|
Venant de parcourir votre site dédié à
Cuba, je me sentais l'obligation d'apporter mon point de vue. Votre
amour pour le Peuple cubain m'apparaît bien terre-à-terre.Comment
peut-on prétendre que la Révolution cubaine a été un échec, alors
que le pays réussi mieux, dans tous les domaines, que ses voisins,
qui n'ont pas eux à subir de blocus de l'Empire yankee. La quasi
totalité de l'analyse que vous faites sur la situation qui prévaut
au pays ne tient pas compte de cet embargo immoral et inhumain qui étrangle
et paralyse la vie de tout un Peuple. Soit, comme disent les
anti-castristes, il ne faut pas tout mettre sur le dos de l'embargo.
Mais,si c'est le système comme vous dites, qui ne fonctionne plus,
comment se fait-il qu'il ne tombe pas de lui-même et qu'il a fallu
voter en 92 la loi toricelli pour renforcir l'embargo, la chute de
l'URSS n'ayant pas suffit à le faire tomber? Pourquoi encore la loi
extra territoriale Helms-Burton en 98 venu en renfort pour accélérer
la chute de Cuba? Monsieur, si vous aimez vraiment ce pays-là, il
faudrait que vous le défendiez lorsque la super puissance américaine
applique une politique génocide envers lui. Si vous aimez vraiment
ces beaux enfants qui nous sourient, il faudrait que vous dénonciez
l'oncle Sam qui refuse de vendre des médicaments à Castro et que
jeunes et viellards meurent dans les hopitaux faute d'avoir eu le remède
qui auraient pu les sauver. Parcourrez donc un peu les pays voisins,
et observez le sort réservé aux enfants, vous verrez que les enfants
cubains n'ont rien à leur envier. Il faudrait que vous soyez objectif
et reconnaître, que dans le contexte, Cuba fait des miracles et ce
n'est pas Castro le problème.Souhaiteriez-vous que la mafia cubaine
de Miami fasse un retour? Cuba a acquis sa véritable indépendance en
59 et à su faire face à 40 ans d'agressions de toute sorte et n'a
jamais abandonné son Peuple à son ancien bourreau. Le socialisme à
Cuba n'est pas parfait pas plus que Castro l'est, mais je crois que le
véritable amour que l'on devrait témoigner au Peuple passe nécessairement
par le respect de ses dirigeants légitimes et soutenus par la majorité.
Michael Walsh, pour l'Association québécoise des amis de Cuba
notre site (qui fourni le lien avec le vôtre)
aqac.iquebec.com
6 mai 2001 |
Tout d’abord, je vous remercie pour votre long commentaire qui, s’il va à l’encontre de mes idées et de mon expérience, a le mérite de la courtoisie et de la sincérité, ce qui n’est pas toujours le cas des messages que me vaut mon site. Le seul point sur lequel je suis entièrement d’accord avec vous, c’est sur le sort réservé aux enfants dans les autres pays d’Amérique latine et le statut privilégié des enfants cubains en comparaison. Le slogan officiel n’est pas une contrevérité : des millions d’enfants meurent de faim et sont exploités et abandonnés dans le monde entier ; pas un seul à Cuba. Il est indéniable que les enfants y sont respectés et que beaucoup d’efforts sont faits pour eux. Mais cela ne doit pas nous faire fermer les yeux sur l’endoctrinement dont ils sont l’objet et les conséquences sur la famille d’une conception totalitaire qui considère que les enfants appartiennent à l’État, qui s’autorise le droit de les dresser contre leurs parents. J’ai maintes fois dénoncer le scandale de " l’école aux champs ", arme contre la cohésion de la cellule familiale, en même temps qu’apprentissage prématuré de la promiscuité. En ce qui concerne l’embargo, tout le monde sait qu’il sert d’alibi à Castro pour expliquer une faillite économique due à des choix aberrants qui ont rendu le pays totalement dépendant de l’URSS et ont provoqué le collapsus des années 90. La loi Torricelli et la loi Helms-Burton font autant de tort aux États-Unis qu’à Cuba et permet à des pays comme le Canada et le Mexique d’entretenir avec Cuba des relations commerciales privilégiées que les industriels américains enragent de ne pouvoir établir. L’effet sur l’économie cubaine n’est qu’un ralentissement, un surcoût qui ne fait qu’aggraver la situation. Si Cuba réussit à se maintenir avec cette économie délabrée dont les dirigeants sont les seuls responsables, c’est d’une part en spéculant sur la dette internationale et, d’autre part, grâce aux apports conjugués du tourisme et de l’aide des exilés à leur famille. Encore faut-il voir dans quelles conditions le peuple cubain est obligé de vivre pour que ses dirigeants puissent se maintenir au pouvoir. Est-ce à dire que ceux-ci sont " soutenus par la majorité ", comme vous l’écrivez si ingénument ? C’est mal connaître les conditions sociologiques d’un pays totalitaire doté d’une police redoutablement efficace et renforcée par la honteuse organisation des CDR. Les dirigeants de ce pays sont tout sauf légitimes et démocratiques. Allez parler avec les gens de la rue, les citoyens ordinaires et, lorsque vous aurez gagné leur confiance, vous verrez ce qu’ils pensent de ce dictateur si admiré à l’étranger par ceux qui voient encore en lui le héraut d’une idéologie qu’il a depuis longtemps abandonnée et trahie. L’affirmation selon laquelle Cuba réussit mieux que ses voisins dans tous les domaines est totalement dénuée de fondement, car en réalité la seule réussite de ce système est la scolarisation des enfants (ce qui n’est pas rien, je le reconnais), le domaine sanitaire n’étant plus qu’un mythe depuis bien longtemps et pas du tout pour des raisons liées à l’embargo (qui n’empêche pas les soins aux touristes, aux visiteurs de marque et à la nomenklatura). Je ne prétends pas justifier la politique américaine à l’égard de Cuba et je sais bien que des considérations mercantiles, hégémonistes et de basse politique sont à l’origine de bien des attitudes des différents gouvernements des États-Unis. Mais leurs agissements ne sont pas différents à Cuba qu’au Chili, au Nicaragua ou en Colombie. Les relations entre Cuba et les États-Unis sont beaucoup plus complexes que la vision manichéenne du David barbu et généreux défiant l’horrible oncle Sam. Cela fait deux siècles qu’alternent entre l’Ile et son puissant voisin les phases d’amour et de haine. N’oublions pas que ce sont les États-Unis qui ont libéré Cuba du pouvoir espagnol, qu’une grande partie des artisans de cette indépendance étaient partisans de l’annexion et que, maintenant encore, les Cubains de Cuba, et même parmi les dirigeants au milieu de leurs diatribes, n’arrêtent pas de loucher avec envie sur cette société américaine si vilipendée, mais à laquelle le pays ne demande qu’à adhérer, ne serait-ce qu’en réaction contre cet enfer qu’un dictateur sanguinaire et paranoïaque impose depuis quarante ans à son peuple. Cordialement, 21 mai 2001 |
Merci de votre réponse. Je vois que nos
vues sont diamétralement opposées et que, somme toute, je ne
parviendrai pas à vous convaincre, pas plus que vous avec vos
arguments que je pourrais démolir (sans prétentions) du premier au
dernier. Je pourrais cependant m'adonner à cet exercice avec plaisir,
si j'avais la garantie que vos visiteurs puissent suivrent le débat(
tout comme les cubains se rassemblent dans les lieux publics autour de
2 interlocuteurs qui débatent avec des idées politiques à l'opposées)
Venceremos!
22 mai 2001 |
¡ Hola compañero ! Cuba, c'est une île que j'ai découverte il y a bientôt 4 ans et, depuis, j'y retourne 3 fois par année (je suis instit en Guadeloupe, d'où les congés !). J'apprends donc l'espagnol et j'enrichis mes connaissances de terrain par la lecture d'ouvrages en rapport avec ce pays fascinant. Bien entendu, je confirme la quasi totalité des informations de ton site et de tes analyses, qui sont si flagrantes qu'il est surprenant de lire encore des textes comme celui de M. Walsh. Pour ma part j'étais parti sans a priori, curieux de me faire une opinion personnelle sur un pays dont l'histoire récente a fait le tour du monde à travers ses figures emblématiques, Fidel et surtout le Che, un des mythes majeurs du XX ème siècle dont l'immortel poster par Korda a été de tous les combats revendicatifs. Curiosité pour moi, homme de gauche, de voir la réalité de ce pays qui avait porté tant d'espoirs et fait l'objet d'autant de critiques. Aujourd'hui, je suis fixé : Cuba est bien un régime totalitaire et Fidel un dictateur vieillissant se cramponnant comme tant d'autres avant lui aux chimères de sa jeunesse, au crépuscule de sa vie. Concernant M. Walsh, la lecture de son message me laisse assez pantois, c'est une belle illustration d'aveuglement idéologique que je pensais en voie de disparition, depuis les maos, prosélytes si grotesques d'une Chine de carton-pâte. Je trouve renversant de naïveté de croire aux manifestations spontanées pour le retour d'Elian (" Elián, amigo, mándame un abrigo, Elián, amigo, llévame contigo "), à croire que M. Walsh n'a jamais mis les pieds à Cuba, ou qu'il s'est présenté à ses interlocuteurs comme un enquêteur officiel ! Quant à sa vision des élections libres (" 98% qui élisent librement leurs