiants n’ont pas le droit de garder des emblèmes religieux. Ils n’ont pas non plus le droit de porter un crucifix autour du cou. Un étudiant raconte qu’il a été convoqué par la directrice de son école, au sein de l’Université de La Havane pour se faire admonester : "les étudiants ne peuvent pas porter de bijoux" "je ne porte pas de bijoux" répond l’étudiant, et il montre son crucifix en bois. La directrice lui dit sur un ton nerveux : vous n’avez pas le droit de porter des insignes religieux. L’étudiant remarque que la directrice porte un collier en or. Le système viole les articles 2, 12, 13, 18, 26 et 27 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Tout comme pour la politique, le système économique cubain remplit les critères du totalitarisme. En 1968 toutes les petites entreprises sont confisquées. Le rationnement, imposé depuis 1962, n’a jamais suffi à combler les besoins matériels des habitants. Depuis lors, acheter de la nourriture chez un fermier pour suppléer à l’insuffisance de nourriture est considéré comme un crime. Afin de survivre, le marché noir et l’économie souterraine se sont développés. Face à la nature répressive du maniement de l’économie, chacun devient potentiellement criminel et coupable. La faim est devenue la première préoccupation des Cubains et un moyen de contrôle. Recourir au marché noir est devenu une obligation. L’Etat utilise cet instrument avec efficacité. Il arrive par le biais de l’économie à faire taire bon nombre d’opposants en les menaçant de les faire enfermer pour des motifs de droit commun et non politiques. Il met parfois ses menaces à exécution. Tout Cubain sait qu’il n’existe qu’un seul employeur, l’Etat et à travers lui le Parti Communiste. Pour cette simple raison, il sait que la moindre prise de position critique provoquera son licenciement ou sa rétrogradation. Comme le dit depuis Marta Beatriz Roque depuis sa prison, "chaque Cubain porte en lui même un policier", un censeur. En 1994 on a pu observer une détente des restrictions économiques. L’auto emploi fut autorisé mais limité à quelques activités et des marchés libres paysans furent autorisés. Leurs prix très élevés ne sont pas à la portée des Cubains. Les investisseurs étrangers sont attirés dans l’île. Ils utilisent des employés soumis car il n’existe ni liberté d’embauche ni droit de grève. Le gouvernement perçoit les salaires en Dollar et à son tour paie les salariés en Pesos dévalués. Les rares Cubains qui ont eu l’autorisation de créer leur propre entreprise ne peuvent employer que leur famille proche. Les entreprises sont étroitement contrôlées par l’Etat qui exerce un monopole sur les matières premières. Depuis juin 1998, devant le succès de cette autorisation restreinte de l’initiative économique privée, Castro fait marche arrière. Beaucoup de ces entreprises, principalement les "Paladares" (les restaurants privés), sont harcelées par les règlements et beaucoup doivent fermer sous divers prétextes. Il semble que Castro ne supporte pas que ses sujets gagnent de l’argent alors qu’il encourage les étrangers à partager avec lui leurs profits. Le travailleur cubain est lui aussi soumis au contrôle politico-idéologique. La qualité de son travail et sa soumission politique sont inscrits dans le Dossier de travail qui ressemble beaucoup au DCE. Sur le lieu de travail c’est encore la loyauté politique qui prime sur la compétence technique. Les Cubains n’ont pas le droit de disposer librement de leurs propriétés privées. Ils n’ont pas le droit d’acheter ou de vendre une maison. La seule exception concerne les automobiles de l’ère pré-Castriste. Ne parlons pas de la possibilité de posséder une entreprise comme dans n’importe quel pays libre. Avec l’acceptation par le gouvernement du Dollar comme monnaie légale, les Cubains qui n’ont pas accès aux devises ne peuvent pas se fournir dans les magasins de la "Zone Dollar" ou "Tiendas de Recuperacion de Divisas" (Boutique de Récupération de Devises) qui sont les seuls endroits à être bien achalandés. Les magasins en Pesos sont vides. Il existe un autre type de discrimination à l’encontre des Cubains. Ils se voient interdits d’accès aux lieux réservés aux touristes comme les hôtels, les plages et les discothèques. La presqu’île de Varadero aura été totalement fermée aux Cubains qui n’étaient pas en mission officielle. La presse aura mentionné la mise en place d’un barrage à l’entrée du "paradis cubain". Ces discriminations