Revenons au point de départ... Le courrier des visiteurs
Débats...
En espagnol, s'il vous plait...
La table des matières
 
  • François  
  • Michael Walsh  


 

    Je ne suis pas persuadé que tu es un véritable amoureux de Cuba, tu connais beaucoup de choses, c'est clair mais ta vision reste trop pessimiste. 
    De plus, ce qu'il reste de la révolution doit faire l'objet d'un inconditionnel soutien. 
François.
    Hasta la victoria  siempre.
  
   Ma réponse
Il y a plusieurs façons d'aimer un pays - ou plutôt une nation, car, pour moi Cuba ne peut être seulement un concept géographique ou politique : être Cubain, c'est un état d'esprit, et les exilés de Miami sont aussi cubains que les militants castristes ou que les femmes qui sont partis fonder un foyer sous d'autres cieux en emportant avec elles la nostalgie du pays abandonné.   Chacun l'aime à sa manière, comme on aime une femme ou un fils, un père ou une maîtresse, c'est-à-dire peut-être mal, peut-être avec rage ou avec dépit, mais de façon charnelle et vitale. Chacun est prêt à se battre pour elle, et ce même amour qui devrait unir tous ses fils les fait se dresser les uns contre les autres. 
Suis-je amoureux de ce pays? Je le crois, car il a donné un autre sens à ma vie et tout ce qui vient de là-bas me touche au plus profond. Mais cette passion ne peut être liée à une circonstance historique. Si ma vision de Cuba peut paraître trop pessimiste, c'est parce que je souffre de ce qui ne va pas dans  ce pays qui pourrait être un paradis. Tu ne peux nier que l'on a perverti l'esprit de la Révolution, que l'on est loin des rêves du Che et de Camilo, et que le peuple est las d'un combat dont on lui a volé les fruits. Et puis il y a l'inquiétude pour un avenir que rien ne prépare et qui peut aboutir soit à un complet retour en arrière, soit à la mainmise sur le régime d'une classe politique qui n'attend que la disparition de son chef pour instaurer une dictature qui n'aura de socialiste que le nom.  
Je connais les acquis de la Révolution et je sais qu'il est encore des domaines dans lesquelles Cuba représente un exemple, surtout pour les pays d'Amérique latine. Mais je sais à quel prix ces bienfaits ont été obtenus et ce qu'il en coûte pour les préserver. Je sais aussi tout ce qui a été sacrifié et ce qui continue de l'être, et je ne peux qu'être préoccupé par l'avenir de ces enfants que j'aime et à qui l'on a ôté l'espérance. 
Tu réclames un soutien inconditionnel pour ce qu'il reste de la Révolution. Je peux soutenir un idéal de paix, de justice et d'équilibre des richesses, mais je ne serai jamais un inconditionnel d'un homme ou d'un parti. Quelle que soit notre ferveur, quelle que soit notre foi, il ne faut jamais perdre notre lucidité. Oui, j'aime ce pays, j'aime ce qu'il représente, mais jamais je ne me tairai lorsqu'il décevra l'espoir qu'il a fait naître. Je préfère être la voix de sa conscience, que le complice de ses fautes.
 

 
 
J'ai du mal a croire que les exilés de Miami aiment Cuba comme ceux de l'intérieur, je suppose qu'une partie d'entres eux doit se sentir déchiré, et surtout extrêmement déçu par les US, les Cubains de Miami, loin s'en faut, ne sont pas riches, et rament comme des ouvriers US (c-à-d sans grande protection sociale) dans les usines américaines. 
Beaucoup d'entre eux crèvent de faim dans les rues. "Ils" ont compris leur intérêt a développer le tourisme (j'ai peur que ce soit leur perte), de plus, l'Europe et surtout l'Euro (=$) les attirent désormais bien plus que les States. 

Tant il est vrai que l'avenir reste incertain, ce qui est sûr, c'est que les Cubains  vivant dans l'île n'accepteront jamais que les lobbys de Miami reviennent en conquérants après la disparition de Castro. 
Il me semble que Raúl prendra la succession, j'ai entendu aussi un autre nom (m'en rappel +, un modéré je crois). 
Dans tous les cas, l'exil n'aura pas l'argent du beurre après avoir fait voter la très réactionnaire loi Helms-Burton. 

