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 L'ONU invite Cuba à progresser en matière de droits de l'homme

LE MONDE | 20.04.02 | 15h50

Après avoir été condamné à trois reprises (1999, 2000, 2001) pour "la persistance de violations des droits de l'homme et des libertés fondamentales", Cuba a subi un nouveau revers, vendredi 19 avril, lors de la 58e session de la Commission des droits de l'homme de l'ONU (CDH) à Genève. La résolution, déposée par l'Uruguay et adoptée (23 pour, 21 contre et 9 abstentions) invite le gouvernement cubain "à s'efforcer de réaliser des progrès (...) dans le domaine des droits de l'homme, civils et politiques". Le texte encourage également La Havane "à adhérer au pacte international relatif aux droits civils et politiques et au pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels".

Rédigé dans des termes qui se veulent consensuels, critiquant même en termes à peine voilés l'embargo américain en faisant état de l'"environnement international hostile" de Cuba, la résolution se révèle redoutable dans son point 3 qui demande "à la haut-commissaire des Nations unies aux droits de l'homme de prendre les dispositions voulues pour l'envoi d'un représentant personnel, afin que le Haut-Commissariat coopère avec le gouvernement cubain à l'application de la présente résolution". Le dernier point renvoie l'examen de cette question à la prochaine session, en 2003, à l'occasion de laquelle "le représentant personnel de la haut-commissaire présentera son rapport sur l'application de la présente résolution".

Le mécanisme adopté est de type spécifique et non permanent, ce qui a permis le vote unanime des pays de l'Union européenne qui ont tous voté en faveur du texte, alors que, il y a encore quelques jours, la Belgique avait fait part de son hostilité et que la France n'était pas "insensible aux réserves exprimées", mais au final le principe d'une unité de l'Europe l'a emporté. Parmi les onze pays latino-américains membres de la Commission, seuls deux pays ont voté contre (Cuba, Venezuela), deux se sont abstenus (Brésil, Equateur) et les autres (Argentine, Chili, Costa Rica, Guatemala, Mexique, Pérou) ont soutenu le texte de l'Uruguay. C'est la première fois que Cuba est mis en cause par ses voisins, qui ont à cette occasion affronté leur opposition interne, en particulier au Mexique et au Pérou, où "le soutien à Cuba contre l'impérialisme américain" demeure très vif.

Pour éviter une telle humiliation, les officiels cubains ont déployé une énergie sans égale ces derniers jours, alternant la séduction, les menaces et pour finir les insultes, qualifiant les gouvernements d'Amérique latine décidés à voter la résolution de "Judas", de "serviles", "à genoux" devant les Etats-Unis.

Les autorités cubaines ont indiqué, avant le vote, qu'elles n'accepteraient jamais une mission "téléguidée par les Etats-Unis", ce qui risque d'isoler plus encore La Havane sur la scène internationale. Le premier test de cette nouvelle donne latino-américaine aura lieu en juin à Madrid à l'occasion du sommet ibéro-américain des chefs d'Etat et de gouvernement, où la dissidence cubaine a l'intention de se manifester. L'objectif des dissidents est de demander - avec le soutien des dirigeants réunis - à Fidel Castro de respecter les engagements souscrits en faveur de la démocratie, en particulier lors du sixième sommet ibéro-américain, tenu à Santiago et à Vina del Mar (Chili, en novembre 1996) et réitérés lors du neuvième, à La Havane (en novembre 1999), ainsi que l'engagement identique qui a été formulé à l'occasion du premier sommet des chefs d'Etat ou de gouvernement des pays d'Amérique latine et des Caraïbes et de l'Union européenne, tenu à Rio de Janeiro en juin 1999.

Alain AbeLlard

Le Monde daté du 21.4.2002


 
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