représentent un véritable apartheid au coeur des Caraïbes. Ce système économique a généré des difficultés jamais imaginable pour le peuple cubain. Autre discrimination choquante : l’autorisation aux investisseurs étrangers et aux "membres de la communauté cubaine de l’extérieur" de créer des entreprises en propre ou en association avec des entreprises d’Etat (dirigées par des militaires et des officiers de la Sécurité de l’Etat). Fidel Castro et Carlos Lage n’auront pas manqué une opportunité de rappeler qu’il n’est pas question de permettre aux Cubains de créer leur propre entreprise. Au moment où les travailleurs "indépendants" se voient frappés par une offensive fiscale et pénale en vue de les dissuader, il faut prévoir que cet Apartheid se maintiendra encore quelques années. La politique presque avouée du gouvernement en matière de répression politique trouve ses fondements dans l’équation : indépendance économique = indépendance financière. Dans les dernières années, chaque groupe ayant trouvé les moyens de créer une prospérité aussi minimale soit elle, a été réprimé : homosexuels, chauffeurs de taxis, travailleurs indépendants, restaurants privés et cet automne, la prostitution. Une offensive lancée contre les prostituées a été précédée de la publication d’un rapport sur la prostitution. Démontrant que derrière chaque "jinetera" ou écuyère se cachent 4 souteneurs, profitant de la situation, le Parti Communiste provoque une campagne de répression "contre la délinquance". Le rapport ne publiait évidemment pas l’impossibilité de survivre sans avoir recours à n’importe quel moyen. A partir du mois d’octobre 1998, de nombreuses discothèques sont fermées dans tout le pays. Les prostituées sont arrêtées et soit renvoyées dans leur province d’origine, soit envoyée suivre un "séjours de rééducation". La pression économique reste depuis le début de la révolution, le meilleur moyen pour contrôler la population. Aujourd’hui le travail pour une entreprise étrangère, qui peut apporter des améliorations avec des primes en Dollars et des cadeaux, est réservée aux cubains les plus intégrés. La "Ley de idonéidad" ou "loi de la conformité" prévoit l’expulsion de son centre de travail de tout travailleur ayant une attitude indifférente ou hostile à la révolution. Comme nous l’avons exposé plus haut, toute prise de position en faveur des Droits de l’Homme et de la transition démocratique est très rapidement sanctionnée par la suppression de certains privilèges, comme le logement, puis le renvoi. Le carnet du travailleur est contrôlé et ceux qui n’ont pas une mention favorable de leur Comité de Défense de la Révolution, présents dans chaque pâté de maison afin de dénoncer "les ennemis de la Révolution, sont relégués aux taches les plus subalternes, comme les travaux à la campagne et en particulier la coupe de la canne. Certains professeurs, des médecins auront connu ce sort cette année. Voilà pourquoi le maniement de l’économie reste un moyen de répression indirecte. Le citoyen cubain est simplement guetté par le couperet de la répression économique. Exemples : A Victoria De las Tunas, le Dr Ramon Humberto Colas Castillo est expulsé de son logement à cause de son engagement politique. Le Dr Colas est un psychologue. L’administration considère qu’il ne peut pas conserver son logement car il n’est pas lié à son travail et se refuse à lui attribuer un autre logement, à moins qu’il ne se mette à exercer l’emploi auquel il a droit dans l’agriculture ou la construction. Le Dr est membre du Parti Solidarité Démocratique. Il a deux enfants de 6 et 7 ans. Son épouse, Berta del Carmen, se trouve aussi privée d’emploi depuis un an parce qu’elle a refusé de divorcer du Dr Colas. Professeur au centre universitaire de las Tunas, elle était sur le point d’obtenir son doctorat de Science. Selon le Docteur Cola, le départ du Pape a permis le renforcement des mécanismes de répression de l’Etat qui taisent et étouffent toute opposition en utilisant la faim et la marginalisation comme moyen de pression. Les articles de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme qui sont violés sont les articles 3, 4, 12, 17, 23, 24 et 25. Ces réalités expliquent grandement l’exode sans pareil de Cubains qui vont jusqu’à utiliser des radeaux faits de chambres à air ou de n’importe quel objet flottant comme l’a démontré la dernière explosion en 1994 et les 800 000 personnes ayant participé au tirage au sort organisé par la section d’intérêt des Etats-Unis l’été dernier. Elles expliquent aussi pourquoi tant de ces "balseros" qui sont en général d’origine très modeste, ont déclaré à maintes reprise après leur sauvetage : "je préférais mourir en mer que rester vivre à Cuba". 