Ces acquis ne seront pas sacrifiés sur l'autel de l'ouverture post-Castriste, les Cubains plus que les autres ont bien compris la situation de l'ex URSS, et ils n'entendent pas que pareille chose se produisent chez eux. 

Oui un soutien inconditionnel de la pensée de Guevara, je sais comme toi qu'elle a été tronqué en faveur d'impératifs économiques. 
     Ceci dit, leur système me semble le + juste qu'il m'ait été possible de constater. Par rapport à ce que l'on attend de nous dans notre système pourri et broyeur d'humains, c'est pour moi une alternative positive, éducation et santé sont restés une priorité pour les dirigeants Cubains, c'est tout à leur honneur. 
    Mortalité infantile au Brésil: 57 pour 1000 
                              à  Cuba: 10 pour 1000 
                           en France:   7 pour 1000 
    Je suppose que tu connais ces chiffres, ils valident à eux seuls le système. 

Hasta la victoria siempre. 
François.
 


Venant de parcourir votre site dédié à Cuba, je me sentais l'obligation d'apporter mon point de vue. Votre amour pour le Peuple cubain m'apparaît bien terre-à-terre.Comment peut-on prétendre que la Révolution cubaine a été un échec, alors que le pays réussi mieux, dans tous les domaines, que ses voisins, qui n'ont pas eux à subir de blocus de l'Empire yankee. La quasi totalité de l'analyse que vous faites sur la situation qui prévaut au pays ne tient pas compte de cet embargo immoral et inhumain qui étrangle et paralyse la vie de tout un Peuple. Soit, comme disent les anti-castristes, il ne faut pas tout mettre sur le dos de l'embargo. Mais,si c'est le système comme vous dites, qui ne fonctionne plus, comment se fait-il qu'il ne tombe pas de lui-même et qu'il a fallu voter en 92 la loi toricelli pour renforcir l'embargo, la chute de l'URSS n'ayant pas suffit à le faire tomber? Pourquoi encore la loi extra territoriale Helms-Burton en 98 venu en renfort pour accélérer la chute de Cuba? Monsieur, si vous aimez vraiment ce pays-là, il faudrait que vous le défendiez lorsque la super puissance américaine applique une politique génocide envers lui. Si vous aimez vraiment ces beaux enfants qui nous sourient, il faudrait que vous dénonciez l'oncle Sam qui refuse de vendre des médicaments à Castro et que jeunes et viellards meurent dans les hopitaux faute d'avoir eu le remède qui auraient pu les sauver. Parcourrez donc un peu les pays voisins, et observez le sort réservé aux enfants, vous verrez que les enfants cubains n'ont rien à leur envier. Il faudrait que vous soyez objectif et reconnaître, que dans le contexte, Cuba fait des miracles et ce n'est pas Castro le problème.Souhaiteriez-vous que la mafia cubaine de Miami fasse un retour? Cuba a acquis sa véritable indépendance en 59 et à su faire face à 40 ans d'agressions de toute sorte et n'a jamais abandonné son Peuple à son ancien bourreau. Le socialisme à Cuba n'est pas parfait pas plus que Castro l'est, mais je crois que le véritable amour que l'on devrait témoigner au Peuple passe nécessairement par le respect de ses dirigeants légitimes et soutenus par la majorité.
                                Michael Walsh, pour l'Association québécoise des amis de Cuba
notre site (qui fourni le lien avec le vôtre) aqac.iquebec.com   

6 mai 2001

 

Tout d’abord, je vous remercie pour votre long commentaire qui, s’il va à l’encontre de mes idées et de mon expérience, a le mérite de la courtoisie et de la sincérité, ce qui n’est pas toujours le cas des messages que me vaut mon site.

Le seul point sur lequel je suis entièrement d’accord avec vous, c’est sur le sort réservé aux enfants dans les autres pays d’Amérique latine et le statut privilégié des enfants cubains en comparaison. Le slogan officiel n’est pas une contrevérité : des millions d’enfants meurent de faim et sont exploités et abandonnés dans le monde entier ; pas un seul à Cuba. Il est indéniable que les enfants y sont respectés et que beaucoup d’efforts sont faits pour eux. Mais cela ne doit pas nous faire fermer les yeux sur l’endoctrinement dont ils sont l’objet et les conséquences sur la famille d’une conception totalitaire qui considère que les enfants appartiennent à l’État, qui s’autorise le droit de les dresser contre leurs parents. J’ai maintes fois dénoncer le scandale de " l’école aux champs ", arme contre la cohésion de la cellule familiale, en même temps qu’apprentissage prématuré de la promiscuité.