dirigeants " !), là, c'est proprement renversant. Ce serait à hurler de rire si on ne parlait pas de la vie de millions de personnes. J'en viens même à me demander si son association ce ne serait pas une antenne du ministère de la propagande cubain ( là, il faut que je me surveille, je me laisse gagner par la parano cubaine !) ? L'embargo, bien sûr, je le condamne fermement, comme toutes les mesures, ici ou ailleurs, qui pénalisent les peuples et n'ont aucune conséquence sur leurs dirigeants, toujours en place, à La Havane comme à Bagdad. N'ayant aucune formation économique et des informations partielles, je ne prends pas position quant à son importance réelle dans la misère de la population. J'ai retenu qu'en interdisant l'accès de Cuba aux organismes internationaux, il pénalise grandement le pays par l'importance des taux d'intérêt que cela lui impose. Mais les ouvrages, généralement œuvres de journalistes (Olivier Languepin : " Cuba, la faillite d'une utopie ") que j'ai lus, s'accordent pour dire qu'il ne suffit pas à dédouaner le pouvoir de ses choix souvent catastrophiques en matière économique. Concernant les transferts de la " mafia " de Miami vers Cuba, les chiffres de l'ouvrage pré-cité sont tout de même de 800 M de $, soit autant que les revenus touristiques, 1ère source de revenus de l'île. (Au fait, pourquoi parler de " mafia ", et pourquoi pas aussi de " gusanos ", ça fait un peu langue de bois, non ? je vous suggère aussi " vipères lubriques ", vieil effluve de la guerre froide ... Bon, c'est vrai que les cubains de Miami ne se sont pas présentés sous un jour très sympathique dans l'affaire Elian, avec tout leur cinéma grandiloquent, leurs déclarations tonitruantes et leur délire mystique, mais pour moi ce sont tout simplement " les cubains de l'exil " et je n'éprouve pas le besoin de reprendre à mon compte le vocabulaire de " Granma " .) " Les citoyens cubains sont libres de voyager n'importe où dans le monde "... à condition de payer 50$ le passeport, 150 $ la " tarjeta blanca "( autorisation de quitter le territoire), laquelle n'est délivrée que sur présentation du visa (30 à 50 $ selon la durée et le pays) et de la lettre d'invitation, papier notarié (et 150 $ de mieux). Ah, si le séjour excède 1 mois, c'est " prórroga de estancia "... et encore 120 $ ! L'heureux touriste n'aura plus qu'à se payer le billet d'avion et à acquitter la taxe d'aéroport de 20 $. On remarquera que j'ai écrit $ et non pesos puisque, pour ceux qui l'ignoreraient encore, cette monnaie a libre cours et est exigée dans les magasins et les formalités. Bonne chance au joyeux voyageur pour économiser sur son salaire mensuel de 200 pesos(=10 $), (à condition d'avoir un boulot, ce qui est loin d'être toujours le cas, et d'être relativement bien payé, car il y a des salaires inférieurs). Si je fais mes comptes , c'est donc 7 ou 8 ans de salaire complet la petite balade chez les capitalistes. Ça calme ! Ah, encore un petit détail. Si vous êtes médecin, ou d'une autre profession qu'on juge nécessaire au pays, ça ne vous coûtera rien, vu qu'on ne vous autorisera pas à partir ! Mais, à part ça, " Les citoyens cubains sont libres de voyager n'importe où dans le monde " ! Puisqu'on vous le dit ! On croit rêver... " ... n'importe où dans le monde " mais pas dans leur propre pays car il faut une bonne raison pour sortir de leur province, voire dans leur propre ville, dans les " zones touristiques " ou les cubains (et surtout les cubaines) son persona non grata, un comble ! Bon, j'en dirai pas plus sur le chapitre. Plus je lis le courrier de M. Walsh, plus les bras m'en tombent ! sur les CDR, il gobe vraiment tout ce que lui raconte la propagande, sans un instant de doute ; vraiment un tel manque d'esprit critique, ça touche à la pathologie ! Je n'essaierai même pas de le convaincre, des gens comme ça, ils naissent avec leurs convictions et ils meurent avec les mêmes, sans s'être interrogés une seconde entre les deux. Ils ont la foi des mystiques et le fait que des gens comme nous, qui avons une expérience vécue du pays et de ses habitants, nous corroborions ce qui se lit dans la plupart des ouvrages sérieux, ça ne leur en touche pas une, tellement ils sont barricadés derrière leurs certitudes. Mais à l'usage des autres visiteurs de ton site, qui voudraient se faire une idée plus juste du pays, je tiens à apporter ma contribution en confirmant ta position. Jean-Marc (Marco, porque allà no hay quien lo pronuncie !) 9 décembre 2001 |