1) ATTEINTES A LA LIBERTE D’ASSOCIATION DES TRAVAILLEURS. La Constitution donne tous les pouvoirs à l’Etat et à travers lui au syndicat unique, la confédération des Travailleurs Cubains (CTC) en matière d’emploi et de négociation. Le système économique totalitaire s’exerce à travers de la CTC, autre monopole de l’Etat qui vient renforcer le contrôle absolu du système politique et des médias. Les syndicats servent à augmenter la productivité et le "travail volontaire" non payé qui concerne surtout le travail agricole au moment des récoltes L’Etat supprime constitutionnellement les droits individuels et catégoriels des travailleurs. La grève est donc logiquement interdite. Les organisations du travail ne fonctionnent logiquement pas comme des syndicats. Ils n’ont pas à défendre les droits de leurs membres. Ces organisations sont directement sous le contrôle de l’Etat et du Parti, uniques employeurs, rappelons le, du pays. Le Parti Communiste choisit donc les dirigeants de la CTC dont l’unique responsabilité est de motiver les travailleurs à atteindre les objectifs fixés par la Junte Centrale de Planification. Les autorités interdisent donc l’existence de tout syndicat indépendant et l’histoire du syndicalisme cubain depuis 1959 se caractérise par des crimes commis contre ceux qui avaient voulu revendiquer des droits indépendants de ceux de l’Etat. La loi qui s’applique aux associations et aux partis politiques s’étend naturellement aux syndicats. L’Organisation Internationale du Travail (OIT), a reconnu en 1991 que le système cubain violait ses normes quant à la liberté d’association en général et au droit des travailleurs à s’organiser en syndicats. En janvier 1999 la Confédération Mondiale du Travail, dont le siège est à Bruxelles ne pourra pas envoyer de délégation à Cuba parce que le syndicat officiel annule la visite. Le motif invoqué est "la politique hostile de la CLAT", section latino-américaine de la CMT. La CMT déclare que son premier objectif était "discuter la nécessaire démocratisation, qui selon les conventions de l’OIT, implique la liberté syndicale et la liberté d’association." La CMT ajoute dans son communiqué, que la délégation devait rencontrer les syndicats indépendants interdits par la loi cubaine et insinue que l’annulation est certainement due à cet objectif.
Comme nous l’avons vu dans la section sur la gestion de l’économie en tant que moyen de contrôle et de répression,, de nombreux travailleurs ont perdu leur emploi pour avoir exprimé des idées différentes de celles du gouvernement. Quelques petites organisations ont été créées mais n’ont jamais obtenu aucune reconnaissance. Au contraire, leurs créateurs ont souvent fait l’objet de mesures répressives, parfois extrêmes. L’année 1998 est ainsi marquée par une série d’actes répressifs de la part de la sécurité de l’Etat à l’encontre de ces Syndicalistes Indépendants. Comme les journalistes indépendants, les syndicalistes ont eu leur cohorte d’arrestations, de détentions, de menaces, d’actes de répudiation et de mesures discriminatoires et dégradantes. Les mesures discriminatoires pour raisons politiques sont elles aussi nombreuses. Le membre du Mouvement Cubain Réflexion, Antonio Suárez Fonticiella, a été expulsé le 24 février 1998 de la Direction de la Section Syndicale du Département de Machines de la Centrale Sucrière "José María Pérez", située dans la Municipalité Camajuaní, dans la province de Villa Clara. Selon les informations Suárez Fonticiella, l’officier de la Sécurité de l’Etat connu comme Vladimir Méndez a demandé et exigé à la Direction du Syndicat officiel qu’il soit renvoyé de son travail pour appartenir à un groupe contre-révolutionnaire. Il ajoute que l’activiste a été renvoyé de son poste sans l’accord de ceux qui l’avaient élu. Le 29 juillet, le membre du Conseil Unitaire des Travailleurs Cubains, Julián Hernández López, se fait passer à tabac lors d’une altercation avec la police. A partir de cette date il ne cessera d’être harcelé par les membres du Comité de Défense de la Révolution et par la police politique.