En ce qui concerne l’embargo, tout le monde sait qu’il sert d’alibi à Castro pour expliquer une faillite économique due à des choix aberrants qui ont rendu le pays totalement dépendant de l’URSS et ont provoqué le collapsus des années 90. La loi Torricelli et la loi Helms-Burton font autant de tort aux États-Unis qu’à Cuba et permet à des pays comme le Canada et le Mexique d’entretenir avec Cuba des relations commerciales privilégiées que les industriels américains enragent de ne pouvoir établir. L’effet sur l’économie cubaine n’est qu’un ralentissement, un surcoût qui ne fait qu’aggraver la situation. Si Cuba réussit à se maintenir avec cette économie délabrée dont les dirigeants sont les seuls responsables, c’est d’une part en spéculant sur la dette internationale et, d’autre part, grâce aux apports conjugués du tourisme et de l’aide des exilés à leur famille. Encore faut-il voir dans quelles conditions le peuple cubain est obligé de vivre pour que ses dirigeants puissent se maintenir au pouvoir. Est-ce à dire que ceux-ci sont " soutenus par la majorité ", comme vous l’écrivez si ingénument ? C’est mal connaître les conditions sociologiques d’un pays totalitaire doté d’une police redoutablement efficace et renforcée par la honteuse organisation des CDR. Les dirigeants de ce pays sont tout sauf légitimes et démocratiques. Allez parler avec les gens de la rue, les citoyens ordinaires et, lorsque vous aurez gagné leur confiance, vous verrez ce qu’ils pensent de ce dictateur si admiré à l’étranger par ceux qui voient encore en lui le héraut d’une idéologie qu’il a depuis longtemps abandonnée et trahie.

L’affirmation selon laquelle Cuba réussit mieux que ses voisins dans tous les domaines est totalement dénuée de fondement, car en réalité la seule réussite de ce système est la scolarisation des enfants (ce qui n’est pas rien, je le reconnais), le domaine sanitaire n’étant plus qu’un mythe depuis bien longtemps et pas du tout pour des raisons liées à l’embargo (qui n’empêche pas les soins aux touristes, aux visiteurs de marque et à la nomenklatura).

Je ne prétends pas justifier la politique américaine à l’égard de Cuba et je sais bien que des considérations mercantiles, hégémonistes et de basse politique sont à l’origine de bien des attitudes des différents gouvernements des États-Unis. Mais leurs agissements ne sont pas différents à Cuba qu’au Chili, au Nicaragua ou en Colombie. Les relations entre Cuba et les États-Unis sont beaucoup plus complexes que la vision manichéenne du David barbu et généreux défiant l’horrible oncle Sam. Cela fait deux siècles qu’alternent entre l’Ile et son puissant voisin les phases d’amour et de haine. N’oublions pas que ce sont les États-Unis qui ont libéré Cuba du pouvoir espagnol, qu’une grande partie des artisans de cette indépendance étaient partisans de l’annexion et que, maintenant encore, les Cubains de Cuba, et même parmi les dirigeants au milieu de leurs diatribes, n’arrêtent pas de loucher avec envie sur cette société américaine si vilipendée, mais à laquelle le pays ne demande qu’à adhérer, ne serait-ce qu’en réaction contre cet enfer qu’un dictateur sanguinaire et paranoïaque impose depuis quarante ans à son peuple.

Cordialement,

21 mai 2001

 

Merci de votre réponse. Je vois que nos vues sont diamétralement opposées et que, somme toute, je ne parviendrai pas à vous convaincre, pas plus que vous avec vos arguments que je pourrais démolir (sans prétentions) du premier au dernier. Je pourrais cependant m'adonner à cet exercice avec plaisir, si j'avais la garantie que vos visiteurs puissent suivrent le débat( tout comme les cubains se rassemblent dans les lieux publics autour de 2 interlocuteurs qui débatent avec des idées politiques à l'opposées)
 
                                             Venceremos!  

