Mort du chanteur cubain Compay Segundo à La Havane |
LA HAVANE (AFP) - Les chansons
fusaient des balcons à son passage, les enfants le suivaient dans la rue et
les touristes se pressaient pour le saluer: Compay Segundo qui s'est éteint
lundi à La Havane est définitivement entré dans la légende, malgré un
demi-siècle d'oubli et après avoir porté la musique traditionnelle cubaine
sur les scènes du monde entier. Le célèbre chanteur a succombé des suites
d'une "insuffisance rénale", selon des informations médicales
rapportées par l'agence officielle Prensa Latina. Compay Segundo, de son vrai
nom Francisco Repilado, était alité depuis plusieurs jours et avait récemment
annulé une tournée prévue cet été en Europe. Sa dépouille sera exposée
dans un établissement de pompes funèbres de la capitale cubaine avant d'être
transférée à Santiago de Cuba, à 900 km à l'est de La Havane, où le
chanteur souhaitait être enterré. Ressuscité de l'oubli avec ses comparses
de "Buena Vista Social Club", "découvert" à un âge
canonique par le guitariste américain Rye Cooder, Compay Segundo, qui devait
fêter ses 96 ans en novembre, affirmait avoir du "temps pour tout".
Le Panama vissé sur le tête, un éternel cigare à la main, un verre de rhum
sur la table, Compay Segundo, qui était arrière grand-père, n'aimait rien
tant que de parler de l'avenir et énumérer les pays qui l'attendaient
encore. Il s'était produit sur les plus grandes scènes du monde, du Carnegie
Hall de New York à l'Olympia de Paris. Il avait de qui tenir, lui dont la
grand-mère était morte a 115 ans. "Lorsque j'arriverai à son âge, je
demanderai des prolongations" disait-il en riant aux éclats, lors d'un
entretien avec l'AFP, débordant de vitalité et de musique. Sa naissance à
Santiago de Cuba au début du XXème siècle alors qu'arrive le son oriental,
forme poétique et musique populaire alliant les apports espagnols et
africains, coïncide avec l'histoire de la musique cubaine. Initié tres tôt
a la guitare et au violon, il compose sa première chanson à 16 ans et fait
partie de la fanfare municipale de Santiago de Cuba, ce qui lui permet de se
rendre à La Havane en 1929 pour l'inauguration du Capitole, une copie
conforme du Congrès américain, aujourd'hui transformé en musée. Il avait
également inventé un instrument, "l'harmonico", guitare à sept
cordes, et commencé en fait à tisser sa légende dès 1934 à La Havane, où
il rencontre Bény Moré, le père de la salsa moderne. Il part ensuite au
Mexique où il grave ses premiers 78 tours. C'est là qu'il aura aussi effectué
sa dernière tournée en février dernier, ovationné par le public de la
capitale mexicaine. Dans une autre vie, avant le succès international, les
Grammys, un concert magique à Carnegie Hall et un film culte, deux de ses
fils, Basilio et Salvador, de solides quinquagénaires qui l'accompagnaient
partout et faisaient office de managers, formaient avec lui un petit orchestre
qui jouait le week-end dans les endroits à touristes de La Havane.
"L'inspiration me vient en dormant, mais je m'inspire aussi de mots, de
choses de la vie et bien sûr des femmes" disait Compay Segundo, qui a écrit
des dizaines de chansons et produit un nombre incalculable de disques.
"Les femmes sont une source d'inspiration, sans femmes il n'y a rien,
mais je n'aime qu'une femme à la fois" ajoutait-il avec malice.
"Bien sûr, reconnaissait-il, avec le succès elle me trouvent plus beau
qu'avant". Dominée par la musique, la vie de Compay Segundo n'en a pas
moins été aussi prise par des métiers plus prosaïques pour nourrir ses
cinq enfants: "J'ai fait des cigares, j'ai été coiffeur et peintre
d'intérieur, et je connais absolument tous les travaux des champs"
disait-il. Son plus gros succès, Chan Chan, écrit en 1987 et qui détrône désormais
dans les bars de La Havane l'indéracinable "Guantanamera" est né
précisément de cette vie rustique cubaine. Chan Chan et la plantureuse
Juanita sont deux personnages de chansons populaires cubaines remontant au 18ème
siecle. Sa notoriété internationale lui avait amené sur le tard la
reconnaissance des autorités cubaines et le confort d'une belle villa dans le
quartier résidentiel de Miramar à La Havane. "Sa mort laisse un vide
irremplaçable dans la musique cubaine", remarquait sobrement lundi une
note officielle. Cuba Mort de Compay Segundo à La Havane
MADRID (AFP) - Le célèbre chanteur cubain Compay Segundo, 95 ans, est mort à La Havane dans la nuit de dimanche à lundi, a-t-on appris auprès de sa maison de disques en Espagne. Compay Segundo, de son vrai nom Francisco Repilado, souffrait d'une grave infection rénale et avait récemment annulé plusieurs concerts prévus cet été en Europe. Il était considéré comme l'un des maîtres de la musique cubaine traditionnelle et du "son", l'ancêtre de la salsa. Compay Segundo avait donné son dernier concert en France en août dernier dans le cadre du "Festival du bout du monde" sur la presqu'île de Crozon en Bretagne. Il avait été projeté sur les scènes internationales par sa participation au film de Wim Wenders "Buena Vista Social Club" et à l'album enregistré en 1997 par le guitariste américain Ry Cooder en compagnie de quelques "pointures" cubaines. Né en 1907 près de Santiago de Cuba, dont le style musical est le "son", Maximo Francisco Repilado Munoz acquiert le surnom qui le rendra célèbre en 1948. Cette année-là, il crée le duo Los Compadres (Les compères) dans lequel il chante la deuxième voix, dite "segunda". Compay lâche le duo à la fin des années 50 et joue sous son propre nom. Métissé noir et andalou, ce fils de cheminot a fait plusieurs métiers, rouleur de tabac, ébéniste, coiffeur, acteur, mais la musique l'a toujours rattrapé. Il a même inventé un instrument "l'harmonico", guitare à sept cordes. Il commence en fait à tisser sa légende dès 1934 à La Havane, où le "son" (musique rurale de la fin du siècle dernier) connaît un essor sans précédent, et rencontre Bény Moré, le père de la salsa moderne. Il part ensuite au Mexique où il grave ses premiers 78 tours. Espiègle, malicieux, il est l'ultime représentant de la grande époque du son. Avec son chapeau blanc, son style inimitable à la guitare et sa voix rocailleuse, ce père de cinq enfants fait forte impression lors de sa première apparition européenne en 1994 à Séville. Il revendique plus de cent chansons, dont Chan Chan, devenu un standard. D'un maintien impeccable, défiant les injures du temps, Compay Segundo livrait sans hésiter les secrets de sa joie de vivre : le cigare, les fleurs, le rhum et les femmes. A l'occasion de ses 95 ans en novembre dernier il avait espéré d'avoir "une prologation" jusqu'à 115 ans.
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