Au mois de septembre, José Orlando Bridon voit sa maison recouverte de graffitis et un tas d’ordures déposé devant sa porte. Son fils avait été arrêté à plusieurs reprises et menacé par la police politique. Le même mois, les syndicalistes indépendants Rafael Peraza et Oliverio González, dirigeants du Consejo Unitario de Trabajadores Cubanos, sont menacés de prison et victime d’un ‘acte de répudiation’ pour avoir revendiqué en faveur de reformes. Rafael Peraza sera à nouveau victime d’autres actes d’intimidation. Lazaro Cuesta Collazo, Pedro Grosso Valle et les membres du syndicat indépendant CUTC groupe syndical s’étaient vus interdire de participer à tout acte lié à la visite du Pape. Au mois de juin 1998 Pedro Pablo Alvarez Ramos, Président du Syndicat Indépendant Conseil Unitaire des Travailleurs Cubains se voit refuser la sortie du pays pour le Venezuela. Il devait y assister a une réunion syndicale internationale. Au mois d’août, près de La Havane, un autre dirigeant du syndicat indépendant, Conseil Unitaire des Travailleurs Cubains, est victime d’un acte de répudiation de la part de 4 membres de Brigades de Réponse Rapide. Lorsque Raphaël Peraza Fonte se rendra au commissariat, sa plainte sera refusée. En janvier 1999, Miriam Cantillo et Alberto Martínez Belgares, du Frente Sindical Democrático Independiente sont détenus quelques jours et menacés. 2) ATTEINTES AUX DROITS DE S’ORGANISER ET DE BENEFICIER DE CONVENTIONS COLLECTIVES. Ces droits sont inexistants. Le Comité d’Etat pour le Travail et la Sécurité Sociale fixe les salaires. Comme tous les syndicats légalement reconnus dépendent de l’Etat, et que l’Etat est pratiquement le seul employeur, il n’y a pas de discrimination contre les syndicats existant. Depuis 1995, la Loi 77, sur les investissements étrangers interdit aux travailleurs de négocier directement avec les entreprises leur contrat d’embauche sans la permission du gouvernement. Les entreprises étrangères, mis à part quelques exceptions, doivent donc recruter leur personnel à travers des organismes officiels, qui perçoivent les salaires en devises étrangères pour les reverser en Pesos cubains à leurs employés. Les travailleurs qui sont embauchés par ces agences doivent répondre à un certain nombre de critères comme celui d’être "intégrés" politiquement. Selon une déclaration du Ministre de l’Industrie, Marcos Portal, l’agence doit consulter le Parti Communiste, la CTC, et l’Union Des Jeunes Communistes pour être sure que le candidat est "conforme". En cas de doute, le CDR est lui aussi consulté. Il existe des cas de dissidents dénoncés au Ministère de l’Intérieur par des membres de leur CDR et qui en conséquence sont licenciés. Souvent les autorités leur offrent une activité particulièrement difficile : coupe de canne à sucre, travail de bûcheron ou de fossoyeur etc… 3) TRAVAIL FORCE ET TRAVAIL DES ENFANTS Ni la constitution ni le code du travail n’interdit le travail forcé. Comme nous l’avons vu dans la section "la prison ou l’enfer", les camps de travail sont nombreux. De nombreux motifs sont donnés à l’Etat d’envoyer de force les citoyens travailler obligatoirement dans des chantiers de construction ou participer aux récoltes de cane à sucre. Le gouvernement emploi des groupes de travailleurs dans des unités connues sous le nom de "microbrigades". Ces groupes sont actuellement mobilisés à la construction d’installations touristiques. Ceux qui refusent de participer risque des décisions discriminatoires, voire la perte de leur emploi. Ceux qui sont volontaires peuvent obtenir des traitements préférentiels quant à l’attribution d’un logement. Les jeunes conscrits vont souvent travailler gratuitement au sein de l’Ejercito Juvenil del Trabajo ou l’armée des jeunes du travail. L’EJT travaille surtout dans l’agriculture et fournit l’armée et la population civile en produits agricoles. Officiellement, le travail des enfants est interdit. Cependant, les enfants doivent souvent travailler gratuitement. Tous les enfants de plus de 11 ans doivent offrir entre 30 et 45 jours de travail pris sur leurs vacances scolaires. Ils travaillent alors dans des camps près de 8 heures par jour. (voire la section sur l’éducation). Le Ministère de l’Agriculture (dirigé par un militaire, le Général Ulisses Rosal del Toro) utilise des groupes d’étudiants pour compléter le travail de l’EJT. L’âge légal pour travailler est de 17 ans. Néanmoins, le code du travail permet l’emploi des enfants de 15 ou 16 ans si il y a une urgence. 