22 mai 2001

 

Pour le bénéfice de vos visiteurs, je vais essayer de donner la réplique, le plus honnêtement possible à vos réflexions. Pour commencer, quand vous parlez de la conception totalitaire à Cuba concernant les enfants, qui seraient dressés contre leur parent et que la participation aux travaux des champs conduiraient à la promiscuité et que la cellule familiale serait affecté et que finalement les enfants appartiendraient à l’Etat, relève d’un discours ultra conservateur. J’ai visité à plusieurs reprises les familles cubaines ainsi que des écoles pré- universitaires où j’ai séjourné quelques semaines. J’ai été impressionné par les valeurs véhiculées à travers cette jeunesse et si c’est çà qui vous fait dire que les enfants appartiennent à l’Etat, je me demande à qui appartiennent les enfants d’ici. La solidarité, l’entraide, la tolérance, la connaissance de leur histoire et de celle du monde extérieur sont quelques une des notions importantes avec lesquels grandissent les enfants cubains. La cellule familiale n’en est qu’enrichie et le rôle de l’Etat dans l’éducation est en lien direct avec les parents, liens beaucoup trop fragiles, hélas, dans nos pays capitalistes. La combinaison ÉTUDES-TRAVAUX AUX CHAMPS est une notion qui fait l’orgueil et la fierté du système cubain. Ce sujet là, à lui seul, vaudrait tout un débat, d’autant plus qu’il touche une partie de la pensée du héros national cubain, José Marti. Disons seulement qu’elle apporte une meilleure compréhension et un plus grand respect de la part de la jeunesse et de futurs intellectuels de ce que représente les travaux manuels et la façon dont le pain quotidien arrive sur la table. Pour ce qui est de la promiscuité, je n’ai pas vu d’incitations comme tel qui me laisserait croire que c’est plus facile d’y succomber là-bas que chez-nous. Tout me laisse croire le contraire, quand on regarde les fléaux dans les écoles du NORD : taxage entre étudiants, vente de drogues à l’école, enfants qui tirent avec des armes à feu sur les autre écoliers, haine raciale ,sexisme et violence au quotidien. Oui, l’école cubaine est un paradis à côté de cet enfer.

Bien d’accord avec vous quand vous dites que le pays a été dépendant de l’URSS et je rajouterais que presque toute l’économie a été subordonnée à ce dernier, vers qui Cuba n’a pas eu le choix de se tourner. Mais quand vous dites que tout le monde sait que l’embargo américain sert d’alibi à Castro et que le délabrement de l’économie serait exclusivement dû à ses dirigeants, là je croirais entendre parler la mafia de Miami. Ne croyiez-vous pas qu’il est de bonne guerre que Castro jure contre le blocus. Cuba n’impose pas d’embargo aux EU, à ce que je sache. Si l’économie socialiste était un fiasco, dont on pouvait se moquer et n’avoir aucunes craintes qu’il se propage dans les pays avoisinants, pourquoi alors tant s’acharner sur ce petit pays, qui n’est une menace pour personne et qui ne demande qu’à vivre et sauvegarder son indépendance. Quel est ce grand modèle de démocratie qu’on veut imposer aux autres? Serais-ce le modèle où il faut avoir des millions de dollars pour se présenter aux élections et où on peut avec les cours de justice(!) rejeter des milliers de votes qui appartiennent aux minorités ethniques. À Cuba, ce ne sont pas 60% des gens qui vont voter, mais bien 98% de cubains qui se déplacent aux urnes LIBREMENT pour aller élire leurs dirigeants qui n’ont pas eu le droit de dépenser un seul peso pour leur campagne électorale(1). Un autre débat pourrait se tenir uniquement sur les élections, tellement le sujet a été galvaudé par les ennemis de Cuba.

