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Le tourisme est devenu la principale source de richesse du pays, loin devant la canne à sucre, dont les résultats sont, chaque année, bien en dessous des prévisions gouvernementales. Et Cuba se lance à corps perdu dans l'exploitation de ce filon. Deux millions de touristes prévus pour l'an 2000; dix millions pour 2010. C'est une aberration, tant au point de vue économique que sur le plan social. Les économistes cubains n'ont pas tiré la leçon de l'erreur qui avait consisté, sous la pression de l'URSS, à tout miser sur la seule culture de la canne à sucre, au détriment d'autres cultures ou d'un développement industriel national. | |
Le succès de Cuba auprès des agences de voyage sera éphémère. Leurs clients aiment le changement et collectionnent les destinations comme autant de trophées à leur tableau de chasse. L'engouement pour Cuba est venu d'un besoin de renouvellement des offres de voyage. Lorsque tous les clients potentiels seront venus
à Cuba, on cherchera de nouvelles destinations à proposer
à ce public qui ne se renouvelle que lentement et les chiffres du
tourisme cubain, après être monté en flèche
pendant quelques années, s'écrouleront tout aussi rapidement.
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En outre, les retombées économiques de
cette activité sont loin d'être satisfaisantes. Les installations
hôtelières ont été réalisées pour
la plupart avec l'apport de capitaux étrangers. Il y a, de ce fait,
toute une partie des bénéfices qui repartent vers les pays
des sociétés participant à ces entreprises mixtes.
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Les conséquences au niveau de la société sont beaucoup plus graves. La rencontre entre les masses cubaines, confrontées chaque jour à des difficultés économiques croissantes, et les hordes de touristes venus dépenser joyeusement leurs économies et profiter des facilités qui leur sont offertes, a entraîné des transformations perverses. La quête du dollar est devenue l'obsession d'une société qui oublie chaque jour un peu plus ses principes révolutionnaires et son idéal d'égalité. |
La libre circulation du dollar a fait apparaître un clivage entre ceux qui n'ont accès qu'à la monnaie nationale et ceux qui bénéficient, d'une manière ou d'une autre, des précieux billets verts. Ceux qui ont la chance d'avoir de la famille à Miami ou qui sont en contact avec le touriste - surtout s'ils travaillent pour lui de façon illégale - , deviennent des privilégiés qui risquent de s'accrocher à leurs prérogatives et de freiner toute évolution de la société. |