|
|
Soy Cuba |
|
|
Ce n'est pas un mince paradoxe de voir un film soviétique de 1964 présenté dans la sélection officielle française au Festival de Cannes 2003. Ni de le voir annoncé comme inédit, alors qu'il avait été diffusé par ARTE le 12 mai 2000 (et qu'il existe en DVD zone 1). De quoi s'agit-il? Au départ d'un film de propagande, dans la lignée des épopées du réalisme soviétique. Mikhaïl Kalatozov, le réalisateur, dont on connaît surtout le "Quand passent les cigognes", de 1957, a voulu retracer l'aventure de l'avènement du castrisme à travers des destins individuels pris dans les tourmentes de l'Histoire. Mais le film va bien au-delà de son propos. Plein de trouvailles visuelles géniales et d'un souffle épique hors du commun, c'est avant tout un hymne au peuple cubain, une ode à Cuba, personnage principal du film, comme l'annonce le titre et la voix off qui débute l'œuvre. Interdit aux États-Unis, rejeté par les Soviétiques et par les Cubains, Soy Cuba sera redécouvert en 1992 par les Américains (Ford Coppola et Scorsese), puis adopté maintenant par l'Europe. Étrange destin pour une réalisation ignorée pendant des décennies et en qui certains voient maintenant un sommet de l'histoire du cinéma. Juste réparation pour celui qui voulait dépasser son maître Eisenstein? |