4) SALAIRES ET SYSTEME DE REMUNERATION La durée hebdomadaire du travail est de 44 heures, durée réduite pour les travaux dangereux comme les mines. Les accidents du travail sont apparemment nombreux, mais les rapports officiels sont évidemment peu nombreux et peu fiables. Le code du travail établit qu’un travailleur qui considère que sa vie est en danger, peut refuser de travailler. Si telle est sa décision, il doit accepter le travail qui lui est demandé en substitution par son supérieur hiérarchique Depuis les nationalisations de tous les commerces et entreprises dans les années 60 l’Etat cubain, en coordination avec la Centrale des Travailleurs Cubains (CTC), propose un salaire fixe en fonction du type d’activité (administration, service, ouvrier, technicien et dirigeant). Le salaire minimum était en 1960 de 75 Pesos mensuels et les salaires les plus élevés avant la nationalisation entraient dans une catégorie spéciale sous le nom de "salaires historiques", lequel était maintenu au travailleurs si il ne changeait pas de poste de travail. Les travailleurs de l’administration publique du gouvernement antérieur qui se présentèrent aux élections générales de 1958 et qui furent candidats de quelque parti politique furent invalidés et interdits de travail à Cuba pour la vie en 1960. En 1980 a lieu une réforme générale des salaires qui créée des qualifications de charges avec des critères spécifiques. Dans une échelle salariale qui va du groupe No 1 au groupe No 10 avec trois sous groupes pour chacun et un ensemble de groupes techniques qui vont de 5 à 20. Le salaire minimum est de 85,30 Pesos et le maximum de 400 Pesos par mois. Les diplômés de l’enseignement technique, technique intermédiaires et universitaires transitent a priori par un salaire hors échelle pendant 3 ans. Ils doivent effectuer un "service social" pendant lequel ils sont envoyés dans n’importe quel lieu, activité ou poste sur tout le territoire national. Pour le diplômé de l’enseignement primaire technique (ouvrier qualifié), le salaire est de 118 Pesos par mois, celui du technicien moyen 148 Pesos, universitaire 198 Pesos. A la fin des 3 ans, ils commencent à entrer dans le premier sous groupe de leur catégorie, et ce selon le poste de travail qu’ils occupent. Pendant 2 ans, pendant lesquels sont évaluées chaque année par une commission composée par l’administration, le Parti Communiste et le syndicat officiel, prenant en compte l’attitude politique et professionnel du candidat, ce n’est qu’avec l’aval de la commission qu’il peut passer au sous groupe suivant, répétant le même processus jusqu’à ce qu’il arrive au sous groupe supérieur, maximum de son salaire correspondant à son poste. Le travailleur continue à être évalué et la commission peut le baisser au sous groupe inférieur si cela lui semble justifié. Exemple : un architecte récemment diplômé occupe un poste classifié dans le groupe numéro 11 de l’échelle des salaires. Les 3 premières années il reçoit un salaire de 198 Pesos par mois, puis il passe à 131 Pesos pour 2 ans, pour monter à 150 Pesos pour 2 autres années. Après1 autre année il arrive à 165 Pesos qui est son salaire maximum. Le changement de poste de travail l’oblige à repasser par le premier échelon, en accord avec le poste et le groupe dans l’échelle. A partir de 1998 des sociétés étrangères commencent à s’établir à Cuba. Les salaires sont versés à leurs employés par l’Etat qui les facture en Dollars au taux officiel de 1 Peso cubain pour 1 Dollar et les reverse au cours réel de 20 Pesos cubains pour 1 Dollar. Le salaire est ainsi divisé par 20. Ainsi les travailleurs de l’hôtel Mélia Cohiba de La Havane sont censés recevoir un salaire moyen de 300 Dollars par mois. Mais ceux-ci reçoivent 300 Pesos soit 15 Dollars. Les employés des sociétés mixtes n’ont évidemment pas le droit de s’organiser en syndicats. Les droits refusés aux employés du secteur public n’ont pour le gouvernement aucune raison d’être accordés au secteur privé. Les heures supplémentaires ne sont pas payées aux travailleurs cubains. Dans le secteur de la santé, les médecins et infirmiers qui sont obligés d’effectuer des veilles ou tours de garde qui durent jusqu’à 14 heures d’affilée avec 8 heures de repos. Le personnel qualifié est d’autre part souvent exporté vers d’autres pays qui nécessitent du personnel médical ou d’entraînement sportif. Leurs services sont facturés jusqu’à 4 000 Dollars par mois. Les entraîneurs sportifs reçoivent pour ces missions 250 Dollars et