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 Orlando Cachaito Lopez
 

 
 
 
 

 Orlando Cachaito Lopez, la musique cubaine réinventée
 
 

 

Dans la famille Lopez, la contrebasse, on ne peut y échapper. Comme ses aïeux, mais aussi son père Orestes, l'un des inventeurs du mambo, son oncle Cachao, autre figure notoire de la musique cubaine, Cachaito a lui aussi finalement opté pour cet instrument après avoir été tenté par le violon.

Longtemps accompagnateur du pianiste Frank Emilio Flynn, on l'a surtout découvert en dehors de Cuba comme protagoniste du joli conte de fée Buena Vista Social Club (plus de sept millions de disques vendus dans le monde). Il présente sur la scène de Bourges son premier album, Cachaito (World CircuitNight & Day), un exercice de haute volée, foisonnant d'idées et d'invention. La musique cubaine "réinventée" avec effets dub et pulsation reggae, intervention de DJ (Dee Nasty), orgue Hammond et guitare électrique.

Le Monde daté du 12 avril 2001


 

 
Le contrebassiste de "Buena Vista Social Club" signe un premier album foisonnant d'idées.
1 CD World Circuit WCD061. Distribué par Night & Day.
Avec ses effets dub et reggae, ses fractures, ses dérapages très contrôlés, ses audacieux télescopages, l'album du contrebassiste cubain Orlando Cachaito Lopez fait figure d'ovni dans l'ensemble de la production cubaine. Découvert par le grand public grâce à Buena Vista Social Club, Orlando Lopez, dit Cachaito, est un homme heureux.

D'abord il y a eu cet inattendu succès (un Grammy Award et plus de sept millions d'albums vendus dans le monde) de Buena Vista Social Club. Et aujourd'hui, il y a enfin ce disque, le premier sous son nom, à soixante-huit ans, "une expérience, dit-il, qui lui a ouvert l'esprit et donné l'envie d'aller vers d'autres du même type".

Dès son plus jeune âge, Cachaito a appris comment apprivoiser la contrebasse. De toute façon, il ne pouvait y échapper. Chez les Lopez, cet instrument, on l'a dans le sang. Il y a eu pas moins de trente contrebassistes dans la famille. Parmi eux, Orestes, son père, et Israel, son oncle (surnommé Cachao) qui ont à eux deux inventé le mambo, que popularisera plus tard Perez Prado. A La Havane où il est né le 2 février 1933, Cachaito a joué dans un orchestre symphonique, avec la Orquesta Riverside, dans des clubs de jazz en compagnie du pianiste Frank Emilio Flynn. Il a accompagné Nat King Cole, participé à une jam session, avec Stan Getz...

Si la musique cubaine, "populaire", aime-t-il préciser, est sa première raison de jouer, le jazz lui donne toujours beaucoup de bonheur. Le jazzman qu'il met devant tous les autres est - faut-il s'en étonner ? - un contrebassiste, Charles Mingus. Il lui dédie un titre de son album (Tumbao no 5). C'est l'un des moments où sa contrebasse est la plus mise en avant. Un son rond, velu, au swing élégant et débonnaire, qui sur une autre plage (Tumbanga) ouvre l'espace au trompettiste sud-africain Hugh Masekela, l'un des invités conviés dans cette aventure (on remarque également la présence du saxophoniste Pee Wee Ellis, ancien compagnon de route de James Brown).

De l'espace, il y en a à profusion dans cet album. C'est justement là l'un des atouts qui rend si surprenante la musique que l'on y entend. Il règne une incroyable impression d'apesanteur. "C'est un laboratoire d'idées", commente Miguel "Anga" Diaz, l'un des maîtres d'œuvre de ce projet avec Nick Gold, producteur de cet album et de Buena Vista Social Club, projets périphériques compris (Ibrahim Ferrer, Ruben Gonzalez, Omara Portuondo).

SCRATCHES ET JAMAÏQUE

Percussionniste d'une efficacité rythmique imparable, il invente des mélodies de mille couleurs sur ses congas. Semés tout au long de ce disque, les duos contrebasse-percussions sont en ce sens des modèles de musicalité. Quand il enregistrait l'album de Cachaito en octobre 2000 à La Havane, Anga préparait parallèlement le sien, pour lequel il avait invité Dee Nasty. Ce n'est donc pas tout à fait un hasard que de retrouver ici le DJ parisien. Avec ses scratches canailles, Cachaito in Laboratory est l'un des sommets de l'album.

Redencion en est un autre. Son glissement progressif d'un climat rythmique purement cubain vers un autre franchement jamaïcain (avec, dans le rôle de brouilleur de pistes, Bigga Morrison à l'orgue Hammond) s'opère dans une fluidité remarquable. On sera aussi étonner par le solo de violon aux accents tsiganes de Pedro Depestre (récemment mort d'une crise cardiaque) et les griffures de gui- tare électrique du Cubain Manuel Galvan, une figure de la guitare surf dans les années 1960 (il fut membre et arrangeur du groupe Los Zafiros). Enigmatique, risqué, anticonformiste sans excès, un album d'une fertile créativité, de la musique cubaine comme jamais entendue auparavant.

Patrick Labesse



Le Monde daté du samedi 12 mai 2001



 
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