Vous affirmez que le blocus n’aurait qu’ un effet de ralentissement sur l’économie cubaine et que les lois Helms-Burton et Toricelli votées par les USA leur feraient autant de mal qu’à Cuba. Voilà que l’Empire adopte des lois extra-territoriales qui menacent les autres pays qui veulent brasser des affaires avec Cuba, interdit à ses propres citoyens de voyager dans l’Ile sous peine de 10 années de prison et d’amendes pouvant aller jusqu’à $30,000 ( Les citoyens cubains sont libres de voyager n’importe où dans le monde) prive 11 millions d’habitants de pouvoir se procurer l’essentiel, tel aliments et médicaments, l’embargo interdisant l’exportation et la vente de ces produits à Cuba. Pourtant, se trouve un article dans la déclaration universelle des droits de l’homme qui dit : En temps de guerre, nul pays ne doit priver ses populations respectives d’aliments et de médicaments, considérés comme articles de survie. On ose encore venir minimiser l’impact de ce blocus criminel et génocide imposé à un pays, sans raison et par surcroit, en temps de paix. Tant qu’à l’argent envoyé par les exilés cubains à leur parenté dans l’Ile, sachez que le montant envoyé par un proche ne doit pas dépassé $100 par mois et que Cuba est à peu près le seul pays où une limite est imposée lorsqu’il s’agit pour un résident des EU d’envoyer une somme d’argent à sa famille. Quant à votre doute à savoir que la population appui massivement le gouvernement, en janvier dernier plus de 1 million de cubains descendaient dans les rue de la Havane pour dénoncer la loi américaine appelée la loi d’ajustement cubain(2). Toujours à la Havane (2 millions d’habitants) au premier mai dernier, à la fête des travailleurs, 1million 200 milles cubains répondaient à l’appel de leurs organisations de masse et descendaient une autre fois dans la rue, acclamer et approuver leur gouvernement. Ailleurs dans le monde, au même moment, des travailleurs aussi descendus dans la rue étaient matraqués et gazés par leur gouvernement. Ne venez surtout pas me dire que les cubains qui ne vont pas manifester pourraient perdre leur job. Celle-là, ils la trouvent bien drôle.

N’étant pas du tout d’accord sur l’appréciation faite au sujet des CDR(Comités de défense de la révolution) je tiens à vous souligner qu’ils ont été mis sur pied dès les débuts de la Révolution pour contrer les assassinats et les sabotages perpétrés par la CIA. En effet, plusieurs jeunes partis parcourir tous les coins du pays durant la campagne d’alphabétisation, ont été assassinés avec les gens à qui ils apprenaient à lire et à écrire. Comment pourrait-on blâmer un peuple qui se défend contre un agresseur sans scrupule qui n’hésite pas à éliminer tout ce qui peut sembler une menace à sa domination.

Il est tout à fait étrange d’entendre affirmer que Castro aurait abandonné et trahi depuis longtemps son idéologie. Qu’a donc -t-il fait d’autre durant ces 40 années, si ce n’est d’avoir consacré sa vie toute entière à la cause de son Peuple? Quel dirigeant de pays pourrait se vanter d’en avoir fait autant. Quoique vous en pensiez et en disiez, si Fidel Castro avait trahi son Peuple, il y a longtemps que ce dernier l’aurait basculé à la poubelle de l’Histoire. Mais un Peuple instruit, libre et fier n’est pas assez duple pour croire l’impérialisme américain et ses supporteurs qu’ ils leur voudraient du bien tout en justifiant les mesures injustes qu’ils leur font subir.

Vous ne voulez pas admettre que Cuba a mieux réussi ,même ave un embargo de la super puissance mondiale, que les pays voisins. La liste serait longue et les comparaisons avec Haïti, la République Dominicaine, ses plus proches voisins seraient très éloquentes. Le taux de mortalité infantile(.07%) Voir commentaire en espagnol  l’espérance de vie(76 ans) médecins par habitant(196) professeur par élève(12) l’analphabétisme enrayée, éducation gratuite de la maternelle à l’université et les soins de santé gratuits et accessibles à tous. D’accord avec vous que le secteur de la santé s’est détérioré mais pas d’accord quand vous osez dire que le blocus n’y est pour rien, quand on sait que pas une seule aspirine ne peut être vendu à Cuba et qu’il en coûte 3 fois plus chère de se les procurer ailleurs. Je vous inviterais, ainsi que vos visiteurs à consulter L’ETAT DU MONDE dans sa dernière version pour réaliser comment ce pays performe dans les domaines ci-haut mentionnés.

Le dernier point que vous avez abordé et à laquelle je me fais un devoir de donner, ce que je crois être l’heure juste, porte sur l’indépendance de Cuba. Ainsi les E-U auraient libéré Cuba des espagnols et , des artisans de l’indépendance auraient été favorables à l’annexion avec l’Empire. José Marti se tournerait dans sa tombe s’il en venait à avoir écho de cette analyse là. Cette guerre d’indépendance a été gagné par les cubains, et eux seuls qui ont versé leur sang. C’est au moment où toutes les batailles décisives avaient été menées que les gringos sont arrivés comme des vautours pour assujettir à leur tour le pays. Un scénario qui s’est répété plusieurs fois au cours de l’Histoire des luttes inter-impérialistes. Nommez donc un seul dirigeant qui loucherait, comme vous dites, avec envie sur cette société américaine plutôt que de demeurer dans ce que vous appelez l’enfer du dictateur sanguinaire et paranoïaque. Pourquoi donc, si c’est un enfer, voyagez-vous dans ce pays plutôt qu’un autre et continuer d’encourager le démon Fidel?