les médecins 500 Dollars. Le même système est appliqué aux artistes peintres et musiciens avec l’organisation de tournées. Les musiciens sont payés entre 10 et 15 Dollars par représentation. Tout le reste est partagé entre l’Etat cubain et l’entrepreneur étranger. Cuba est membre fondateur de l’OIT depuis 1919, date à laquelle elle fit partie de la commission constituante de cette organisation. Selon la presse cubaine, (Granma International p6 du 13 août 1997), le gouvernement de Castro a ratifié 87 accords des 180 approuvés par les conférences internationales, entre eux 7 conventions fondamentales liées au respect des droits fondamentaux de l’Homme. Selon le journal Granma, Cuba occupe la 9ème position au monde pour la quantité d’accords signés et la 2ème place en Amérique. Les syndicats, les gouvernements, administrations, parti communiste forment le gouvernement cubain. Bien connu par tous, la fonction et la raison d’être du syndicat doit être la contrepartie de l’administration. Il se doit de protéger les intérêts de la masse des travailleurs, d’obtenir des améliorations de salaire, d’exiger les conditions justes de sécurité du travail, au poste de travail ou l’ouvrier réalise son activité. Comment est-il possible qu’en l’actualité les travailleurs cubains ne puissent pas être embauchés directement par leurs employeurs ? Pourquoi y a t-il des limitations politiques et des influences du gouvernement dans la contraction ou le licenciement de l’employé ? Pourquoi le "dossier professionnel" du travailleur cubain contient-il dès la page 1 la mention de l’appartenance aux organisations politiques, civiques et militaires ainsi que d’autres informations qui n’ont rien à voir avec la relation de travail ? Selon la Constitution cubaine de 1976, Cuba est le soit disant "Etat d’ouvriers et paysans protégés par l’Etat socialiste". A quoi doit-on que l’on ne permette pas au travailleur cubain qui se trouve dans une entreprise mixte ou d’investissements étrangers qu’il gagne un salaire établi par l’employeur ? Pourquoi le salaire versés par l’employeur étranger est il facturé au taux de 1 Dollar pour 1 Peso, et que l’ouvrier est payé en Peso cubain quand il existe une maison de change officielle qui change au taux de 20 Pesos pour 1 Dollar ? Pourquoi licencie-t-on le travailleur de son centre de travail pour le simple fait d’avoir des opinions différentes de celle du gouvernement ? La réponse à ces questions et à une liste infinie d’autres injustices, nous pouvons la trouver dans l’analyse de la CTC (le syndicat officiel). Une fois accomplie, nous nous apercevons que tous les secrétaires généraux et leurs cadres sont des militants du Parti Communiste de Cuba. Le secrétaire Général de la CTC, Pedro Ross, et ses prédécesseurs sont membres du Comité Central du Parti Communiste. Et ainsi, en passant du niveau national au niveau de la province, de la municipalité et de la base tous les cadres de la CTC sont militants du Parti et occupent ces postes non par une élection démocratique ouvrière, mais par nomination du Parti Communiste. Ainsi ce même Secrétaire Général de la CTC, Pedro Ross, demandera aux dirigeants syndicaux de participer aux messes papales. Ces déclarations s’inscrivaient directement dans le sens de la campagne d'intimidation et de récupération de la visite du Saint Père. Il est très facile de comprendre que la CTC est un instrument de la dictature de Fidel Castro. Tous les points exposés antérieurement sont des thèmes violant différentes dispositions de l’OIT, articles de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et la propre constitution cubaine. Entre ces articles nous pouvons citer: La convention 111, 87, e9, e05 et e58 de l’OIT Les articles 40, 41, 45, 42, de la constitution cubaine de 1976. Les articles 2, 7, 8, 10, 13, 20, et 23 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Ceci apporte aussi une explication à ce que Cuba refuse l’initiative d’une inspection in situ de l’étiquette de l’OIT. Le gouvernement explique que cela représenterait une ingérence et une atteinte son intégrité ! Il serait en effet trop évident de voir qu’une grande masse de travailleurs cubains gagne le même salaire depuis près de 20 ans. Ces travailleurs doivent payer une journée de salaire par an pour payer les frais des milices territoriales, cotiser obligatoirement au syndicat officiel qui les exploite les surveille et les sanctionne, mange dans des cantines où la cuisine