De lourdes peines pour les dissidents cubains, à l'issue de procès
expéditifs et à huis-clos
Jusqu'à vingt-sept ans de prison pour les victimes d'une
importante vague de répression
La justice cubaine a frappé vite et fort contre les dissidents arrêtés
ces dernières semaines, lors de la vague de répression la plus intense
des dix dernières années. Des peines allant de douze à vingt-sept ans
de prison ont été prononcées, lundi 7 avril, contre 43 opposants des
79 opposants, à l'issue de procès qui n'ont duré que quelques heures
et dont l'accès a été interdit aux diplomates et aux journalistes étrangers.
Les dissidents, dont un grand nombre sont des journalistes indépendants
et de promoteurs du projet Varela - une campagne de signatures pour réclamer
des changements démocratiques par la voie constitutionnelle - ont été
arrêtés depuis le 19 mars et accusés de conspirer avec le représentant
des Etats-Unis à La Havane, James Cason.
Figure emblématique de la dissidence et seule femme parmi les accusés,
l'économiste indépendante Marta Beatriz Roque a été condamnée à
vingt ans de prison. Une peine de réclusion à perpétuité avait été
requise contre elle.
La prison à vie menaçait aussi le journaliste indépendant Ricardo
Gonzalez, condamné à vingt ans de détention, Osvaldo Alfonso, le président
du parti libéral cubain, condamné à dix-huit ans de prison, et Hector
Palacios, l'un des responsables du projet Varela, qui a écopé de
vingt-cinq ans de prison. Poète et journaliste internationalement
reconnu, Raul Rivero, le fondateur de l'agence indépendante Cuba Press,
a été condamné à vingt ans, de même que l'économiste indépendant
Oscar Espinosa Chepe. Sans illusion, les familles de plusieurs condamnés
ont annoncé qu'elles feraient appel.
(Le Monde, 9 avril 2003)
La Commission des droits de l'homme de l'ONU adopte une résolution
très modérée sur Cuba
La CDH a rejeté un amendement présenté par le Costa Rica qui
condamnait explicitement les récentes arrestations des dissidents
par le régime castriste et réclamait la "libération immédiate"
des opposants emprisonnés.
La CDH a rejeté un amendement présenté par le Costa Rica qui
condamnait explicitement les récentes arrestations des dissidents par
le régime castriste et réclamait la "libération immédiate"
des opposants emprisonnés.
La Commission des droits de l'homme de l'ONU (CDH) a adopté, jeudi
17 avril, à une courte majorité une résolution très modérée sur
Cuba, qui ne fait aucune référence à la récente vague de répression
politique à La Havane. Le texte, présenté par trois pays latino-américains
(Uruguay, Pérou, Nicaragua) et soutenu par les Européens et les
Etats-Unis, a recueilli 24 voix pour, 20 contre et 9 abstentions parmi
les 53 membres de la CDH.
Un amendement plus critique présenté par le Costa Rica, qui
condamnait explicitement les arrestations de dissidents cubains ces
dernières semaines et exigeait leur libération, a auparavant été
rejeté par la CDH, par 31 voix contre, 15 pour et 7 abstentions.
La CDH a également repoussé à une large majorité (26 contre, 17
pour, 10 abstentions) un amendement présenté par Cuba qui exigeait
la levée immédiate de l'embargo imposé depuis quarante ans au régime
castriste par les Etats-Unis.
La résolution adoptée se borne, en trois paragraphes, à réitérer
la demande faite à La Havane en 2002 d'accepter la venue d'une émissaire
du haut commissaire aux droits de l'homme, la juriste française
Christine Chanet. Celle-ci a été désignée en janvier pour
s'informer sur les droits civils et politiques à Cuba. Mais le régime
castriste a refusé de la recevoir. La résolution demande à Cuba de
"recevoir la représentante spéciale du haut commissaire et de
mettre à sa disposition tous les moyens nécessaires pour lui
permettre de s'acquitter pleinement de son mandat". Le texte
ne mentionne pas la condamnation début avril de 79 dissidents cubains
à de lourdes peines de prison ni l'exécution des trois auteurs du détournement
d'un bateau cubain.
(Le Monde, 17 avril 2003)
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