(1) Democracy in Cuba and the 1997-98 elections

Arnold August, Editorial Jose Marti

(2) Loi américaine qui accorde à un cubain, ayant mis le pied sur le sol américain, un emploi et un logis assurés pour 2 ans et la quasi certitude d’obtenir la citoyenneté américaine. Cette loi est l’unique responsable de milliers de morts par noyade et épuisement d’ insulaires cubains (balseros) ayant tenté de rejoindre la Floride.

Michael Walsh

13 juin 2001

 

Leí el debate con un Sr. francés (*)  que hay en tu página y me pareció muy interesante. Me gustaría decir cosas al respecto, pero deberé leerlo otra vez porque lo leí apresuradamente. Recuerdo vagamente cosas, pero sí me acuerdo muy bién de las estadísticas, por ejemplo; él menciona el índice de mortalidad infantil de Brasil, Cuba y Francia a modo de comparación, y claro, Cuba sale beneficiada con esto, pero lo que ignora, es que el bajo índice de mortalidad infantil de Cuba, no es un logro castrista, ya existía desde varios años antes de que ese Sr. cogiera el poder. Pero en fin, como siempre digo, todo el  problema es semántico, porque, en el caso de Cuba , su gobierno, simpatizantes y detractores, habría que ponernos de acuerdo y cambiar el concepto de algunas palabras, por ejemplo: Paraíso: lugar del que casi todo el mundo quiere salir, a pie, a caballo, en bote, en rueda de coche o colgado en la rueda de un coche.

Víctor

(*) En realidad, el señor Walsh es canadiense

 

¡ Hola compañero !

Cuba, c'est une île que j'ai découverte il y a bientôt 4 ans et, depuis, j'y retourne 3 fois par année (je suis instit en Guadeloupe, d'où les congés !). J'apprends donc l'espagnol et j'enrichis mes connaissances de terrain par la lecture d'ouvrages en rapport avec ce pays fascinant.

Bien entendu, je confirme la quasi totalité des informations de ton site et de tes analyses, qui sont si flagrantes qu'il est surprenant de lire encore des textes comme celui de M. Walsh. Pour ma part j'étais parti sans a priori, curieux de me faire une opinion personnelle sur un pays dont l'histoire récente a fait le tour du monde à travers ses figures emblématiques, Fidel et surtout le Che, un des mythes majeurs du XX ème siècle dont l'immortel poster par Korda a été de tous les combats revendicatifs. Curiosité pour moi, homme de gauche, de voir la réalité de ce pays qui avait porté tant d'espoirs et fait l'objet d'autant de critiques.

Aujourd'hui, je suis fixé : Cuba est bien un régime totalitaire et Fidel un dictateur vieillissant se cramponnant comme tant d'autres avant lui aux chimères de sa jeunesse, au crépuscule de sa vie.

Concernant M. Walsh, la lecture de son message me laisse assez pantois, c'est une belle illustration d'aveuglement idéologique que je pensais en voie de disparition, depuis les maos, prosélytes si grotesques d'une Chine de carton-pâte. Je trouve renversant de naïveté de croire aux manifestations spontanées pour le retour d'Elian (" Elián, amigo, mándame un abrigo, Elián, amigo, llévame contigo "), à croire que M. Walsh n'a jamais mis les pieds à Cuba, ou qu'il s'est présenté à ses interlocuteurs comme un enquêteur officiel ! Quant à sa vision des élections libres (" 98% qui élisent librement leurs dirigeants " !), là, c'est proprement renversant. Ce serait à hurler de rire si on ne parlait pas de la vie de millions de personnes. J'en viens même à me demander si son association ce ne serait pas une antenne du ministère de la propagande cubain ( là, il faut que je me surveille, je me laisse gagner par la parano cubaine !) ?

