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Une musique qui ne se renouvelle pas

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Interview
La salsa, une mode éphémère
par Jean-Marc Paty
 

Pianiste, musicologue, Isabelle Leymarie publie Cuban Fire, musiques populaires d'expression cubaine, Outre Mesure (190 F). Des racines à nos jours, cette incollable raconte la musique cubaine, partitions et photos à l'appui.

Salsa au salon Rosado, plus connu sous le nom de «Tropical», dans le quartier de Marianao, à La Havane.

© J.-P. Guilloteau

- L'Express : Cette passion française pour la musique afro-cubaine est-elle inédite?
- Isabelle Leymari : Pas vraiment. Dans les années 50, il y a eu la grande et belle époque du mambo et du cha-cha-cha. Au début des années 80, arrivée de la salsa avec le Panaméen Azuquita, à la Chapelle des Lombards. Aujourd'hui, les festivals de musique cubaine se multiplient. Même Ris-Orangis veut créer le sien. Une folie. Ce succès est en partie dû au besoin de fête et de défoulement des Français en période de crise. On a connu le même phénomène avec la biguine dans les années 30.

- Cela va durer?
- Non.

- Pourquoi?
- Parce que ce qu'on appelle la salsa, c'est-à-dire la musique de danse, ne se renouvelle pas. Elle n'est fondée que sur trois accords. En revanche, les musiques traditionnelles cubaines, elles, sont indémodables. Elles sont comme le gospel des Noirs américains. Quant au latin jazz caraïbe, il n'a pas fini de prospérer. Source inépuisable de créativité, il emprunte à tous les rythmes, à tous les genres. Ainsi, quand la salsa sera passée de mode, les curieux sauront vers quoi se reporter.

Article paru dans l'Express du 18/12/1997