ne connaît comme condiments que le sel, comme moyen de cuisson l’eau et où les aliments sont d’une qualité épouvantable. L’obligation d’effectuer des heures supplémentaires (toujours volontaires !) par crainte de ce que le syndicat officiel ne les accuse d’être des "contre révolutionnaires", le chirurgien qui doit quitter la salle d’opération pour aller travailler dans la construction, le violoniste qui doit couper de la cane à la machette et sans gants pour effectuer son "devoir syndical", l’ouvrier qui devrait recevoir une augmentation de salaire et qui par "négligence de l’administration" ne la reçoit pas pendant des mois, voire des années et qui, allant voire le syndicat se voit répondre que "réclamer cet argent est la preuve d’une mauvaise attitude face au travail et la révolution". Les violations évidentes de la protection et de l’hygiène du travail; personnel administratif qui travaille sans les conditions adéquates de ventilation et illumination, travailleurs de la construction sans moyens de protection (casques, filets, gants etc…), agriculteurs sans chaussures ni vêtements adaptés, travailleurs de l’industrie électrique sans moyens de protection sont autant de cas inacceptables et pourtant révélateurs d’une situation tragique. Les accidents fatals du travail représentent des centaines de morts à Cuba, une liste sans fin de mutilés, sans la moindre prise de responsabilité et encore moins de mesures afin d’éviter les accidents à nouveau. Le syndicats officiel est responsable de tout ce qui arrive. Son comportement est criminel. La vie professionnelle cubaine, est basée sur l’obtention d’objectifs fixés par le gouvernement et est initiée et encouragée par la CTC.
Tant de violations, d’exploitation et de pauvreté, expliquent l’impérieuse nécessité d’une presse et de syndicats indépendants qui d’une façon apolitique doivent défendre les citoyens cubains, de partis politiques et d’associations libres qui puissent chercher des solutions, améliorer les conditions de vie et de travail et permettre à ce pays de sortir de la spirale infernale dans lequel il se trouve prisonnier. Peut-on espérer que le régime de Fidel Castro prenne par lui même les mesures de démocratisation indispensables ? Bien sûre que non ! Cela est impossible. Tous ceux qui divergent de la ligne fixée par Fidel Castro sont considérés comme des "groupuscules de vermines contre révolutionnaires qui prétendent changer et détruire le socialisme, la révolution et les conquêtes du peuple travailleur", des "mercenaires" et des "traîtres". Peut on espérer une quelconque lueur de démocratie dans un régime totalitaire avec un parti unique auquel appartient toute la direction tant politique, que militaire et syndicale, où tous les postes de direction, dans tous les secteurs sont désignés par le Parti unique et sa police politique ? La réponse est encore négative. Le renforcement de la répression est la réponse à la série de gestes de bonne volonté de la communauté internationale, d’ouverture, de tolérance et de coopération économique. Aujourd’hui, plus que jamais, Cuba a besoin de la solidarité internationale pour sa survie et sa transition pacifique à la Démocratie. La condamnation du régime cubain par la Commission des Droits de l’Homme de l’ONU et la fermeté de la communauté internationale sont indispensables afin de libérer un peuple de 11 millions d’êtres humains du joug de la plus terrible des exploitations, cocktail de répression où se mélangent indissolublement l’économique, le politique, et le social. 11 février 1999 "Incinération massive de Bibles et de textes chrétiens". "Masiva quema de Biblias y textos cristianos" par Lázaro Rodríguez Torres, agence Nueva Prensa Cubana, publié dans el Diario Las Americas. "La police politique essaie de fabriquer une accusation de droit commun à un opposant" "Intenta policía política fabricar expediente delincuencial a opositor" par Hiram González González. 20 janvier 1999 Cuba Press. 