L'embargo, bien sûr, je le condamne fermement, comme toutes les mesures, ici ou ailleurs, qui pénalisent les peuples et n'ont aucune conséquence sur leurs dirigeants, toujours en place, à La Havane comme à Bagdad. N'ayant aucune formation économique et des informations partielles, je ne prends pas position quant à son importance réelle dans la misère de la population. J'ai retenu qu'en interdisant l'accès de Cuba aux organismes internationaux, il pénalise grandement le pays par l'importance des taux d'intérêt que cela lui impose. Mais les ouvrages, généralement œuvres de journalistes (Olivier Languepin : " Cuba, la faillite d'une utopie ") que j'ai lus, s'accordent pour dire qu'il ne suffit pas à dédouaner le pouvoir de ses choix souvent catastrophiques en matière économique.

Concernant les transferts de la " mafia " de Miami vers Cuba, les chiffres de l'ouvrage pré-cité sont tout de même de 800 M de $, soit autant que les revenus touristiques, 1ère source de revenus de l'île. (Au fait, pourquoi parler de " mafia ", et pourquoi pas aussi de " gusanos ", ça fait un peu langue de bois, non ? je vous suggère aussi " vipères lubriques ", vieil effluve de la guerre froide ... Bon, c'est vrai que les cubains de Miami ne se sont pas présentés sous un jour très sympathique dans l'affaire Elian, avec tout leur cinéma grandiloquent, leurs déclarations tonitruantes et leur délire mystique, mais pour moi ce sont tout simplement " les cubains de l'exil " et je n'éprouve pas le besoin de reprendre à mon compte le vocabulaire de " Granma " .)

" Les citoyens cubains sont libres de voyager n'importe où dans le monde "... à condition de payer 50$ le passeport, 150 $ la " tarjeta blanca "( autorisation de quitter le territoire), laquelle n'est délivrée que sur présentation du visa (30 à 50 $ selon la durée et le pays) et de la lettre d'invitation, papier notarié (et 150 $ de mieux). Ah, si le séjour excède 1 mois, c'est " prórroga de estancia "... et encore 120 $ ! L'heureux touriste n'aura plus qu'à se payer le billet d'avion et à acquitter la taxe d'aéroport de 20 $. On remarquera que j'ai écrit $ et non pesos puisque, pour ceux qui l'ignoreraient encore, cette monnaie a libre cours et est exigée dans les magasins et les formalités. Bonne chance au joyeux voyageur pour économiser sur son salaire mensuel de 200 pesos(=10 $), (à condition d'avoir un boulot, ce qui est loin d'être toujours le cas, et d'être relativement bien payé, car il y a des salaires inférieurs).

Si je fais mes comptes , c'est donc 7 ou 8 ans de salaire complet la petite balade chez les capitalistes. Ça calme !

Ah, encore un petit détail. Si vous êtes médecin, ou d'une autre profession qu'on juge nécessaire au pays, ça ne vous coûtera rien, vu qu'on ne vous autorisera pas à partir ! Mais, à part ça, " Les citoyens cubains sont libres de voyager n'importe où dans le monde " ! Puisqu'on vous le dit ! On croit rêver...

" ... n'importe où dans le monde " mais pas dans leur propre pays car il faut une bonne raison pour sortir de leur province, voire dans leur propre ville, dans les " zones touristiques " ou les cubains (et surtout les cubaines) son persona non grata, un comble ! Bon, j'en dirai pas plus sur le chapitre.

Plus je lis le courrier de M. Walsh, plus les bras m'en tombent ! sur les CDR, il gobe vraiment tout ce que lui raconte la propagande, sans un instant de doute ; vraiment un tel manque d'esprit critique, ça touche à la pathologie ! Je n'essaierai même pas de le convaincre, des gens comme ça, ils naissent avec leurs convictions et ils meurent avec les mêmes, sans s'être interrogés une seconde entre les deux. Ils ont la foi des mystiques et le fait que des gens comme nous, qui avons une expérience vécue du pays et de ses habitants, nous corroborions ce qui se lit dans la plupart des ouvrages sérieux, ça ne leur en touche pas une, tellement ils sont barricadés derrière leurs certitudes.

Mais à l'usage des autres visiteurs de ton site, qui voudraient se faire une idée plus juste du pays, je tiens à apporter ma contribution en confirmant ta position.

Jean-Marc (Marco, porque allà no hay quien lo pronuncie !)

9 décembre 2001