3 information publiée dans les journaux ABC et el Herald, ainsi que par l’agence EFE Juventud Rebelde et Granma, semaine du 17 février 1999 "Qui sont les dissidents et les prisonniers de conscience à Cuba?" "Un opposant de Pinar del Rio est arrêté" "Preso opositor pinareño" par Juan Antonio Sánchez, Cuba Press.22 janvier 1999 "Un opposant condamné à du travail correctionnel" "Sancionado Opositor A Trabajo Correccional" par Juan Antonio Sánchez, Cuba Press. Agence Cuba Press. "Un opposant est condamné" "Condenan a opositor" par Héctor Cruz, Cuba Press. "Il existe aujourd’hui près de 200 organisations de défense des Droits de l’Homme et d’opposition. Ces groupes sont connus pour leur transparence interne et leurs contacts fréquents avec l’extérieur afin d’obtenir une meilleure visibilité et une plus grande protection. Dans le cas d’une ouverture il est très probable que ces groupes se transformeront en partis politiques de divers tendances. Jusqu’à maintenant la réponse officielle à ces groupes a été totalitaire: les soumettre à une répression légale et au terrorisme d’état." Ricardo A. Puerta dans "La Opinion", revue de la coordination social- démocrate "Sociedad civil y El futuro de Cuba" Janvier 1996 Sur tous ces points coïncident tous les dissidents et tous les articles envoyés par les journalistes indépendants. Juan Clark fait un excellent descriptif des méthodes de répression. Mars 99 Carmelo Díaz Fernández, ASPIC Cubanet "En prison par caprice d’un agent" "A Prisión Por Capricho De Agente Del Orden" par Héctor Cruz, Agence Cuba Press. 4 février 1999. "Menace de prison pour un opposant pacifique" 9 mars 1999 "Amenaza la seguridad a opositor pacífico" par Orlando Bordón Gálvez, Cuba Press. "La sous directrice de Cuba Press est arrêtée" "Arrestada Subdirectora De Cuba Press" par Odalys Curbelo, Cuba Press Votée à l’unanimité par l’Assemblée nationale populaire cubaine le 24 Décembre 1996. 14 Juan Tamayo et Andrés Oppenheimer pour El Nuevo Herald 27 janvier 1999 Cuba Press."Un journaliste hollandais est expulsé" Expulsan a periodista Holandes par Tania Quintero, Cuba Press.Diario Las Americas Ariel Tapia, Cuba Press Les rapports d’Amnesty International sont des longues listes d’infractions des 30 articles de la déclaration universelle des Droits de l’Homme. Le "Boletin del Comité Cubano Pro Derechos Humanos", revue trimestrielle y rajoute une analyse des infractions par rapport à la propre constitution cubaine. 18Rapporté par Ana Luisa López Baeza, Cuba Press 18 Juin 1998 19Juan Carlos De Cespedes- APLO 31 décembre 1997 Instruction 53 du 9 Juillet 1975 dictée par le Tribunal Suprême de la République de Cuba. Cité par Manuel David Orrio 30 Septembre1998 Agence Coopérative de Journalistes Indépendants (CPI) 21 Luis Lopez Prendes BPIC CubaNet 29 Juin 1998 22 Luis López Prendes, BPIC 29 juin 1998 "Des aliments contaminés par des excréments et une épdémie de leptospirose dans une prison de La Havane" "Alimentos contaminados y brote de leptospirosis en prision habanera" par Jesus Zuñiga, Cooperativa de Periodistas Independientes 14 août. Héctor Trujillo Pis, Cuba Press, 15 janvier 1999 "Un prisonnier en état de santé critique". "Crítico estado de salud de preso" par Odalys Curbelo, Cuba Press. 5 février de 1999, Cuba Press "Un Prisonnier meurt à Ariza" "muere prisionero en Ariza" par Marvin Hernández Monzón, Cuba Press. 19 janvier 1999. Odalys Curbelo, Cuba Press 18 Janvier 1999 Hector Trujillo Pis, Cuba Press. 29 Monika de Motas 8 mai 1998 Cubanet 30 Luis Lopez Prendes BPIC 31 Marvin Hernández Monzón, agence Cuba Press publié dans El Nuevo Herald 32Monika De Motas pour Cubanet 33 Marvin Hernandez Monzón, Cuba Press 34 Marvin Hernandez Monzón, Cuba Press "Auto agressions dans une prison de Cienfuegos" "Autoagresiones en cárcel cienfueguera" par Marvin Hernández Monzón, Cuba Press20 janvier 1999 36El Diario Las Americas, El Nuevo Herald 21mars Juan Clark Op. cit, Dr. Luis Gomez Domingez cite ce chiffre donné par l’UNESCO dans "Cuba: la Nacion que agoniza" (Cuba: la nation qui agonit) Editions Las Americas, New York, 1991. Il y avait 30 000 écoles publiques et 34 000 maîtres qui avaient tous un diplôme universitaire. Il y avait 1 300 000 élèves dans les écoles publiques. Hector Trujillo Pis, Cuba Press 39 ABC, El Nuevo Herald 25 Janvier. La première page contient une photographie de l’opposante alors qu’elle se fait embarquer par des faux infirmiers. 40 Monika De Motas, BPIC (El Diario Las Americas) "Contrôle policier des activités laïques à Cuba.""Control casi policial de actividades laicas en Cuba" 1 février par Jesús Zúñiga, agence CPI, publié dans El Diario las Americas 43 Communiqué du Parti de la Solidarité Démocratique El Nuevo Día Interactivo mardi, 8 septembre 1998. ASSOCIATION EUROPEENNE CUBA LIBRE 10 RUE DE L'E'GLISE 92 200 NEUILLY SUR SEINE, FRANCE TEL : 33 1 47 22 15 52 FAX : 33 1 47 47 10 79
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